Caractéristiques
- Auteur : Paul Beorn
- Editeur : Bragelonne
- Date de sortie en librairies : 14 mars 2018
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 476
- Prix : 25€
- Acheter : Cliquez ici
Une série qui débute avec entrain
Si quelques noms de l’heroic-fantasy sont plutôt jeunes, tout du moins dans le milieu, il est tout de même assez rare, en ce moment, de véritablement découvrir des auteurs qui se produisent dans le genre. Pourtant, ce fut le cas avec Paul Beorn, que nous ne connaissions pas avant la lecture du très bon Le Septième Guerrier-Mage, paru en 2016. Toujours chez Bragelonne (alors que la version poche est chez Milady, mais c’est la même maison), l’écrivain revient avec une trilogie très ambitieuse, qui s’annonce pleine de surprises : Calame, dont le premier tome est sous-titré Les deux visages.
Après un an de guerre civile, la rébellion contre le « Roi Lumière », le tyran de Westalie, est écrasée dans le sang. Son chef légendaire, Darran Dahl, est tué, ses partisans dispersés ou jetés au cachot. Parmi eux, la jeune Maura, sa lieutenante. Le célèbre légendier D’Arterac lui propose un marché : son exécution sera suspendue le temps qu’elle lui raconte la véritable histoire du chef rebelle, ce mystérieux guerrier aux origines obscures, que l’on prétendait indestructible. Mais profitant de ce sursis, Maura prépare peu à peu son évasion pour reprendre la lutte…
Et si Paul Beorn était l’un des auteurs de fantasy les plus talentueux du moment ? Une question qui n’a que peu d’importance, on en convient, mais qui mérite de se poser. Ne serait-ce que pour faire comprendre que l’écrivain est entrain de s’inscrire durablement dans le paysage de ce genre. Calame Tome 1 s’inscrit dans un courant très médiéval, son univers étant fait de chevaliers, d’armures, de magie, et de lieux qui nous plongeront de suite dans ce genre de contexte historique. Bien entendu, il n’est nul objectif que de viser le réalisme, mais plutôt de s’appuyer sur son imagerie, laquelle est superbement maitrisé ici. L’introduction de ce volume initial marque l’envie de l’auteur de tout de suite retenir notre attention. Ce n’est pas un spoiler, car c’est sciemment dévoilé : l’un des personnages principaux meurt. Un passage pour le moins marquant qui, par la suite, va conditionner notre état d’esprit face à ce Darran Dahl aussi héroïque que tragique.
Vous allez adoré cette galerie de personnages
Commencer par la fin d’un personnage, voilà qui est courageux, touchant et surprenant. Et Calame Tome 1 va réussir ce genre de tour de force plusieurs fois, assez fréquemment. Les origines de Maura, personnage qui aurait vite pu devenir insupportable sous d’autres plumes, tant l’archétype de l’adolescente en crise nous fait vriller le cerveau, nous ont passionné. Tout comme le personnage du Roi Lumière, bien plus fouillé, équilibré, que le simple antagoniste détestable qu’il aurait pu s’avérer. On peut aussi citer le téméraire D’arterac, sans trop vous en écrire plus, sous peine de dévoiler certains des meilleurs passages du livre. Ces personnages qui hantent le récit, croyez-nous, vous allez les apprécier, tant ils portent en eux une caractérisation qui refuse toute notion de cliché. Pas facile, dans le genre de l’heroic-fantasy, et pourtant l’auteur y parvient.
On pourra aussi noter le style, très fluide, privilégiant les chapitres courts. Pour tout vous dire, votre dévoué serviteur a fait de Calame Tome 1 son livre de trajet, le temps de sa lecture, tant il s’adapte bien à ce genre de « consommation ». Le rythme des révélations va aussi bon train, pour un résultat qui ne créé jamais l’ennui. Et, plus fort, sans ne jamais provoquer le début d’une impression forcée. Les situations sont naturelles, on ne se sent jamais témoin d’actes uniquement construits pour nous surprendre. Une structure aisée à aborder donc, qui fait de ce roman une belle porte d’entrée vers une heroic-fantasy équilibrée, ni réellement dark, ni trop optimiste. Un véritable tour de force, qu’on n’imaginait pas une seconde à ce niveau. Coup de cœur ? Sans aucun doute, et ce même si le thème de l’égalitarisme peut parfois être un peu pompant.