Préparez vos valises pour un voyage incontournable
Parmi nos bons moments de 2016, sur Culturellement Vôtre, vous avez été nombreux à lire notre article concernant l’intégrale en trois volume axée sur l’œuvre de Lovecraft, sortie chez Bragelonne. Dès lors, on s’est dit, à la rédaction, que l’année 2017 se doit d’être l’occasion de creuser la piste de l’auteur de Providence, et comme on est du genre fans de son œuvre voilà un projet bien agréable. Pour notre seconde pierre à notre humble édifice, on a décidé d’aborder Kadath : d’après l’œuvre de H.P. Lovecraft.
Si vous êtes un féru de Lovecraft, et du Cycle du rêve en particulier, alors vous connaissez certainement le récit La Quête onirique de Kadath l’inconnue, une des nouvelles sorties après la mort de l’auteur, publiée en 1943 pour être tout à fait exact. Si le héros de cette histoire se nomme Randolph Carter, on peut aussi considérer que le personnage principal n’est autre de Kadath, une majestueuse et fortement intrigante cité qui n’apparaît qu’en rêve. Les lecteurs de la nouvelle en conviennent : cette immense ville reste un lieu fantasmé, volontairement pas assez creusé par l’auteur de Providence pour réellement paraître tangible. C’est fort de ce constat que Kadath : d’après l’œuvre de H.P. Lovecraft se justifie totalement, ce (très) beau livre se voulant une sorte de guide touristique de cette cité mythique, en s’appuyant notamment sur quatre écrits d’inspiration lovecraftiennes.
Kadath : d’après l’œuvre de H.P. Lovecraft s’articule donc sur quatre points de vues, lesquels s’entrelacent pour, au final, ne former qu’un. Nous suivons donc des récits de L’Innomé (en fait le rédacteur du guide), Sœur Aliénor, Randolph Carter et le Kitab du Saigneur. La structure même de ce beau livre laisse toute liberté au lecteur, ce dernier peut ainsi suivre ces différentes pérégrinations dans l’ordre proposé par l’ouvrage, lequel prend la forme d’une succession de passages des quatre grands ensembles, ou en préférant une continuité attachée aux auteurs. Ainsi, en chaque fin de fragment de rêveur, Mnémos a pensé à indiquer la page de la suite de l’histoire abordée, une excellente initiative qui favorise une double lecture utile. En effet, vous vous rendrez vite compte que ces deux méthodes de lectures provoquent deux manières de vivre cette visite guidée… et d’approcher l’imposant Château d’onyx.
Et ces quatre récits formants Kadath : d’après l’œuvre de H.P. Lovecraft, que valent-ils ? Tout d’abord, il faut bien préciser (et l’on va y revenir), que ce beau livre ne saurait être une expérience exclusivement littéraire. L’importance des magnifiques illustrations, des encarts, de la carte, est primordiale afin de profiter de ce voyage vers la cité mythique dans les meilleures conditions. Fort de ce constat, on peut tout de même vous rassurer : si les points de vue ne sont pas le fruit de H.P. Lovecraft lui-même, la force évocatrice est tout de même au rendez-vous. On y retrouve beaucoup de ces descriptions oniriques qui font la force du Cycle des rêves, et si l’on a ressenti une petite préférence pour le récit de L’Innomé, celle-ci est purement subjective car l’ensemble produit une sorte de cohérence fantasmagorique fascinante. D’autant que si les descriptions y sont grandioses, elles sont bien aidées par des encarts de grande utilité.
Passionnant d’un bout à l’autre
Kadath : d’après l’œuvre de H.P. Lovecraft se veut d’inspiration très « rôliste », et c’est là un excellent choix. En effet, les récits sont entourés d’encarts au but très net : travailler l’univers bien évidemment, mais aussi proposer un trip au lecteur, ce qui tombe à pic pour un guide de ce genre. Chacune de ces informations est accompagnée par deux notes : l’une s’attache à la folie, l’autre au mythe. Pour faire plus clair, et les amateurs de jeux de rôles tirés de l’univers de Lovecraft le savent mieux que quiconque, visiter un Temple, croiser une divinité ou autre monstre, cela provoque un impact sur le joueur, ici le visiteur-lecteur. Afin de garder une cohérence avec cet univers rôliste, Mnémos fait en sorte d’invoquer ces jauges, et elles contribuent savoureusement à faire de Kadath : d’après l’œuvre de H.P. Lovecraft un ouvrage en totale osmose avec l’univers lovecraftien. Car, dans celui-ci, on ne se balade pas sans s’exposer au danger le plus mortel qui soit.
Kadath : d’après l’œuvre de H.P. Lovecraft est sans nul doute un ouvrage que tout amateur de l’auteur de Providence se doit de posséder dans sa bibliothèque. Les différents textes, récits ou encarts, sont une réussite à tous les niveaux, et comment ne pas aborder les illustrations sidérantes signées par le talentueux Nicolas Fructus, que l’on connaît notamment pour son excellent travail sur le Showman Killer d’Alejandro Jodorowski ? On vous fait une confidence : ces dessins sont si réussis, si évocateurs tout en restant mystérieux, que votre humble serviteur en a rêvé les contours plusieurs fois avant la rédaction de cet article. C’est dire si l’impact des illustration est puissant.
Sachez aussi que l’ouvrage est un parfait complément, voire même une aide du jeu de rôle Kadath : aventures dans la cité inconnue, disponible chez Les 12 Singes, et que l’on abordera sans doute en cours d’année. Au final, Kadath : d’après l’œuvre de H.P. Lovecraft est une merveilleuse invitation au voyage, mais qui promet autre chose qu’une semaine aux Maldives. Impressionnant d’un bout à l’autre, l’ouvrage est un indispensable des bibliothèques, que tout amateur de Lovecraft se doit de parcourir au moins deux fois pour autant de méthodes de lecture. On tient là un beau livre magistral, une pièce de choix qui donne fière allure à l’univers lovecraftien décidément inépuisable.
Kadath : d’après l’œuvre de H.P. Lovecraft, un beau livre signé par un collectif d’auteur, illustré par Nicolas Fructus. Aux éditions Mnémos, collection Ourobores, 164 pages, 36 euros. Sortie le 18 novembre 2010.