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[Critique] Louis de Funès, la traversée du siècle – Mathieu Geagea

Caractéristiques

  • Titre : Louis de Funès : La traversée du siècle
  • Auteur : Mathieu Geagea
  • Editeur : Editions Privat
  • Date de sortie en librairies : 21 septembre 2023
  • Format numérique disponible : Non
  • Nombre de pages : 250
  • Prix : 18,90 euros
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 8/10

Et si De Funès m’était conté

Les éditions Privas nous gratifient d’un nouvel ouvrage intitulé Louis de Funès : La traversée du siècle avec une préface de Laurent de Funès.
Aborder la vie de ce monstre sacré du cinéma français constitue à la fois un risque et une facilité. Une facilité parce que ce personnage continue encore aujourd’hui au 21e siècle à nous fasciner et à nous faire rire, mais une difficulté car, justement, on ne peut pas dire que ce sera la première fois qu’un ouvrage lui est consacré.

La question qui se pose est donc : y a-t-il encore vraiment quelque chose à raconter sur ce comique de légende ? Lorsqu’on compulse l’ouvrage de Mathieu Geagea, on est tenté de répondre par l’affirmative, car le travail de documentation effectué par l’auteur est ahurissant. Débutant par son enfance et la description de son entourage familial, le récit va parcourir chaque étape de sa vie tout en décrivant avec moults détails et anecdotes chaque événement (guerre, mariage, métiers et cinéma, surtout) qui ont contribué à forger cette légende du cinéma.

Des vaches maigres à la célébrité

Découpé en plusieurs périodes de sa vie depuis sa naissance en 1914 jusqu’à son décès en 1983, on parcourt l’histoire de France à travers la vie d’un seul homme qui a contribué à son patrimoine artistique et servi de miroir à son évolution en incarnant souvent la rigueur et la morale (cf. Le brigadier Cruchot de la saga des Gendarmes de St-Tropez) qui s’effaçait lentement au profit d’une nouvelle génération davantage portée sur l’envie de s’amuser que de travailler.

On commence assez naturellement avec le Louis de Funès anonyme, le petit artiste bourré de talent (il était pianiste, notamment), mais que personne ne remarque. Une période de sa vie particulièrement intéressante parce que extrêmement méconnue, qui nous permet de prendre conscience combien sous l’apparence du petit homme qu’il était physiquement (il a été réformé au service militaire) se cachait un grand personnage aussi travailleur que déterminé.

De cette lente progression allant de très petits rôles de figuration jusqu’à des rôles tertiaires puis secondaires jusqu’à sa consécration, on s’amuse à noter le nombre d’artistes (pour la plupart déjà célèbres) avec qui il tourne à cette époque comme Jean Marais, Bourvil ou Claude Gensac, pour ne citer qu’eux tant la liste est longue. Aucun d’entre eux ne se doute à l’époque qu’un jour le nom de De Funès sera accolé aux leurs.

Un nom désormais vendeur

Alors que Louis de Funès aborde la cinquantaine et possède déjà dix-huit ans de carrière à son actif, il devient l’icône comique de toute une génération qui continue encore aujourd’hui à perdurer. Cette seconde partie, toujours ponctuée d’anecdotes et de parallèles avec le contexte politique de l’époque, pourrait en apprendre, même à ceux qui pensent bien connaître l’artiste.

A dire vrai, c’est peut être le seul défaut qu’on pourrait reprocher à l’ouvrage de Mathieu Geagea : son excès d’informations, au point qu’on a parfois le sentiment que l’auteur chronique des films avec De Funès dedans plutôt qu’il ne parle du personnage lui-même. Certains des parallèles effectués entre l’artiste et le contexte historique, qu’il soit social ou autre, sont d’ailleurs en dent de scie : parfois ils s’avèrent judicieux et apportent un éclairage nouveau sur De Funès, et parfois ils sont un peu trop tirés par les cheveux.

Néanmoins, ces légers points noirs ne gâchent pas trop notre plaisir, en particulier sur cette seconde partie de l’ouvrage où l’auteur aborde ses films les plus connus, nous replongeant des dizaines d’années en arrière dans une France qui avait retrouvé sa joie de vivre après les années sombres.

Les artistes ne meurent jamais

C’est sur cette maxime servant de titre à notre conclusion que se termine également Louis De Funès : La traversée du siècle. Un très bon choix, qui prend tout son sens quand on parle d’un tel artiste. Cependant, son succès, comme l’illustre très bien l’ouvrage, semblant lié à l’époque des Trente Glorieuses, son crépuscule le sera aussi, principalement à la suite d’une attaque qui le laissera aminci et diminué.

L’artiste nous gratifiera néanmoins encore par la suite de plusieurs grands films (L’aile ou la cuisse, L’avare…) et s’éteindra avant que ne commence une période d’austérité sous l’égide de Mitterrand (dont il fut un adversaire farouche).

Si l’artiste lui-même ne cesse de nous manquer, son héritage perdure à jamais et ses compositions ont amusé des générations entières jusqu’à nos jours. C’est donc avec une profonde émotion que nous refermons cet ouvrage et que nous le gratifions de nos sincères remerciements, car il contribue à rendre Louis de Funès immortel et à travers lui, une certaine idée de la France.

Article écrit par

Depuis toujours, je perçois le cinéma, certes comme un art et un divertissement, mais aussi et surtout comme une porte vers l'imaginaire et la création. On pourrait dire en ce sens que je partage la vision qu'en avait Georges Méliès. Avec le temps, de nombreux genres ont émergé, souvent représentatifs de leurs époques respectives et les bons films comme les mauvais deviennent ainsi les témoins de nos rêves, nos craintes ou nos désirs. J'ai fait des études de lettres et occupé divers emplois qui jamais ne m'ont éloigné de ma passion. Actuellement, sous le pseudonyme de Mark Wayne (en hommage à l'acteur John Wayne et au personnage de fiction Bruce Wayne alias Batman), je rédige des critiques pour le site "Culturellement Vôtre". Très exigeant dans ma notation des films, en particulier concernant le scénario car c'est la base sur lequel aucun bon film ne peut émerger s'il est bancal ou pour le moins en contradiction avec son sujet. Je conserve une certaine nostalgie d'une époque qui me semble (pour l'instant) révolue où le cinéma ne se faisait pas à base de remakes, intrigues photocopiées et bien-pensance. Néanmoins, rien n'entame mon amour du cinéma, et chaque film que je regarde me le rappelle, car bons ou mauvais, ils restent le reflet de notre époque.

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