Une liste pour frémir jusqu’au bout de la nuit
Mercredi, c’est Halloween ou, comme disaient nos ancêtres celtes, “All Hallow’s Eve”, la veille du jour des morts — cette nuit où le voile entre le monde des vivants et des morts était considéré comme étant le plus fin, permettant aux chers décédés de rendre visite à leurs proches, qui laissaient à leur attention quelque subsistance préparée avec amour à la porte afin de leur permettre de retourner dans l’au-delà. Bref, comme chaque année, on se demande ce qu’on va bien pouvoir regarder, seul sous sa couette, avec son ou sa chéri.e. ou entre amis, tout en s’empiffrant de bonbons délicieusement acidulés.
Voici nos suggestions personnelles, que nous avons souhaitées un peu hors des sentiers battus — c’est-à-dire sans trop citer les énormes classiques du genre, que nous chérissons malgré tout. Happy Halloween y’all!
La sélection de Mickaël Barbato
L’Au-Delà
On ne pouvait pas débuter cette liste par autre chose qu’un film de Lucio Fulci. Tout d’abord, parce que le réalisateur a su livrer quelques œuvres d’une puissance assez folle, dignes d’être découvertes à l’occasion d’une soirée spéciale. Ensuite, pour une raison plus matérialiste : Artus Films vient de sortir une salve de Blu-ray consacrée au metteur en scène transalpin. L’Au-Delà se dégage avec une certaine aisance, tant celui-ci parvient à trouver l’équilibre entre l’étrangeté de l’univers, et le gore le plus efficace. Quelques séquences figurent parmi les plus mémorables du genre, ce qui en fait aussi un film indéniablement culte. On peut aussi vous recommander L’Enfer des Zombies, La Maison près du Cimetière ou Frayeurs, mais à moindre niveau.
Halloween 3 : Le sang du sorcier
Et pourquoi ne pas profiter de cet Halloween 2018 pour réhabiliter ce troisième opus ? Vilipendé à l’époque de sa sortie, par des fans horrifiés par l’absence de Michael Myers (qu’ils retrouveront pour une pathétique quatrième itération), le film de Tommy Lee Wallace a pourtant tout ce qu’il faut, là où il faut. Une histoire tout à la gloire de la veille de la fête des morts, à grands coups d’enfants masqués et devenus meurtriers, grâce à un scénario co-signé par John Carpenter. Lequel accouche aussi, toujours en duo, de la merveilleuse bande originale. Tellement plus à-propos que le dernier opus de la franchise…
The Void
Honteusement sorti en catimini, en direct-to-video, The Void est pourtant intéressant à plus d’un titre. Tout d’abord, on ne peut que féliciter les deux réalisateurs, Jeremy Gillespie et Steven Kostanski, d’avoir su réduire l’expérience au strict nécessaire. Le film se met en place très rapidement, et avec un impact saisissant. Cet hôpital maudit, dans lequel des expériences innommables ont lieu, vous rappellera tout autant Lovecraft que le jeu Silent Hill. Le tout agrémenté d’effets spéciaux (et parfois bien gores) réalisés « en dur », on évite donc le rendu factice des CGI. Dommage qu’on n’ait pu le voir en salles…
Dans le noir
Sorti de nulle part, en plein été 2016, Dans le noir est typiquement ce genre de film qui saura vous faire sursauter, sans non plus vous prendre pour des benêts, comme la plupart des films à jumps scare sortis ces dernières années. Le scénario s’avère d’une simplicité assez idéale, si vous recherchez un long métrage apte à faire frémir sans prise de tête : un démon ne peut apparaître que dans la pénombre absolu. Un concept limpide, mis en scène par un réalisateur à suivre, David F. Sandberg, aussi auteur d’un Annabelle 2 très recommandable.
V/H/S/2
Vous avez envie d’un bon film à sketchs ? Alors V/H/S/2 vous tend les bras. Tous les segments ne sont pas au même niveau, très clairement, mais on y trouve des œuvres assez folles, sanglantes et très divertissantes. On pense surtout à l’incroyable Safe Heaven, réalisé par deux auteurs parmi les plus doués de leur génération : Timo Tjahjanto (Macabre, Headshot, The Night Come With Us, que du très bon) et Gareth Evans (The Raid). Vous y suivrez une équipe de journalistes, en reportage au sein d’une secte sur le point d’invoquer un démon bien énervé…
La sélection de Cécile Desbrun
La fiancée de Frankenstein
Ce classique de 1935 des studios Universal est un véritable chef d’œuvre, à l’aura méritée. Si, aujourd’hui, il ne fera pas nécessairement frissonner, la magie et l’émotion qui s’en dégagent — à l’image de la scène avec l’aveugle ou encore celle avec les petits personnages à l’intérieur des boules de neige — justifient de le (re)découvrir. Qu’il s’agisse de la superbe mise en scène de James Whale, de la photo de John J. Mescall rappelant les meilleurs moments de l’expressionnisme allemand ou encore de son imagerie, qui a imprégné une bonne partie du cinéma fantastique des 80 dernières années (it’s alive!), cette Fiancée de Frankenstein n’a rien perdu de sa superbe ! Pour un Halloween old school.
La compagnie des loups
Ni classique, ni vrai film culte, La compagnie des loups possède pourtant une certaine aura auprès des amateurs de films fantastiques qui est loin d’être incongrue. Évocation des contes de notre enfance dans leur version la plus sombre avec Angela Lansbury dans le rôle de la Mère-Grand, le film de Neil Jordan en propose une déclinaison visuellement riche — et assez troublante, où l’érotisme (et l’ambivalence qui s’en dégage) n’est jamais bien loin. On saluera également les effets spéciaux qui, en 1984, proposaient une métamorphose d’homme en loup-garou plus que saisissante !
The Descent
Alors oui, le film de Neil Marshall est connu, très connu. Mais il mérite clairement sa place parmi notre sélection car, avouons-le : on a rarement autant flippé dans les salles obscures depuis, soit près de 14 ans tout de même ! Et puis, outre le fait que Shauna Macdonald ressemble de manière saisissante à Sissy Spacek dans Carrie, The Descent possède un grand atout : celui de nous effrayer tout en nous émouvant sincèrement. Ainsi, ce film d’horreur autour d’une expédition spéléo entre copines qui tourne mal est aussi et surtout une évocation viscérale du processus de deuil. Un film qui prend aux tripes — et donc hautement recommandé pour Halloween.
Repo! The Genetic Opera
On aurait pu vous conseiller Sweeney Todd (le dernier chef d’œuvre de Tim Burton jusque-là, pour nous), mais on a décidé de porter à votre attention une autre comédie musicale gothique, certes imparfaite pour ne pas dire un peu foutraque, mais originale, et aussi amusante que sanglante. Avec Repo! The Genetic Opera, Darren Lynn Bousman (Saw II) nous propose donc une sorte d’hybridation entre le très glam-rock Rocky Horror Picture Show et le sketch du don d’organes sur personne vivante des Monty Pythons dans leur long-métrage Le sens de la vie. Le repo man est incarné par l’excellent Anthony Head, qui avait déjà poussé la chansonnette en tant que Giles dans Buffy, mais aussi sur scène, et il détonne dans le rôle de ce bourreau déchiré entre sa triste profession et ses devoirs paternels. Ah ! On y voit aussi une certaine Paris Hilton, en brunette déjantée.
Hair High
Si vous ne connaissez pas encore l’univers du génial Bill Plympton (The Vengeress), ce petit chef d’œuvre du cinéma d’animation adulte vous en donnera un bel aperçu. Hair High est un mélange entre un teen movie au cœur de l’Amérique 50’s avec ses diners américains et ses séances de cinéma (et galipettes) en plein air et un bon vieux film d’horreur à l’ancienne. Trois adolescents se retrouvent au cœur d’un triangle amoureux, le gentil couple est assassiné par la brute du lycée — et reviendra de l’au-delà pour se venger lors du bal de la promo ! Joyeux Halloween à tous !