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[Critique] New York 1997 : L’artbook officiel du film – John Walsh

Caractéristiques

  • Titre : New York 1997 : L'artbook officiel du film
  • Auteur : John Walsh
  • Editeur : Ynnis Editions
  • Date de sortie en librairies : 16 novembre 2022
  • Format numérique disponible : Non
  • Nombre de pages : 160
  • Prix : 45 euros
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 9/10

Il était une fois New York 1997

Plus de 40 ans après la sortie du blockbuster iconique, New York 1997 : l’Artbook officiel du film plonge dans les archives pour dévoiler sa création. Un ouvrage de John Walsh qui, selon la publicité officielle, serait le livre ultime sur ce chef-d’œuvre du 7ème art. Réalisé par John Carpenter et sorti en 1981, New York 1997 a séduit le public du monde entier avec ses personnages mémorables, ses effets spéciaux créatifs et son atmosphère sombre.

Après un avant-propos écrit par Corin Hardy (réalisateur de La Nonne) décrivant sommairement mais avec émotion quel était selon lui le style de John Carpenter et pourquoi il a inspiré autant d’auteurs, y compris lui-même, nous entrons dans le vif du sujet.

L’ouvrage pourrait être divisé en trois parties : une première nous décrivant les origines du métrage dans le contexte de l’époque avec le nombre de films déjà tournés par Carpenter ainsi que le choix des lieux et des acteurs, puis une seconde partie nous décrivant le tournage proprement dit, en découpant les explications par les lieux-clés ou les scènes-clés du film. Enfin, la dernière partie – peut-être la plus intéressante car réunissant les éléments les moins connus – concerne la dimension technique du tournage, que ce soit les éclairages, les effets spéciaux, les musiques et même les à côtés, comme les affiches et animations qui ont été faites pour promouvoir le film.

Aux origines

Comme nous le disions, toute la première partie du livre permet de situer historiquement le métrage, déjà par le contexte du cinéma des années 70 avec l’émergence de Star Wars, ainsi que l’essor des films d’horreur. Sans parler du contexte politique avec l’administration républicaine conservatrice qui gouverne les États-Unis à l’orée des années 80 ou de l’explosion de la population carcérale, qui aurait augmenté de près de 40 000 prisonniers à l’époque (la plus grosse augmentation jamais vue alors) et donné l’impulsion au réalisateur pour trouver l’idée de départ du métrage.

Cette mise en perspective passée, nous avons droit à un premier bref biopic sur le réalisateur et les sept réalisations qui ont précédé New York 1997, comme son premier film d’étudiant Dark Star, Fog et, bien sûr, Halloween la Nuit des masques pour ne citer qu’eux. Viennent ensuite les origines de Snake Plissken lui-même, au style très western inspiré des classiques avec Clint Eastwood et John Wayne, vis-à-vis duquel John Carpenter n’a jamais caché son admiration, en particulier avec son précédent film Assaut, remake à peine déguisé du Rio Bravo de John Ford.

Les images d’archives nous montrent la complicité qu’il entretient avec sa proche amie, la productrice Debra Hill, qui l’accompagnera quasiment tout au long de sa carrière, et le texte nous relate les relations qu’il entretenait avec les studios, en particulier ceux de la Paramount. Tout cela avant d’arriver à une grande rétrospective de tous les acteurs du métrage, avec bien sûr un petit texte accompagnant les photographies de tournage permettant de retranscrire l’ambiance qui régnait et ce que chacun ressentait vis-à-vis de son personnage.

Il y a bien sûr Kurt Russell dans le rôle principal et Lee Van Cleef dans le rôle du gardien de prison Hawk, mais également de très solides seconds rôles avec Ernest Borgnine, Donald Pleasance, Adrienne Barbeau, la première femme de John Carpenter, le célèbre compositeur de soul music Isaac Hayes qui avait pris un immense plaisir à jouer le rôle du duc de New York (l’antagoniste du film), ainsi que Harry Dean Stanton, second couteau bien connu du cinéma. Signalons la présence dans cette rétrospective deux autres acteurs : Frank Doubleday dans le rôle de Romero (allusion récurrente de Carpenter à certains de ses modèles),  un second rôle dans le film, mais dont la composition d’illuminé marque durablement les esprits, ainsi que Hox Baker, le géant Slag que doit affronter Snake sur un ring au Madison Square Garden. Un véritable catcheur de 2 mètres qui, contre toute attente, nous réserve quelques anecdotes de tournage assez drôles et savoureuses.

Cette première partie, bien qu’intéressante, est évidemment très consensuelle, tout simplement parce qu’il était difficile d’ajouter beaucoup de choses que le public ne sache pas déjà. Après un petit encart pour expliquer comment furent trouvés les lieux de tournage, entre autres à Saint-Louis dans le Missouri pour la gare centrale dans laquelle a été tournée une des scènes finales, nous passons à la seconde partie, le tournage proprement dit.

Par-delà le mur

Cette seconde partie décrivant le tournage a surtout pour intérêt la manière dont l’auteur a découpé son analyse, non par les jours mais par les lieux, ce qui, à chaque fois, contextualise notre vision et relève notre intérêt puisque cela permet individuellement à chacun de revoir la ou les scènes qui l’ont le plus emballé et d’en découvrir les secrets.

La plupart des séquences étant tournées dans les décors de la ville de Saint-Louis et non à New York, nous commençons cette visite par le poste de contrôle de Liberty Island (en réalité un barrage près de Sepulveda) duquel va décoller le planeur de Snake pour arriver dans la fameuse prison de Manhattan. Ensuite, nous avons droit aux intérieurs d’Air Force One et à sa fameuse capsule d’évacuation en forme d’œuf qui faisait penser au style des James Bond de l’époque. Nous passons ensuite sur le toit du World Trade Center où atterrit Snake qui, comme vous vous en doutez, est tout sauf le toit du célèbre building – un passage amusant, démontrant à quel point les responsables des effets visuels se doivent d’être souvent créatifs pour cacher la vérité.

Ensuite vient le théâtre (la fameuse salle Art déco Fox Théâtre de Saint-Louis), la bibliothèque municipale de New York (le temple maçonnique de Saint-Louis), une rue de Broadway entièrement recréée (encore à Saint-Louis) et, bien sûr, la gare de Grand Central, qui sera utilisée pour le combat de catch de Snake que Kurt Russell, ainsi que sa doublure, se remémorent douloureusement en pensant à Ox le catcheur, qui avait beaucoup de mal à simuler ses coups pendant les prises de vue. Enfin, la rétrospective se termine avec le pont de la 69e rue (prétendument) et le mur lui-même pour la scène finale.

S’ensuit un descriptif plus détaillé présenté par le chef décorateur Joe Alves, qui avait déjà travaillé à l’époque sur des métrages tels que Planète interdite (1956), Les dents de la mer (1975) ou encore Rencontres du troisième type (1977). Ce segment achève brillamment une seconde partie qui nous ouvre littéralement les portes de la magie, tant on s’aperçoit que tout n’est qu’illusion à l’écran, que ce soit les décors, la conception des véhicules ou les costumes.

pages de l'artbook officiel de new york 1997 sur les coulisses du film

Le monde de Carpenter Snake

Enfin, la toute dernière partie permet de mettre en avant tout l’aspect technique de New York 1997, avec tout d’abord l’énorme travail fourni par le directeur de la photographie, Dean Cundey, sur les ombres et lumières servant à la fois à créer l’ambiance du film et à masquer les problèmes de budget.

Dans le même esprit, les effets spéciaux basés principalement sur des maquettes censées représenter l’île de Manhattan, ont demandé énormément de travail, auquel les photos du livre rendent justice.

Autre technique utilisée parmi les plus anciennes et les plus célèbres : le matte painting, qui a servi entre autres pour les plans larges en extérieur du pont de Brooklyn durant la séquence d’ouverture. Ajoutons également le travail de John Wash, ancien camarade d’université de Carpenter, qui a créé les graphiques vectoriels de la séquence d’ouverture ; une manière très rusée de servir intelligemment la narration à moindre coût.

Vous l’aurez compris, cette troisième partie de l’ouvrage regorge d’informations et d’anecdotes de tournage que même une personne connaissant bien le film peut parfaitement ignorer. Par exemple, l’existence d’une scène de braquage qui aurait dû servir à présenter le personnage de Snake avant son arrivée à Liberty Island et qui fut ensuite abandonnée par Carpenter afin de conserver une aura de mystère à son anti-héros.

Pour finir, un chapitre sur les musiques, très importantes dans l’univers du cinéaste, et l’histoire de sa collaboration avec un autre musicien pour les besoins du film, ainsi qu’un dernier (long) passage très amusant sur les différentes affiches du film qui ont été utilisées dans divers pays avec le nom des artistes correspondants achèvent de nous convaincre que oui, cet artbook est l’ouvrage ultime sur New York 1997, et cela avant même que les derniers mots des créateurs John Carpenter et Debra Hill sur leur créature (Snake Plissken) concluent définitivement ce plaisant voyage dans l’obscurité.

Article écrit par

Depuis toujours, je perçois le cinéma, certes comme un art et un divertissement, mais aussi et surtout comme une porte vers l'imaginaire et la création. On pourrait dire en ce sens que je partage la vision qu'en avait Georges Méliès. Avec le temps, de nombreux genres ont émergé, souvent représentatifs de leurs époques respectives et les bons films comme les mauvais deviennent ainsi les témoins de nos rêves, nos craintes ou nos désirs. J'ai fait des études de lettres et occupé divers emplois qui jamais ne m'ont éloigné de ma passion. Actuellement, sous le pseudonyme de Mark Wayne (en hommage à l'acteur John Wayne et au personnage de fiction Bruce Wayne alias Batman), je rédige des critiques pour le site "Culturellement Vôtre". Très exigeant dans ma notation des films, en particulier concernant le scénario car c'est la base sur lequel aucun bon film ne peut émerger s'il est bancal ou pour le moins en contradiction avec son sujet. Je conserve une certaine nostalgie d'une époque qui me semble (pour l'instant) révolue où le cinéma ne se faisait pas à base de remakes, intrigues photocopiées et bien-pensance. Néanmoins, rien n'entame mon amour du cinéma, et chaque film que je regarde me le rappelle, car bons ou mauvais, ils restent le reflet de notre époque.

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