Caractéristiques
- Auteur : Daniel O'Malley
- Editeur : Super 8
- Date de sortie en librairies : 1er juin 2017
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 880 pages
- Prix : 23€
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 8/10 par 1 critique
Une suite qui surprend agréablement
2015. Parmi les quelques bons livres parus cette année, quelques uns auront réussi à survire à l’oubli. The Rook : au service surnaturel de Sa Majesté est sans aucun doute de ceux-ci. Belle petite pépite d’humour so british, couplée à une véritable maîtrise de la pop culture. On y voyait du Men In Black, du X-Men, du X-Files, le tout à la sauce anglaise. Un roman à dévorer, véritable page turner dont l’univers prometteur ne pouvait que se prolonger dans autant de suite que l’auteur peut se le permettre. C’est ainsi que les éditions Super 8 (chez qui vous trouverez aussi l’excellent Captifs) sortent la suite, intitulée Agent double.
Dans l’univers d’Agent double, deux organisations secrètes, la Checquy et les Greffeurs, potentiellement ennemies, sont forcées d’unir leurs forces. Afin d’arriver à conclure les accords, en passant outre un ressenti profondément installé, Myfanwy Thomas est envoyée au cœur des négociations. Elle va devoir la jouer fine, car les Antagonistes tentent par tous les moyens de faire capoter la bonne affaire. Très vite, les problématiques vont se multiplier, et le fantastique va réserver quelques moments de terreurs… et de fous rires.
Ce qui attire tout de suite l’attention, dans cet Agent double, c’est l’épaisseur du récit : 880 pages. On ne peut pas écrire que l’australien Daniel O’Malley y a été de main morte, mais cela se justifie amplement par la nature même de ce roman. En tant que suite, cette seconde itération d’Au service surnaturelle de Sa Majesté se devait de développer l’univers, et c’est chose faite. On va au cœur du conflit larvé, ici entre la Checquy et les Greffeurs, avec pour chacune des officines un personnage qui devient principal. C’est là une grande différence avec The Rook : Myfanwy Thomas n’est plus le seul protagoniste que l’on suit au plus près. D’ailleurs, sachez qu’on ne la retrouvera qu’après une introduction de presque cent pages, c’est dire si l’auteur prend des risques. Et, même une fois conviée, l’héroïne restera un peu en retrait.
Un délire so british
Même si l’intention peut surprendre, elle paie. Car Agent double perd en fan service ce qu’il gagne en crédibilité de l’univers. Certes, la tonalité est toujours au débordement délirant, mais Daniel O’Malley maîtrise cela d’une main que l’on peut qualifier de maître. On écrivait à propos d’une longue introduction, sachez qu’elle n’a rien de lourdingue pour autant. En effet, la découverte du duo qui va, très nettement, nous intéresser tout au long du récit, est un plaisir de tous les instants. Odette et Felicity compose un duo pas du tout homogène, et c’est justement ce qui en fait son charme : il permet à l’ensemble de se trouver une ambiance pêchue, qui restera en mémoire, et ce malgré quelques petits regrets. Attention cependant, on conseille d’avoir lu The Rook juste avant car, même si les références ne sont pas si nombreuses, il est préférable de connaître préalablement les quelques règles qui régissent cet univers.
Agent double est un véritable pavé, et si la globalité du récit motive un tel nombre de pages, on ne peut s’empêcher de ressentir, à de rares exceptions certes, quelques longueurs. C’est le cas en plein milieu de cheminement, même si ces quelques petits ralentissements du rythme ne durent jamais bien longtemps. L’auteur a le chic pour trouver l’occasion de faire intervenir le surnaturel, et c’est sans doute la plus belle des réussites de cette série : personne ne peut prévoir ce qu’il va se passer. Seul Daniel O’Malley a les clés, et s’il vous laisse entrer au cœur de son intrigue c’est pour mieux qu’elle vous happe. On aime son style, énergique, drôle, facile mais jamais simpliste, parfois plus pince-sans-rire que dans The Rook. Agent double n’a rien de la suite un peu obligée, dictée par un succès populaire surprenant. Et c’est là ce qu’on désirait le plus.