Caractéristiques
- Auteur : Etats-Unisamaru Furuya
- Editeur : Delcourt Tonkam
- Date de sortie en librairies : 8 mars 2017
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 240
- Prix : 7,99€
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- Note : 8/10 par 1 critique
Un manga impressionnant de maîtrise
Vous vous souvenez, de cette époque où les gardiens du Temple de la culture regardaient de haut l’univers du manga ? Bon, ne remuons pas le couteau dans la plaie, et si ces grands spécialistes (et même des femmes politiques, coucou Ségolène Royal) ont sciemment réduit l’impact de la bande dessinée japonaises, voire ont fait véhiculé une image faussée, ils ont aussi pu vérifier que les faits sont têtus. Et parmi ces faits, celui qui mène les mangakas vers des thèmes parfois courageux est indéniable. Aujourd’hui, nous abordons une œuvre parfaite afin d’étayer cette introduction vaillante : Je voudrais être tué par une lycéenne, qui traite de l’autassassinophilie, une attirance pour le moins handicapante.
Je voudrais être tué par une lycéenne, paru aux éditions Delcourt Tonkam (Kiss X Death Tome 1, Yuko), s’intéresse au cas de Haruto Higashiyama, un professeur apparemment bien sous tous rapports. Seulement, cet enseignant couve, et ce depuis de très longues années, une excitation morbide : il ne ressent d’ardeur qu’à travers le risque d’être tué par une jeune et belle lycéenne. Alors qu’un destin de psychologue clinicien lui tend les bras, il recentre ses études afin que son métier lui permette d’atteindre son but ultime : enseigner au lycée Nitaka. Là, il jette son dévolu sur Maho Sasaki, une de ses élèves qui, par ailleurs, développe des sentiments pour son professeur. Mais Haruto ne voit pas venir certains éléments au moins aussi inquiétants que son attirance.
Je voudrais être tué par une lycéenne aborde un sujet si invraisemblable qu’on a, dans les premiers instants, du mal à croire que cette attirance existe réellement. Pourtant, l’autassassinophilie existe bel et bien, et touche donc des personnes fantasmant leur propre mort, au point que cette attirance soit source de plaisir sexuel (pour le « malade », s’entend). Un sujet pour le moins difficile, que le mangaka Usamaru Furuya traite d’une manière appliquée. Je voudrais être tué par une lycéenne est ce genre de seinen qui maîtrise la matière qui lui sert de ressort dramatique : on ne sent jamais l’envie de faire dans le simple sensationnalisme. Ce manga est un thriller qui prend grand soin de construire son ambiance et ses personnages, d’ailleurs le formel facilite cela : on fait connaissance avec chacun des personnages importants via des chapitres dédiés, au sein desquels les personnages se dévoilent réellement.
Une attirance hyper malsaine qui sert un récit captivant
Avec des personnages aussi forts, Je voudrais être tué par une lycéenne ne peut que proposer une intrigue bien tenue, du moins si l’auteur réussit à profiter de cette bonne construction. Heureusement c’est le cas : Usamaru Furuya, auteur que nous découvrons à cette occasion, distille des éléments de manière bien réfléchie, en visant continuellement à remuer le lecteur. On pense notamment au retour de Satsuki dans la vie de Haruto. L’ancienne petite copine de l’autassassinophile, femme un peu délurée et pleine de vie, se rappelle au bon souvenir de son ex tant que psychologue du lycée Nitaka. Elle apporte une dose de tension qui s’emboîte parfaitement aux autres sources de ce sentiment qui, clairement, domine tout du long. Le plan machiavélique du professeur inquiète, surtout qu’il ne voit pas les failles qui, subtilement là aussi, commencent à lézarder le mur fragile construit par Haruto.
Je voudrais être tué par une lycéenne se termine dans un crescendo émotionnel brillant. Un véritable cliffangher qui va nous torturer jusqu’à octobre 2017, date de sortie du deuxième et dernier tome. Beaucoup de questions restent en suspens bien sûr, mais c’est surtout l’intriguant plan de Haruto qui nous titille. On en vient à se demander s’il va réussir son coup, et effectivement se faire tuer par son élève. Cette dernière, abordons la sans trop la creuser tant ce personnage est capital pour l’intrigue, est elle aussi fichtrement bien développée. On croit en son existence, on la sent réelle, son caractère est tout à fait plausible et bien aidé par une construction sociale convaincante. Puis vient l’élément « what the fuck », une révélation si importante qu’elle ne fait, là encore, qu’ajouter à la tension qui domine ce manga que l’on dévore d’un bout à l’autre. Vite, la suite.
Mise à jour : Retrouvez notre critique du second et dernier tome.