Caractéristiques
- Auteur : John Layman, Christopher Mooneyham
- Editeur : Wetta
- Collection : Replay
- Date de sortie en librairies : 26 octobre 2017
- Format numérique disponible : Non
- Nombre de pages : 104
- Prix : 24,95€
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- Note : 8/10 par 1 critique
Un comics qui assume son concept décapant
Après deux albums qui ont su se hisser au rang de bons crossovers (retrouvez nos articles ici, et là), voilà que le plus redoutable des juges s’embarque dans un troisième et dernier combat, histoire que même ces fichus extraterrestres respectent enfin la loi. Paru chez l’excellente maison d’édition Wetta (Aliens : Solitaire, Affreusement Vôtre), Judge Dredd / Aliens / Predator : Extermination est pensé comme une apothéose, le point final d’un concept totalement barge, décomplexé et vivifiant. Alors que les deux licences provenant du cinéma sont entrain de passer chez Disney (la World Company, c’est maintenant), promettant de futures itérations annuelles qui, bien évidemment, annihileront tout le charme de ces légendes de l’horreur et de l’action, le comics nous rappelle à quel point ces bestioles auront été une matière première importante pour les fans de culture de genre.
Dans les Terres Maudites autour de Mega-City One, c’est la boucherie party de l’année ! le Dr. Reinstöt, savant fou notoire, a mis la main sur de l’A.D.N. de xénomorphe, et la bande de mutants asservis qu’il a créé vient de capturer un Predator. Judge Dredd vient bientôt toquer à la porte de son laboratoire, avec la ferme intention de l’exploser à coup de Lawgiver, lui et ses créatures Aliens. Alors qu’une orgie apocalyptique va débuter, la question se pose : Qu’est-ce qu’un Predator vient à nouveau faire ici ?
L’histoire de Judge Dredd / Aliens / Predator : Extermination se vit tout autant comme un prétexte que comme une véritable ode aux trois personnages invoqués. Prétexte car l’auteur, John Layman (Chews) ne recule jamais devant la possibilité de faire passer le récit derrière l’action bien grasse. Étant donné que cette dernière est particulièrement savoureuse, bourré de moments gores et énergiques, on ne peut qu’adhérer. Mais il serait injuste de faire croire que ces instants particulièrement fous forment le seul intérêt de ce comics. S’il fonctionne aussi bien, c’est grâce aux différentes situations, et à l’envie de l’auteur de nous plonger dans une œuvre référentielle et pulp juste ce qu’il faut. On pense évidemment à L’Île du Docteur Moreau, tant le Dr. Reinstöt en utilise les fondements.
Un récit décomplexé, prétexte à des situations bien funs
Judge Dredd / Aliens / Predator : Extermination est aussi l’occasion, pour John Layman, de s’amuser, voire même de balancer une grosse salve de Lawgiver en pleine poire de notre époque. L’un des antagonistes, l’Archevêque Emoji, sorte de robot dont la tronche-écran balance des « MDR », « LOL » ou « @+ », apporte une dose d’humour non négligeable. Généreux en diable, ce comics sait aussi ne pas se perdre dans ses propres ramifications. Les trois personnages cultes sont, ainsi, utilisés à bon escient, dans un récit qui se tient grâce à sa légèreté. Les aliens sont attachés au rôle de menace supérieure, ce qui ne s’avère pas surprenant… mais pouvait-il en être autrement ? Non, tout comme la figure du Predator est indissociable de celle d’un chasseur redoutable. Dredd est aussi fidèle à son concept, balançant des punchlines et des peines en iso-cube sans aucun scrupules. Il est, par ailleurs, la grande réussite de cet album, prouvant à quel point cette figure légendaire garde son charme intact, malgré les années qui passent.
Quant aux dessins, ils sont signés Christopher Mooneyham (Five Ghosts), et son talent pour imposer une tonalité pulp est indissociable de la réussite qu’est Judge Dredd / Aliens / Predator : Extermination. Le découpage apporte un sacré impact, et sa façon de penser la mise en scène permet une très bonne lisibilité. Aussi, on sent qu’il se fait plaisir avec certains aliens, mais on ne peut pas trop vous en dire plus, au risque de spoiler. Sachez, simplement, que les infinies possibilités du xénomorphe, qui ne semblent pas être une priorité dans les dernières itérations cinématographiques (il faut revoir Alien Covenant pour s’en convaincre), sont ici mieux mises en valeur, du moins dans l’intention.
On soulignait, en introduction, la qualité de la maison Wetta. Ce n’était pas pour rien, car Judge Dredd / Aliens / Predator : Extermination rappelle à quel point elle prend soin de livrer des albums de qualité. L’édition hardcore se présente dans un format parfait pour que les planches puissent bien s’exprimer, et la couverture attire le regard au premier coup d’œil. La qualité du papier est satisfaisante, et l’impression (en couleurs) est au niveau. Il fallait bien ça pour mettre en valeur ce spectacle bourrin, gore, fun et rigolard.