Le 17 novembre, un jury composé de policiers, de magistrats et de journalistes a décerné le Prix du Quai des Orfèvres 2016 à Lionel Olivier pour Le crime était signé, un polar aux multiples rebondissements sur fond d’homophobie.
Un polar réaliste
Açelya Bozkir, une jeune fille de 16 ans d’origine turque est retrouvée morte dans le coffre d’une voiture abandonnée au milieu d’un cimetière. Sur le corps, on retrouve une mèche de cheveux appartenant vraisemblablement au tueur. Lorsqu’il est appelé sur les lieux, Quentin Fergeac, commandant de police à la Brigade Criminelle, s’étonne qu’on lui demande de se pencher, avec son équipe, sur une enquête d’apparence aussi simple. Mais, très vite, les choses se compliquent lorsque l’on apprend la disparition de l’une de ses camarades de classe. Au fil des interrogatoires et des perquisitions, les pistes vont se multiplier au fur à mesure que se révèlent les secrets des adolescentes et, en particulier, leur orientation sexuelle.
Dans son cinquième roman, Le crime était signé, Lionel Olivier suit donc les policiers du 36 Quai des Orfèvres dans leurs investigations. L’auteur, ancien commandant de police lui-même, propose à ses lecteurs une plongée dans le quotidien des forces de l’ordre. Il va même jusqu’à se pencher sur des problématiques très actuelles comme la réforme du système judiciaire et des conditions de garde à vue. Il s’attache également à mettre en avant le détail des procédures et les difficultés administratives auxquelles les enquêteurs sont confrontés tous les jours. Il décrit, par exemple, comment une jeune policière met tout en œuvre pour faire « parler » un témoin sourd et muet. Cette précision révèle la volonté de l’écrivain de donner à voir la réalité d’un métier que certains dénigrent alors que d’autres l’idéalisent.
Un scénario de film
Cependant, l’histoire n’échappe pas à certains clichés des romans et films policiers. On retrouve ainsi le commandant, hanté par un passé douloureux, et à qui cette enquête rappelle de mauvais souvenirs, ou bien l’unique femme du groupe qui adopte une attitude et un style vestimentaire androgynes pour s’imposer dans un milieu essentiellement masculin. Des personnages qui rappellent ceux du film Polisse de Maïwenn. De plus, dans l’écriture même du roman, l’auteur reprend les codes des scénarios de films et de séries policières. Ainsi, le récit alterne les chapitres consacrés à l’enquête et des scènes décrivant le calvaire de la victime. L’écrivain insère également de nombreux flashbacks, notamment pour évoquer les souvenirs de certains personnages. Ces procédés donnent l’impression de lire un livre prêt à être adapté pour le cinéma ou la télévision. On imagine déjà le long-métrage réalisé par Olivier Marchal avec Gilles Lellouche ou même Joey Starr dans le rôle principal.
Le crime était signé est donc un polar agréable à lire et efficace qui maintient le suspense jusqu’à la fin mais qui se cantonne aux caractéristiques habituelles du genre sans apporter de réelle nouveauté. A conseiller aux fans de romans noirs.
Le crime était signé de Lionel Olivier, Fayard, novembre 2015, 353 pages, 8,90 €