Caractéristiques
- Auteur : Alex DeCampi, Fernando Ruiz
- Editeur : Wetta
- Collection : Replay
- Date de sortie en librairies : 23 février 2018
- Format numérique disponible : Non
- Nombre de pages : 128
- Prix : 24,95€
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 8/10 par 1 critique
Le gentil Archie à l’épreuve du roi des chasseurs
Connaissez-vous Archie ? La réponse est assez invariable, du moins au niveau du grand public : non. Et pourtant, on est là face à l’un des personnages les plus importants de l’univers comics. Oui, en compagnie des super héros à collant, chez Marvel et autres maisons ultra présentes dans la pop culture. Le personnage, Archibald Andrews de son nom complet, est une sorte d’ode à l’adolescent américain typique, un peu fantasmé mais tout à fait sympathique. Apparu pour la première fois en 1941, et si populaire que la maison d’édition qui diffuse ses aventures a pris le nom d’Archie Comics, le jeune homme débarque en France, où il fut absent depuis les années 1970. Et ce come back, aux éditions Wetta (Judge Dredd / Aliens / Predator : Extermination, Aliens Xenologie) est l’occasion d’une rencontre pour le moins inattendue.
Archie Vs Predator ne cache pas son concept : ça va chasser, et charcler. Mais avant que celui qui n’a pas une tronche de porte bonheur ne débarque réellement dans le récit, le lecteur se doit de reprendre contact avec les protagonistes de cette série, mais aussi l’esprit qui en fait la sève. Tout est rondement mené par l’auteur, Alex DeCampi, qui se donne tous les moyens pour nous présenter une licence très facile d’accès. On comprend de suite les ressorts, on capte les petites ficelles, tout cela pour mieux savourer les gags. On peut même parler d’introduction exemplaire : en une seule page, le rouquin Archie et ses amis nous sont bien présentés. Jughead et son appétit infini est à la source d’un trip, direction le Costa Rica et l’hôtel Los Perdidos. C’est ici que quelques péripéties vont mener Betty à s’emparer d’une bien étrange dague, et le Predator ne va pas manquer une miette du spectacle. Le retour à Riverdale risque d’être sanglant…
Il y a, dans Archie Vs Predator, beaucoup de ce qui fait le succès d’une certaine vision des comics. Loin, très loin de la tonalité militante, et très plombante, de certaines séries chez les mastodontes (qui connaissent actuellement une mauvaise période), cette licence se concentre sur ce qui en fait le succès depuis plus de soixante dix ans, non sans mettre à jour comportements et tonalités, mais surtout en préservant les délicieux archétypes. On rit tout autant de cette sorte d’aura étrange qui entoure Archie, que de la propension des jeunes filles à voir leurs habits se déchirer au moindre choc. Le premier chapitre ne fait qu’évoquer, à l’occasion de quelques cases, la présence de l’antagoniste, ce qui laisse de la place pour instaurer une ambiance qui, habilement, restera constante le reste du comics.
Une rencontre improbable qui tient toutes ses promesses
Vous l’aurez compris, Archie Vs Predator fait intervenir le big boss des chasseurs interstellaires, mais ce n’est pas pour ça que le fond va se modifier. La forme, oui : ça devient un joyeux jeu de massacre, sanglant et fun. Aucun personnage n’est à l’abri de voir son crâne se séparer du reste de son corps, accompagné de la colonne vertébrale histoire de rendre hommage à l’une des mises à mort les plus classes de l’un des chefs-d’œuvre de l’immense John McTiernan. Et, pour couronner le tout, les spécificités des protagonistes sont évidemment exploitées dans cette sorte de survival scolaire qui se met en place. Par exemple on a Dilton, véritable geek jusqu’au bout des culs-de-bouteille et éternel camarade de classe d’Archie, qui s’avère bien jaloux du succès du héros auprès de la gente féminine. Pour essayer d’attirer à lui les filles de ses rêves, alors même que le très létale Predator guette, il dévoile une arme secrète : une sorte de robot, dont le design rappelle Goldorak, mais surmonté d’une reproduction de la tronche du rouquin. Ce genre de délire, qui ensuite a un impact sur les événements, fonctionnent parfaitement.
Archie Vs Predator est un comics important, car il représente une certaine idée de la pop culture. Elle est légère, avant tout fun, divertissante, mais pas dénué d’un certain esprit. Aussi, on est totalement sous le charme des dessins, signés Fernando Ruiz. Le style est très cartoonesque, les traits assez larges, les couleurs très tranchées, tout cela mitonne un visuel plein de personnalité. Mais soyons clairs : Archie et ses amis étaient assurés d’un résultat probant, c’était moins vrai pour le Predator. Ô miracle, le chasseur à dreadlocks ne dépareille absolument pas, on peut même écrire qu’il existe une sorte de logique des univers, du moins dans le raccord entre les éruptions de sang, le décor de Riverdale, et le potentiel de l’antagoniste. Le final, lui, termine de nous charmer, avec une dernière case qui nous donne même l’envie de découvrir encore plus la série.
Archie Vs Predator est, donc, une réussite. Surtout que les éditions Wetta ont encore mis les petits plats dans les grands. Trois éditions sont au programme :
- Archie vs. Predator est publié en Édition One (album relié à couverture cartonnée, format ‘oversized’ 29x19cm), 120 pages couleur, au sein de la collection Aliens/Predator.
- Une édition limitée à 250 exemplaires avec couverture alternative illustrée par Dustin Nguyen est proposée par Original Comics.
- Pour les fans et les collectionneurs, il existe une troisième édition, limitée à 300 exemplaires, avec couverture alternative et print exclusif 40x60cm double face illustrés par Francesco Francavilla, le dessinateur qui a dynamité Afterlife with Archie.
Comme à son habitude, cette passionnante (et passionnée) maison soigne tout jusqu’au moindre détail. La couverture est tout simplement somptueuse, quel que soit votre choix. On a droit à une introduction, signée Roberto Aguirre-Sacasa (Directeur artistique chez Archie Comics), un postface assuré par Brendan Wright (Superviseur), les deux documents assurant quelques petites anecdotes. Aussi, le lecteur pourra découvrir une tripotée de bonus : des minis-histoires, toutes écrites par Alex DeCampi, qui font intervenir d’autres personnages bien connus, comme The Mask. Pour les esthètes, une galerie de couvertures assure le spectacle, et une petite poignée de croquis préparatoires sert de cerise sur le savoureux gâteau. Une découverte très plaisante, doublée d’un bien bel objet.