Caractéristiques
- Traducteur : Alexandra Bigaignon
- Auteur : Pierre Gobinet
- Editeur : Seuil
- Collection : Cadre Noir
- Date de sortie en librairies : 4 avril 2019
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 352
- Prix : 20€
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- Note : 3/10 par 1 critique
Paru aux éditions Seuil, Nitrox intrigue de par son titre, mais également par sa belle couverture représentant des fonds marins et ce qui s’apparente à une jeune femme assise sous l’eau. Lorsque l’on se penche un peu plus sur l’auteur, on comprend mieux : Pierre Gobinet est un ancien de Saint-Cyr passionné de plongée sous-marine, tout comme le héros de son premier thriller.
Un changement de vie radical
Nash Gopler est un capitaine de gendarmerie basé à Dunkerque. L’ancien saint-cyprien s’ennuie dans une vie qui n’est pas celle dont il rêvait et décide donc de quitter l’armée pour sa passion : la plongée sous-marine. Après des semaines de bataille avec son supérieur, il obtient un accord pour partir faire une formation de maître plongeur, à la condition que ce soit dans un centre imposé. Lui qui rêvait de l’eau turquoise des Bahamas a atterri à Cannes avec comme consigne de garder l’œil ouvert.
Commence alors une formation intensive en compagnie de José, brésilien charmeur, Anatoly, russe au passé douteux et Samar, impénétrable beauté libanaise. Après l’obtention de leur diplôme, les 4 camarades décident d’aller fêter cela : si le début de soirée se passe à merveille pour Nash, tout s’obscurcit lorsqu’un homme masqué à mobylette essaye de le tuer. A sa sortie d’hôpital, Samar a disparu, à son grand regret. Il obtient un poste de maître plongeur dans une station balnéaire d’Egypte où il retrouvera un ancien ami de plongée. Il y retrouvera également Samar, ou tout du moins son fantôme…
Un roman semi-biographique
L’évidence saute aux yeux dès lors que l’on met en parallèle la biographie et le résumé de Nitrox : Nash est une version romancée d’une partie de la vie de Pierre Gobinet. Même parcours militaire à la prestigieuse école Saint-Cyr, même passage dans la gendarmerie, même passion/reconversion pour la plongée sous-marine.
On devine en Nash un personnage plus bourru que ne l’est l’auteur, à l’image des reconvertis de l’armée ayant du mal à se faire une place dans la vie civile, tout en s’efforçant de laisser derrière eux leurs envies d’aventure et d’action. Le personnage principal ressemble pour beaucoup à un cliché de film d’action hollywoodien : solitaire mais pas trop (il a de fidèles alliés où qu’il aille), indiscipliné mais suivant malgré tout des règles, irrévérencieux mais surtout avec les minorités… Celui qui avoue s’appeler en réalité Narses (celui qui triomphe en grec) est loin d’être d’un personnage sympathique.
Un sous San-Antonio
La deuxième évidence est que… n’est pas Frédéric Dard qui veut. Au-delà de Nash qui se veut indomptable, les personnages secondaires ne sont pas en reste côté cliché, certains passages mettant même mal à l’aise. Tout d’abord, les compagnons de plonge : le brésilien gigolo de la cougar cannoise blonde peroxydée, le russe évidemment ancien mafieux qui a toujours sa flasque de vodka, la méditerranéenne aussi froide que belle…
Tout cela n’est qu’un début puisque l’on retrouve par la suite un patagonien ancien pilote qui a transporté de la drogue, un égyptien, simple et toujours heureux, dévoué à en risquer sa vie pour aider Nash même si cela ne le regarde pas. Le point d’orgue est atteint lorsque deux élèves de plongée asiatiques sont décrits comme « Chen et Changchang, un couple de demi-portions chinois de Tianjin ». Bien que l’on puisse penser que cela relève du caractère beauf et raciste du personnage et que cela ne représente pas la pensée de l’auteur, le tout est fait avec tellement d’indélicatesse que cela a du mal à passer.
Malheureusement pour Nitrox, le style d’écriture ne remonte pas les faiblesses des personnages. Beaucoup de passages de description de plongée sont inaccessibles aux néophytes, de même les nombreuses références musicales tombent à plat, le contenu du texte ne donnant pas envie d’aller découvrir la bande-son proposée. Enfin, l’insertion de données géopolitiques réelles (l’immolation de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid, les manifestations qui amèneront le départ d’Hosni Moubarak…) est sans importance, leur absence n’aurait que très peu changé le récit.
L’intrigue en elle-même n’est pas mauvaise, mais le début est long à se mettre en place et on reste frustré quant à la fin. Les fans de plongée peuvent lire le premier roman de Pierre Gobinet, les autres pourront se tourner vers un autre polar.
*Il convient de souligner que, bien qu’écrit par un Français, Nitrox a été rédigé en anglais et traduit par la suite.