Un début de huitième saison qui donne déjà bien des satisfactions
A l’occasion de sa huitième saison sous forme de manga, nous abordons pour la première fois l’imposante série Jojo’s Bizarre Adventure, une licence très forte dans l’univers de la bande dessinée japonaise. Si le titre a pris son temps pour s’imposer en France depuis l’année 2000, après que les puristes aient bien fait le travail avec la passion qu’on leur connaît, la série en impose quand on rappelle que ses premières esquisses remontent à décembre 1986. On retrouve l’univers très spirituel d’Hirohiko Araki pour une huitième saison, sous-titrée Jojolion, faisant suite à la très appréciée septième (Steel Ball Run).
Steel Ball Run proposait un véritable renouveau de la série Jojo’s Bizarre Adventure, en abordant un monde parallèle que personne n’avait vu venir. Jojolion reprend le même concept, en plaçant l’intrigue dans la ville de Morio, dévastée par un énorme tremblement de terre. Depuis cette soudaine catastrophe, le lieu désolé est victime d’un phénomène pour le moins bizarre : l’apparition d’une sorte de grande muraille, que les habitants baptisent « Murs aux yeux ». On s’intéresse de plus près à Yasuho, une étudiante qui, alors qu’elle se trouve à proximité de cet étrange édifice, trouve le corps d’un jeune homme nu, à moitié enseveli. Celui-ci a perdu la mémoire, et c’est ici que débute une quête dans le but de retrouver son identité, et celle-ci redoublera de mystère quand il s’apercevra qu’il possède un certain pouvoir. Bien entendu, cette situation rappellera au lecteur la terrible catastrophe de Fukushima, dont le Japon ne s’est pas encore réellement remis. Un fondamental important donc, et on attend de voir dans quelle direction cela va aller, surtout dans le développement de la réflexion.
Ce premier tome de Jojolion a le don de faire naître un certain mystère, et si les fans de Hirohiko Araki savent que l’auteur est passé maître dans l’art de se remettre en question, on n’attendait pas qu’il joue des propres codes de la série qu’il conçoit depuis tant d’années. Si l’on peut s’imaginer que le « Jojo » de l’histoire est ce marin amnésique, ce tout début de nouvelle saison aime à jouer de cette certitude afin, notamment, de créer un suspens bien vu. Les personnages, leur quête, seront clairement l’intérêt numéro un de cette huitième saison, et tant mieux : leur écriture est tout bonnement excellente.
It’s me Morio
Si l’on retrouve avec plaisir la ville de Morio, le lieu de l’action de la très appréciée quatrième saison, Hirohiko Araki nous annonce pourtant qu’il n’y a aucun lien avec Jojolion. Le petit futé fait tout de même en sorte que le lecteur soit très attentif à tout les lieux que l’on traverse, et les amateurs éclairés feront quand même le lien avec le nom d’un personnage qui rappellera furieusement celui d’un certain antagoniste (mais chut, on vous en laisse la surprise de la découverte). Mais le scénario fait passer ces (plus que) clins d’œil au second plan, et après une introduction abrupte le lecteur sera surpris de découvrir assez promptement le pouvoir du jeune homme. Ce Stand, qui apparaît rapidement dans l’intrigue, sera d’une grande aide puisqu’il aidera très vite notre amnésique dans un combat à la mis en scène déjà impressionnante.
Côté dessins, ce premier tome de Jojolion démontre à quel point Hirohiko Araki a progressé depuis la saison Stone Ocean. Le travail sur les expressions et sur le mouvement des personnages est encore plus puissant, et même ses fonds semblent s’affiner un peu. L’auteur est clairement au meilleur de sa forme, et cela se ressent fortement pendant la séquence du combat, énergique en diable. Jojolion part donc sur des chapeaux de roues, en distillant pas mal d’informations et en ne ménageant pas spécialement le lecteur sur la masse d’indices qu’il reçoit dès les toutes premières pages. Signalons que l’on est désormais à jour avec la parution japonaise, et Jojolion tome 2 est prévu pour début 2017 : le rendez-vous est pris !
Jojo’s Bizarre Adventure S8 : Jojolion T1, un manga écrit et illustré par Hirohiko Araki. Aux éditions Delcourt Tonkam, 256 pages, 6.99 euros. Sortie le 9 novembre 2016.