Une nouvelle série culte en version dessinée
Depuis son lancement sur la BBC en 2010 et en l’espace de 15 épisodes d’1h30 seulement,Sherlock s’est imposée comme l’une des séries-phares des années 2010 grâce à un scénario formidablement affûté et la performance du charismatique Benedict Cumberbatch dans la peau d’un Sherlock Holmes dont le génie et l’obsession du détail confine à l’autisme. Le duo qu’il forme avec Martin Freeman, pragmatique dans le rôle du Dr Watson, est également l’un des plus marquants proposés par la télévision britannique de mémoire récente, en compagnie de ceux formés par les différents Dr. Who et leurs coéquipières.
Il n’est donc pas étonnant que, à l’instar de plusieurs franchises à succès, la série ait droit à une adaptation en bande-dessinée et plus précisément, dans le cas présent, en manga. Après tout, Sherlock est une série au fort coefficient geek, qui plaît également beaucoup à la jeune génération, filles et garçons confondus. Ce premier tome, approuvé par les créateurs de la série et publié aux éditions Kurokawa, reprend de manière fidèle la trame du tout premier épisode, imaginée par les créateurs de la série, Mark Gatiss et Steven Moffat, sur des dessins de Jay, dont il s’agit de la première publication sous ce nom. Si le manga est paru au Japon en 2012, la diffusion récente de la saison 4 de la série était l’occasion idéale pour faire découvrir cette adaptation dessinée au public français.
Une adaptation classique mais visuellement réussie
Alors certes, Une vie en rose part avec un inévitable handicap aux yeux des fans de la série puisque le fait qu’il ne s’agisse « que » d’une adaptation d’un épisode préexistant peut faire apparaître cette entreprise comme un peu vaine, et avant tout commerciale, ce qui n’est pas dénué de fondements. De nombreux spectateurs auraient par exemple apprécié, dans une veine marketing similaire, se voir proposer une aventure inédite se déroulant entre les épisodes ou les différentes saisons, chose courante dans les romans poches de nombreuses licences. Cependant, malgré ces réserves, cette version manga, au-delà du fait qu’elle permettra à certains jeunes lecteurs de découvrir la série télé, possède également une qualité non négligeable : celle de se réapproprier l’univers de l’oeuvre de Gatiss et Moffat à travers un découpage efficace et plutôt inspiré qui se distingue de la réalisation originelle et respecte les caractéristiques et codes propres au manga. On retrouve ainsi une lecture de droite à gauche — et non de gauche à droite comme cela est parfois le cas dans certaines collections éditées en France et destinées aux adolescentes — et une identité visuelle qui n’est pas sans évoquer, dans son style global et sa mise en page, un manga culte tel que City Hunter de Tsukasa Hojo.
L’ensemble est donc parfaitement lisible et accrocheur, avec des personnages dont le physique emprunte celui des célèbres acteurs de la série. Seul petit reproche : l’apparence de l’un des policiers se distingue trop peu de celle de Watson, ce qui peut se révéler perturbant de prime abord et gêner brièvement la lisibilité de l’un des passages, sur la scène de crime. Pour le reste, Sherlock, tome 1 : Une étude en rose s’avère un honnête travail d’artisan, classique mais bien ficelé, respectant à la lettre les dialogues de la série tout en insufflant une certaine personnalité dans la mise en images et le découpage très dynamique. Un livre à recommander aux aficionados de la série donc, comme aux adolescents amateurs de mangas qui aimeraient la découvrir.
Sherlock tome 1 : Une étude en rose de Steven Moffat, Mark Gatiss (scénario) et Jay (dessin), éditions Kurokawa, sortie le 9 février 2017, 228 pages. 12,60€