[Critique] Final Fantasy : Lost Stranger T1 – Minase, Kameya

Caractéristiques

  • Auteur : Hazuki Minase, Atsuki Kameya
  • Editeur : Mana Books
  • Date de sortie en librairies : 5 avril 2018
  • Format numérique disponible : Non
  • Nombre de pages : 219
  • Prix : 7,90€
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Un manga référentiel mais ouvert à un large public

L’adaptation d’un succès populaire en manga n’est pas chose rare, et ce même si le voyage du jeu vidéo vers la bande dessinée japonaise se fait de plus en plus fréquent. Resident Evil, Kingdom Hearts, The Legend Of Zelda, Super Mario Bros, et bien d’autres, ont tous connus l’honneur de cet exercice, avec des fortunes diverses. Parmi les innombrables licences qui ont toute leur place parmi ces classiques, on trouve évidemment Final Fantasy, la série culte de chez Square Enix. Véritable porte étendard du JRPG, et ce depuis 1987, FF (pour les intimes) ne cesse de renouveler son intérêt. Oui, même avec l’épisode 15, qui n’aura pas laissé que de bons souvenirs. Car l’une des caractéristiques de cette licence est de proposer de nouvelles histoires, de nouveaux mondes, à chaque nouvel opus. Une belle opportunité pour les auteurs de Final Fantasy : Lost Stranger.

Le scénario du premier tome de Final Fantasy : Lost Stranger est à la fois surprenant et pertinent. Il ne sera pas question d’un univers qui se justifie par lui-même, mais plutôt du choc entre deux mondes, que rien ne semblaient devoir réunir. On suit les aventures de Shogo et sa sœur Yuko, jeunes employés de chez Square Enix, qui rêvent de travailler sur le développement d’un FF. Alors que le duo fantasme sur cette possibilité, le voilà fauché par un camion. On ne vous le répétera jamais assez : faites attention où vous mettez les pieds. Alors que le lecteur doute de la survie de la petite famille, voilà qu’on la retrouve projetée dans un environnement très différent de Tokyo. Des étendues sauvages, des monstres, des personnages habillés comme dans un jeu de rôle, des Chocobos, cela ne fait plus aucun doute : ils foulent les terres de la licence qu’ils adulent.

Final Fantasy : Lost Stranger Tome 1 débute comme un boulet de canon. Et c’est une bonne chose : les personnages importants sont installés solidement, leurs traits de caractère assez bien décrits pour qu’on puisse les assimiler rapidement. Surtout, c’est la problématique qui nous emporte. La figure du personnage projeté dans un monde inconnu, mais en forme d’écho à sa vie sur Terre, est souvent gage de belle proposition, au niveau du récit. On citera, côté cinéma, L’Histoire Sans Fin, dont le schéma peut se rapprocher du manga abordé dans cette critique. Shogo désire travailler sur un FF, c’est son but suprême. Quand il ne travaille pas chez Square Enix, ce jeune homme se lance dans l’élaboration de solutions pointues, les Ultimania. Guides de référence qui existent réellement, au Japon, soit écrit en passant. C’est dire s’il s’y voit déjà. Alors, quand il rejoint le monde de Final Fantasy, on ne peut qu’être au taquet, derrière le personnage. Ainsi, le scénariste Hazuki Minase parvient à l’une des tâches les plus difficiles dans cet exercice : provoquer de l’empathie.

Un scénario malin, des dessins convaincants

Empathie qui va s’accentuer à l’occasion d’un événement qu’on ne vous dévoilera pas dans ces lignes. Sans atteindre le choc que fut le destin d’Aerith, dans Final Fantasy 7, sachez que les aventures décrites dans Final Fantasy : Lost Stranger Tome 1 prennent un coup de fouet un peu avant la mi-parcours. Si, avant cela, on voyait se profiler une aventure un peu tranquille mais tout de même assez vivifiante, cette redistribution des cartes va donner au récit une autre saveur, plus dramatique. D’ailleurs, il faut signaler ici que les dessins, signés Atsuki Kameya, que nous découvrons à cette occasion, jouent un certain rôle, pour que la saveur du manga dépasse celle de la simple adaptation. Une petite poignée de cases savent décrire ce qu’il faut de violence, sans en rajouter. Car un Coeurl, sorte de tigre à très longues moustaches, lâché dans une ferme à Chocobos, ça fait des dégâts…

Coeurl, Chocobo, Bombo, voilà des mots qui ne seront pas inconnus, pour les fans de la licence de Square Enix. Et c’est l’autre belle satisfaction de Final Fantasy : Lost Stranger Tome 1, sa propension à jouer avec les références. On avait un peu peur que les mangakas se sentent comme obligés d’en mettre un peu partout, à chaque case, afin de justifier leur maîtrise de la franchise. Heureusement, ici FF ne s’étale pas comme de la confiture, et se trouve une place toute naturelle : par le récit lui-même. Shogo est celui par qui le lecteur va se sentir aux premières loges, en décelant ça et là des éléments bien connus. Les cristaux ont bien entendu leur rôle à jouer, mais aussi certains pouvoirs. L’acuité et la combinaison rentrent en jeu, ce qui, par ailleurs, rapproche le manga de Final Fantasy 14, le deuxième épisode MMORPG de la licence.

Autant vous le confier : on ne s’attendait pas à grand chose, en découvrant ce manga. Les adaptations ne sont que rarement l’occasion de bons résultats, et le duo d’auteurs nous était inconnu. Mais Final Fantasy : Lost Stranger Tome 1 a su nous conquérir là où l’on ne l’attendait pas. Agréable à la lecture, évitant les répliques à rallonge ou les discours philosophiques sans grand intérêt, l’œuvre va droit au but : celui qui consiste à charmer les fans, tout en ne perdant pas les moins passionnés en route. Une lecture qui saura convaincre un large public, voilà qui était inattendu, et s’avère savoureux. On attendra tout de même la suite, afin de vérifier si le cheminement de Shogo évite le piège de la répétition. Bonne pioche, pour les éditions Mana Books (Dark Souls I et II : Design Works) qui, c’est à souligner, soignent l’objet, aussi bien dans la qualité du papier que de la traduction, signée Nesrine Mezouane.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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