Caractéristiques
- Auteur : Jonathan Maberry, Tyler Crook
- Editeur : Delcourt
- Date de sortie en librairies : 14 septembre 2016
- Format numérique disponible : Non
- Nombre de pages : 132
- Prix : 15,95€
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- Note : 7/10 par 1 critique
Des vampires pas comme les autres
Le mythe du vampire est sans aucun doute l’un de ceux qui ont été les plus utilisés par la culture pop contemporaine. Cinéma, jeu vidéo, littérature, bande dessinée, les différents mediums se sont emparés de l’une des peurs les plus primaires chez l’être humain. Le schéma du prédateur nocturne est évidemment prétexte à bien des sous-textes, et si beaucoup de choses ont été tentées, d’aucuns avanceraient que le filon s’est peu à peu épuisé. Seulement, exprimer une telle pensée serait aussi faire insulte au pur esprit de création qui anime les artistes convaincus, et nul doute que ceux aux commandes de Bad Blood font partie de ceux-ci.
Bad Blood s’intéresse au cas de Trick Croft, un jeune homme pas vraiment né sous une bonne étoile : adolescent sans envergure, étudiant dans grand talent à l’université… mais surtout entrain de dépérir d’une leucémie. Alors que le jeune homme perd espoir, il compte sur la gentillesse de son meilleur ami pour lui remonter le moral. Seulement, un jour sa vie va prendre une tournure encore plus morbide. Alors qu’il baisse les bras, un vampire l’attaque et, comme il se doit, lui croque le cou. Seulement voilà, la leucémie est aussi appelée « cancer du sang », dès lors son agresseur de haut rang est empoisonné, épouvantablement défiguré quasiment sur le champs, et s’enfuit en hurlant à la vengeance. Le jour même, le meilleur ami de Trick Croft est vidé de son sang…
Bad Blood, aux éditions Delcourt (Kill or Be Killed, Hillbilly) est un one shot qui mérite toute votre attention. Le mythe du vampire n’est certes plus aussi porteur qu’auparavant, mais entre de bonnes mains voilà un sujet qui peut tout à fait servir une thématique intéressante. Dans ce comics règne une ambiance surprenante, fraîche et ce même si la tonalité est sinistre au possible. Le personnage Trick Croft est pour beaucoup dans cette bonne impression : il n’est jamais un cliché, et ses motivations sont palpables. Sa construction est en tous points une réussite : du leucémique en phase quasiment terminale, un événement horrible va lui permettre de se trouver une raison de survivre, de se dépasser. Un schéma classique, mais ce qui l’entoure l’est beaucoup moins.
Un univers qui fonctionne à merveille
Bad Blood décrit un univers d’où les vampires ont été évincés. Repliés dans les profondeurs de nos villes, ou dans les endroits les plus sordides sordides de celles-ci, ces monstres ont du se nourrir d’animaux errants pendant des années. La cause ? L’humanité et sa tendance à s’envoyer les pires horreurs dans le sang, que cela soit pour son bien (la chimio) ou pour son mal (la drogue). Ainsi, le sang n’est plus pur, et devient même un véritable poison pour les suceurs de sang. Trick Croft est en fait immunisé contre le vampirisme, ce que Sturge, chef de la Maison des Lames, apprend à ses dépends alors qu’il pensait pouvoir mener ses troupes à la surface. De là, Jonathan Maberry déroule un scénario d’une efficacité redoutable, peut-être parfois un peu déjà-vu… du moins en apparence.
Car Bad Blood construit son récit afin que celui-ci se retourne contre le lecteur. Trick Croft sera bientôt rejoint par Lolly, une jeune fille au moins aussi perdue que lui, qui voit en la figure du vampire une façon d’échapper à sa vie détruite par un père violent et violeur. Puis, un peu après c’est Jonas, un chasseur de vampires apparemment expérimenté qui rejoint le duo. Petit à petit, certains éléments se mettent en place pour mieux nous surprendre au final. On ne doit surtout pas aller plus loin, histoire d’éviter tout spoil, sachez juste que l’écriture est si maîtrisée que ce twist fonctionne à la perfection.
Bad Blood est aussi bon à lire que beau à regarder. Le dessinateur Tyler Crook nous avait déjà impressionné avec Harrow County T1 de par sa capacité à faire du neuf avec du plus ou moins vieux. Ici, on retrouve cette patte, cet œil nouveau, notamment dans les morts des vampires qui provoquent autre chose que l’éternel retour à la poussière. On pense aussi aux traits de Sturges, sorte de croisement entre un suceur de sang au faciès monstrueux et un Pape aux habits imposant un respect quasi religieux. L’album n’aurait peut-être pas été aussi marquant sans ce style sombre, lugubre au possible. Au final, Bad Blood est un one shot de belle qualité, une vision originale du mythe vampirique qu’on recommande chaudement notamment pour son final saisissant…