
Halloween approche à grands pas (retrouvez notre dossier spécial) et le 1er novembre permettra également aux lecteurs voraces de jouer les prolongations. A cette occasion, la rédaction de Culturellement Vôtre vous propose sa sélection de livres à dévorer…
Lucie Lesourd
Halloween n’est pas toujours synonyme de peur pure. C’est aussi une saison d’ambiances feutrées, de lumières tamisées et de lectures où se mêlent mystère, nostalgie et frissons. Voici trois romans, pour tous les âges, à lire sous un plaid à la lueur d’un feu de cheminée…
Agence Perdido — Victor Dixen
La jeune Lucy voit sa vie bouleversée par la disparition inexpliquée de sa mère. Envoyée chez sa tante Doris, elle rencontre l’étrange Rita Perdido, fondatrice d’une agence de « retrouvage ». Lucy apprend alors qu’elle appartient à une lignée rare, capable de pénétrer dans les Oubliettes, une dimension où se perdent objets, souvenirs… et parfois des êtres humains. Convaincue que sa mère a été enlevée par un croquemitaine, elle se lance à sa recherche.
Victor Dixen livre un premier tome de saga haletant, foisonnant de mystères et de créatures fantastiques. À la croisée du conte noir et du roman d’aventures, Agence Perdido tisse une mythologie fascinante où la peur et la magie s’entremêlent. Addictif et richement construit, c’est une lecture idéale dès 11 ans, à déguster de préférence avec un bon lait à la citrouille.
Une cosmologie de monstres — Shaun Hamill
Difficile d’en parler sans trop en dire : Noah Turner, le narrateur, retrace la vie de sa famille de 1968 à 2013, marquée par le deuil, les secrets et la présence diffuse de créatures venues d’ailleurs. Entre drame intime et surnaturel, le roman mêle l’émotion d’une saga familiale à la terreur d’un cauchemar lovecraftien.
Shaun Hamill y déploie une écriture d’une grande sensibilité, à la fois poétique et dérangeante. L’horreur y prend racine dans l’attachement que l’on éprouve pour les personnages, et c’est justement ce réalisme émotionnel qui rend leurs peurs si tangibles. Une œuvre troublante, mélancolique et d’une beauté sombre, qui rappellera aux amateurs de séries comme The Haunting of Hill House que la véritable épouvante naît souvent du chagrin et de la perte. Disponible en poche
Le Signal — Maxime Chattam
La famille Spencer s’installe à Mahingan Falls, charmante bourgade de la Nouvelle-Angleterre. Un décor idyllique, jusqu’à ce que d’étranges phénomènes se multiplient. Rumeurs de sorcellerie, appels téléphoniques stridents, ombres inquiétantes dans la forêt et crimes sanglants…
Avec Le Signal, Maxime Chattam livre une fresque horrifique à l’américaine, hommage assumé à Stephen King. Une lecture frissonnante et immersive à l’ambiance brumeuse et à la tension croissante. Addictive et attachante, cette histoire d’adolescents, de ténèbres et de courage est un compagnon parfait pour les fraiches soirées d’automne. Edition poche disponible ici
Cécile Desbrun
Bunny – Mona Awad
Publié en 2019 en anglais, Bunny de Mona Awad, succès critique et public ayant donné lieu à une suite, a débarqué en France ce mois-ci, juste à temps pour Halloween. Roman baroque à mi-chemin entre Alice au pays des merveilles, Black Swan, Fatal Games (Heathers en VO) et Mean Girls, il s’agit tout autant d’une satire sociale en fac littéraire et d’un récit initiatique que d’un conte horrifique de plus en plus psychédélique à mesure que l’histoire progresse et que l’héroïne s’enfonce dans ses peurs plus ou moins conscientes en suivant le groupe des « bunnies », des filles à papa snobinardes, en lieu et place du lapin blanc.
Le roman fait la critique d’un certain conformisme culturel et social, tapi derrière des atours séduisants. En ce sens, si l’histoire se déroule dans un programme littéraire élitiste et très compétitif, il aurait tout aussi bien pu se passer en école d’art. Dans cet univers particulier, le groupe de filles que méprise (et jalouse un peu) l’héroïne, Samantha Heather Mackey, avant de tenter de s’y intégrer, se pare de références littéraires et philosophiques qu’elles citent à longueur de temps comme d’autres revêtiraient une armure : il s’agit avant tout d’un habit social pour briller en société et face à leurs pairs plutôt qu’une véritable appétence pour la littérature ou un désir artistique. Face à elles, Samantha, qui est brillante mais ne fait pas partie du même « monde », tente en vain de s’adapter, avec des résultats dramatiques pour son équilibre psychologique. Le roman commence ainsi par la satire avant de glisser peu à peu, avec un brio certain, vers l’horreur psychédélique.
L’œuvre n’est pas exempte de défauts et parfois un peu facile dans ses clivages, mais on l’accepte car nous sommes dans la tête de l’héroïne, qui est aussi la narratrice, d’un bout à l’autre. L’autrice a également le bon goût de ne pas céder à la facilité du « tout ça n’était qu’un rêve ou un délire » du personnage principal. Le mélange des genres au sein du roman est bien géré pendant les 3/4 du livre. On regrettera en revanche que Mona Awad en fasse beaucoup sur les 100 dernières pages et tire trop en longueur là où elle aurait gagné en efficacité sans perdre en substance en faisant moitié plus court. Il n’en reste pas moins que Bunny est une idée de lecture plaisante et originale pour Halloween.
L’arbre d’Halloween – Ray Bradbury
L’auteur américain Ray Bradbury est principalement connu pour ses romans de science-fiction comme Chroniques martiennes (1951) ou encore Fahrenheit 451 (adapté au cinéma par François Truffaut en 1966), qui ont accédé au rang de classiques du genre. Mais l’une de ses œuvres les plus accessibles et attachantes, L’arbre d’Halloween, est relativement peu connue chez nous – sans doute en raison de l’écart important existant entre sa parution originale en anglais (1972) et sa publication en France, en 1994 seulement.
L’histoire de ce roman jeunesse rappelle l’ambiance de nombreux films fantastiques des années 80 où les héros sont des enfants confrontés à des monstres et autres créatures fantastiques bienveillantes comme malveillantes… En ce sens, le roman de Bradbury a sans doute influencé un certain nombre de réalisateurs. On y suit un groupe d’amis, des collégiens américains dont l’ami Pip disparaît soudainement après des événements étranges au moment d’Halloween. Tom le Squelette apparaît alors au groupe et les emmène dans un grand voyage à travers le temps et l’espace, mais aussi différentes civilisations, à la découverte des origines d’Halloween et du jour des morts. Avec ces questions : leur ami est-il mort, vivant ou entre deux mondes, et parviendront-ils à le sauver ?
Vous l’aurez compris, L’arbre d’Halloween possède une dimension pédagogique qui permettra aux jeunes lecteurs d’en apprendre plus sur les traditions liées à la célébration des défunts au-delà de la dimension fun d’Halloween (costumes, bonbons et films d’horreur) très appréciée des enfants et adolescents. Il s’agit aussi d’une œuvre jeunesse merveilleusement écrite où Bradbury fait une nouvelle fois la démonstration de ses talents de conteur hors pair, mais en se mettant cette fois-ci à la hauteur de jeunes lecteurs – à partir de 10-12 ans en fonction du niveau et des habitudes de lecture. Le plus ? Les adultes appréciant le fantastique et la littérature jeunesse plongeront avec tout autant de plaisir dans l’histoire, qui sait nous rappeler ce que c’est que d’être un enfant fan d’histoires fantastiques à l’imagination débordante, qui s’imagine vivre de grandes aventures grâce à ses œuvres préférées.
Note : disponible en format poche en français, le roman est également disponible dans une belle édition illustrée en anglais pour les lecteurs adeptes de VO.
The Final Girl Support Group – Grady Hendrix
Sorti en 2021 et encore inédit en France et déjà en cours d’adaptation en format série aux Etats-Unis, The Final Girl Support Group du romancier américain Grady Hendrix est la lecture idéale pour les amateurs de slashers anglophiles.
L’histoire repose sur un concept malin et ingénieux, qui fait que toutes les franchises de films d’horreur des années 70 jusqu’à nos jours reposant sur un tueur fou s’en prenant à de jeunes gens sont basées sur des tueries bel et bien réelles. Des tueries qui, systématiquement, ne laissent pour seul survivant qu’une jeune femme, traumatisée et terrorisée, qui se voit du jour au lendemain propulsée à la une des médias et bénéficie à elle seule du droit de regard (et des royalties qui vont avec) afin d’autoriser ou non l’adaptation de son histoire sur grand écran. Toutes ces final girls sont donc des superstars avec des superfans et des stalkers, les condamnant à vivre cachées, de crainte de vivre une suite, c’est-à-dire le retour de leur « monstre » ou d’un autre psychopathe prêt à leur faire la peau. Dans le plus grand secret, elles se réunissent une fois par mois autour du Dr Carol, psychologue renommée spécialisée dans l’aide aux survivantes et aux victimes de traumatisme, le temps d’un groupe de parole.
Lorsque l’histoire commence, le groupe vient d’apprendre que l’une d’elles les a trahies et est en train d’écrire un livre sur leur groupe. Peu de temps plus tard, plusieurs d’entre elles sont ciblées par des attaques ou piégées et arrêtées. Qui se cache derrière ce complot ? Ces événements pourraient-ils sonner la fin des final girls ?
Si le roman de Grady Hendrix nous tient autant en haleine d’un bout à l’autre, c’est que, derrière son concept accrocheur, pop et (vous l’aurez deviné) très référencé, l’auteur a su construire un récit solide et, surtout, des personnages bien développés auxquels on s’attache. Côté références et clins d’œil, les amateurs d’horreur en auront pour leur argent puisque la plupart des histoires de chacune des protagonistes sont inspirées d’un film ou d’une franchise culte facilement reconnaissable. Cependant, Hendrix ne se contente jamais de faire un simple copier-coller de ces films célèbres et son histoire part aussi dans des directions inattendues à plus d’une reprise. Dans la tonalité, on sent clairement l’influence de la série culte Buffy contre les vampires et bien des répliques que le romancier met dans la bouche de ses héroïnes auraient clairement pu être signées par son créateur, Joss Whedon. Cela se ressent aussi par la dimension initiatique du récit (ce qu’appuie d’ailleurs la toute dernière phrase du roman), qui nous montre comment des adolescentes confrontées à l’horreur survivent, grandissent et apprennent à vivre malgré tout en dépassant leurs peurs. Enfin, on saluera la dimension meta (au-delà du concept initial), qui devient apparent dans le dernier acte de l’histoire et permet en filigrane de porter un regard original sur la dimension symbolique des slashers et la place que les femmes occupent dans ce sous-genre particulier, parfois considéré comme creux ou misogyne par une partie de la critique. Edition américaine disponible ici
Your Favorite Scary Movie – Ashley Cullins
Your Favorite Scary Movie : How the Scream films rewrote the rules of horror est, à l’heure d’aujourd’hui, le seul essai complet (uniquement disponible en anglais pour le moment) qui établisse une genèse complète de la saga d’horreur Scream grâce aux témoignages de la plupart des personnes qui ont pris part à sa création à l’exception, bien sûr, du regretté Wes Craven (disparu en 2015) et des frères Weinstein, qui ont produit et distribué les quatre premiers films à travers Dimension Films.
L’autrice, la journaliste américaine Ashley Cullins, est une fan de la première heure de la série de slashers et cela se ressent dès l’introduction, dans laquelle elle parle de son rapport personnel à ces films et de sa découverte du premier volet à l’âge de 12 ans, avant de raconter comment le cinéaste John Carpenter lui a donné confiance pour l’écriture de ce livre. Cela explique sans doute qu’elle ait pu créer un lien de confiance avec la plupart des personnes interviewées – une bonne partie des acteurs bien sûr, mais aussi Kevin Williamson, des producteurs et de nombreux membres des équipes techniques. Ces derniers livrent de nombreuses anecdotes et évoquent en profondeur la production et le tournage des films sans langues de bois. Si l’ambiance était souvent fun et très conviviale sur les tournages, les conflits qui ont entouré l’écriture ou la production de certaines suites ne sont pas mis de côté et abordés avec franchise. Plusieurs membres de l’équipe s’autorisent aussi un regard critique sur certains partis pris (sur le 3, plus particulièrement, qui a aussi ses défenseurs).
Le livre, par ailleurs bien écrit et sans fioritures, est particulièrement complet et une vraie référence pour tout amateur de la franchise. Surtout, qu’il s’agisse de l’auteure ou des différents interviewés, on ressent l’amour de tous pour la saga et pour Wes Craven, auquel le livre rend également un bel hommage. Edition disponible ici
Feeding the Monster – Anna Bogutskaya
Journaliste britannique trentenaire spécialiste du cinéma d’horreur, Anna Bogutskaya livre avec Feeding the Monster: Why Horror has a hold on us un essai à la fois accessible, érudit et passionnant autour du cinéma d’horreur, les raisons qui font qu’il reste encore décrié par une certaine intelligentsia mais, surtout, ce qui en fait la force. L’horreur, sans doute plus que nul autre genre, a permis aux cinéastes depuis les débuts du cinéma d’explorer l’inconscient et nos peurs les plus archaïques et viscérales. Rempli de symboles, il possède une dimension cathartique qui nous permet de ressentir effroi et empathie et de nous confronter (souvent du moins) à nos démons intérieurs pour mieux les dépasser. Pour cette raison, le cinéma d’horreur est souvent entré en résonnance avec l’inconscient de l’époque, permettant d’ausculter et exorciser les peurs de notre société, qu’elles soient liées à des évolutions sociétales (après la Seconde Guerre Mondiale ou au moment de la révolution sexuelle, par exemple) ou bien des traumatismes comme les guerres ou attentats.
L’autrice part de son rapport personnel au genre avant de découper son essai en 5 grandes parties thématiques qui sont autant de ressorts émotionnels et psychologiques sur lesquels joue l’horreur pour nous séduire et nous happer : la peur, la « faim » (au sens littéral et symbolique), l’angoisse, la souffrance et le pouvoir. Bien qu’elle se défende de vouloir dresser une histoire du genre, Anna Bogutskaya n’en demeure pas moins très cultivée et pédagogue en permettant au lecteur, même non amateur ou spécialiste du genre, de comprendre l’évolution du genre à travers le temps, et notamment la manière dont les événements et le climat social et politique (y compris des 10 dernières années) ont nourri le genre, permettant aux films d’entrer en résonnance avec leur temps. Elle se penche également sur la place essentielle des femmes dans l’horreur et, sans nier certaines critiques que l’on pourrait légitimement adresser à certaines œuvres, fait la peau à quelques clichés tenaces en la matière. Une lecture plus que recommandable, pour l’instant uniquement disponible en anglais. Edition brochée disponible ici
Mark Wayne
Fog de James Herbert
Hauteur prolifique principalement connu pour sa célèbre trilogie sur « les rats », James Herbert a également écrit de nombreux autres romans, dont le fameux Fog, paru en 1975 et qui constitue certainement l’un de ses plus impressionnants.
Ce roman fantastique, possédant encore une actualité troublante, aborde la question des accidents chimiques. L’action débute lorsqu’un nuage toxique emprisonné sous terre à la suite d’essais militaires est libéré accidentellement et sème la mort, rendant fous furieux voire suicidaires tous ceux qui le respirent. Les autorités sont dépassées et le seul espoir réside dans un fonctionnaire du ministère de l’Environnement, qui fut l’un des premiers exposés au nuage mortel mais a miraculeusement survécu et s’avère depuis immunisé.
Ce qui est particulièrement intéressant dans les romans de James Herbert, c’est qu’il parvient à insuffler du fantastique à des situations possédant des bases scientifiquement plausibles, comme s’il suffisait d’un rien pour que notre monde cartésien s’effondre par notre proportion à jouer à l’apprenti sorcier. Que ce soit des rats dont l’intelligence évolutive finira par représenter pour nous une menace ou ce fameux nuage qui n’est finalement qu’un essai militaire raté, le danger chez James Herbert peut surgir de n’importe où, et c’est bien dans cette incertitude menaçante que l’auteur trouve toujours le moyen de nous effrayer.
Écrit à une époque où les menaces de ce type faisaient les beaux jours des vidéos club (voir La nuit des fous vivants de Georges Romero en 1973) et continue à perdurer avec une actualité redevenu inquiétante, Fog est parfait pour se faire peur à Halloween sans allumer la télévision. Disponible en édition poche
Démences de Graham Masterton
Autre auteur très prolifique souvent considéré par Stephen King lui-même comme l’un de ses plus grands rivaux, Graham Masterton est l’auteur écossais d’un nombre conséquent de romans de fantastique et d’ horreur, plus particulièrement connu par sa grande saga du Manitou. Néanmoins, d’autres de ses romans méritent le coup d’œil, comme Le jour J du jugement, Les puits de l’enfer, Le démon des morts, et bien d’autres. Cependant, si pour cette sélection d’Halloween on ne devait en choisir qu’un, ce serait certainement Démences (sorti en 1989), qui est pour beaucoup l’un de ses romans parmi les plus aboutis et les plus sombres.
Le livre raconte une histoire effrayante : un jour, 137 pensionnaires d’un asile, tous de dangereux criminels, disparaissent sans laisser de traces. La police ne les a jamais retrouvés, et pour cause : personne n’aurait pu deviner ce qui s’était réellement passé ce jour-là. Plusieurs années plus tard, Jack et son fils découvrent l’ancienne bâtisse et vont être confrontés au pire des cauchemars car, dans les murs de l’ancien asile se cachent la folie et la mort.
Comme le mentionne si bien le slogan de l’ouvrage, « il n’y a que les fous pour croire sérieusement à l’efficacité de la magie noire et les fous furieux pour s’en servir ». Graham Masterton prouve avec ce roman son statut de maître de l’angoisse brutale car son style d’écriture, s’il délaisse souvent la psychologie, n’en reste pas moins doté d’une efficacité et d’un rythme qui le rendent souvent plus facile à adapter au cinéma que les ouvrages de Stephen King. À se demander pourquoi les studios ne se sont pas encore emparés du filon.
Une expérience fantastique idéale pour frissonner à Halloween. Disponible en français en occasion
L’Heure du loup de Robert McCammon
L’heure du loup est un roman d’espionnage et d’horreur américain se déroulant durant la Seconde Guerre Mondiale et écrit par Robert McCammon (Zephyr, Alabama, Swan Song) en 1989.
L’histoire nous présente l’espion britannique Michael Gallatin, qui tente d’empêcher les Allemands de contrecarrer le débarquement allié grâce à une mystérieuse opération secrète nommée « Poing d’acier ». Si beaucoup d’éléments du personnage nous permettent de le comparer à une sorte de James Bond de l’époque, Michael Gallatin a une autre particularité qui lui permet de figurer dans notre liste : il est également un loup-garou.
En jouant sur les deux facettes du personnage, que ce soit dans ses missions où parfois c’est l’homme qui doit intervenir et parfois la bête qui prend le relais, le récit alterne les péripéties sans se répéter. En outre, plusieurs chapitres du roman situés dans le passé du protagoniste nous racontent les détails de sa transformation et ajoutent une dimension supplémentaire à l’ouvrage, sans nuire au rythme ou à la cohérence de la narration. Que ce soit les protagonistes ou les antagonistes, tous les personnages de ce roman sont intéressants, on s’attache à certains et on se plaît à en haïr d’autres, aucun ne laissant totalement indifférent.
L’heure du loup n’est peut-être pas, dans le traitement de son histoire, le roman qui a le plus sa place dans cette liste, car plus orienté aventures, mais il est sans doute l’un des meilleurs romans d’espionnage et de fantastique qui ait été écrit. Il mélange une horreur ancienne (le loup-garou) avec une horreur malheureusement beaucoup plus contemporaine (les nazis) et il le fait avec une efficacité et un brio absolument phénoménal. La période d’Halloween est propice à lire ce genre d’ouvrages, mais celui-ci est un tel chef-d’œuvre qu’il s’avère adapté à toutes les périodes de l’année. Disponible d’occasion en français
Zombie Island de David Wellington
Zombie Island est le premier volet de la série Zombie Story de David Wellington et met en scène un antagoniste bien connu et toujours incontournable d’une bonne soirée d’Halloween, j’ai nommé le zombie. Bien qu’un peu à l’image des vampires et autres loups-garous, de nombreux romans ont déjà mis en scène ce genre de créature, mais il faut saluer l’efficacité et la dose d’originalité qu’apporte Wellington à son récit en conférant à certains zombies des pouvoirs paranormaux.
Ce premier roman raconte la manière dont, alors que le monde est ravagé par une épidémie qui transforme les gens en zombies, un groupe de jeunes soldates somaliennes et un ancien employé de l’ONU se rendent à Manhattan afin de trouver des médicaments contre le sida pour leur cheffe. C’est durant cette excursion et en survivant à de nombreuses attaques de zombies que le groupe va rencontrer Gary, un étudiant en médecine mort-vivant qui a réussi à conserver un niveau élevé de conscience et de maîtrise de soi, contrairement à la plupart de ses congénères. À partir de là, une série d’événements va se mettre en marche et l’horreur va prendre une toute autre ampleur…
Si ce roman est une réussite, c’est en grande partie dû à son rythme soutenu et à l’écriture de ses personnages, d’habitude moins complexes dans ce genre d’histoire. Si nous conseillons particulièrement ce premier volet, Zombie Island, les deux suivants, Zombie Nation et Zombie Planet, méritent bien sûr également le détour. Pour ceux qui aiment enchaîner les lectures, cela fera de leur d’Halloween une nuit blanche entière, si ce n’est plus. Disponible d’occasion en poche ou broché
Cochrane vs Cthulhu de Gilberto Villaroel
Avril 1815, Fort Boyard. Le capitaine Eonet se félicite de la capture de l’ennemi numéro 1 de l’empereur Bonaparte, Lord Cochrane. Mais cette capture facile ne le rassure pas pour autant et le capitaine bonapartiste craint une tentative d’espionnage de la forteresse secrète de Fort Boyard. Tandis que la tension monte entre les deux hommes, d’étranges créatures commencent à attaquer la garnison. Pourquoi attaquent-t-elles le fort ? S’agit-il d’agressions isolées ou des prémices du réveil d’une créature encore plus ancienne et malfaisante ?
Difficile de mentionner Halloween sans citer l’un des auteurs les plus prolifiques qui ai jamais existé, HP Lovecraft. Il serait aisé de citer l’un de ses romans bien connu comme Les Montagnes hallucinées, L’abomination de Dunwich ou L’horreur sur le seuil, mais ce serait oublier un peu hâtivement que le mythe a survécu à son auteur et à continué à inspirer d’autres talents, parmi lesquels l’un des plus connus est August William Derleth.
Plus contemporain ,Gilberto Villarroel revisite le personnage historique de Thomas Cochrane, militaire et homme politique très populaire dans son pays d’origine le Chili, mais plutôt méconnu en France, et il le confronte à l’univers de Lovecraft. Bien que la saga compte actuellement 4 volumes, c’est le premier tome, Cochrane vs. Cthulhu, qui nous intéresse. L’intrigue se déroule à l’intérieur du Fort Boyard en 1815, durant la période des 100 jours qui marque le retour au pouvoir de Napoléon.
Ce qui est impressionnant dans ce roman, c’est la minutie et le détail avec lequel l’auteur rend crédible l’irruption du fantastique car, historiquement parlant, la période décrite reste un trou noir dans l’histoire de Lord Cochrane et on ignore ce qui a bien pu s’y produire. Il y a également en parallèle l’arrivée des frères Champollion, dont la présence s’intègre parfaitement au récit. Cette méticulosité historique contrebalance l’aspect surréaliste des événements, extrêmement bien rendus par une très bonne description de l’ambiance autour du Fort Boyard et de l’île mystérieuse dont sont issues les créatures. L’ambiance lovecraftienne est parfaitement rendue et, surtout, le rythme et la tension ne nous quittent pas de la première jusqu’à la dernière page.
Un excellent début de saga et une très bonne entrée en matière pour tous ceux qui voudraient connaître l’univers de Lovecraft au-delà des romans de son auteur d’origine. Disponible en poche





