[Bilan cinéma] Découvrez le Top/Flop 2024 de la rédaction

image pierre niney le comte de monte cristo
Copyright 2024 CHAPTER 2 – PATHE FILMS – M6 FILMS – FARGO FILMS

2024 : la bonne santé du cinéma français

Avec la grève des scénariste aux Etats-Unis, beaucoup de films américains ont été décalés. Une bonne chose ?  Clairement oui, car dans les tops des films au box-office 2024 en France, nous avons trois films et, surtout deux aux deux premières places, ce qui s’est rarement vu. Avec plus de 10 millions d’entrées, Un Ptit Truc en Plus a su conquérir le cœur du public et sera le grand gagnant de 2024. En seconde position, avec quasiment 10 millions d’entrées, Le Comte de Monte-Cristo. Une adaptation de trois heures du roman d’Alexandre Dumas qui aura conquis autant la critique que le public. Autre succès, qui arrive à la 5ème place, L’Amour Ouf. Si pour celui-là, la critique a été divisée, il aura tout de même enregistré quasiment 5 millions d’entrées. Avec 25 millions d’entrées à eux trois, on peut dire que le cinéma français se porte plus que bien. On en espère autant pour 2025.

Le reste du box-office est dominé par les quelques blockbusters (presque exclusivement des suites et des prequels), qui ont parsemé l’année : Vice-Versa 2, Vaiana 2, Moi, Moche et Méchant 4, Mufasa : Le Roi Lion, Dune – Deuxième Partie, Deadpool & Wolverine et Gladiator 2Autre que ce constat au box-office, nous avons eu des propositions intéressantes, comme les films primés à Cannes. Emilia Perez, Anora et The Substance ont su attirer notre intérêt.

Nous vous proposons donc de découvrir ci-dessous le Top 10 de la rédaction, établi à partir des plus hautes moyennes pour les films notés par 3 rédacteurs minimum.

Et, parce que Culturellement Vôtre c’est aussi des univers différents et des personnalités marquées au sein de notre équipe (et parce que nous n’avons pas tous vu les mêmes films non plus !), ce classement général est suivi d’une grille des notations pour les films notés par deux rédacteurs minimum, et du Top/Flop 2024 commenté de chacun.

Bonne lecture ! Nous vous souhaitons de belles découvertes cinématographiques en 2025 ! N’hésitez pas à nous partager vos coups de cœur et déceptions de l’année en commentaires. 

image zoe saldana emilia perez
Copyright PAGE 114 – WHY NOT PRODUCTIONS – PATHÉ FILMS – FRANCE 2 CINÉMA – SAINT LAURENT PRODUCTIONS – Shanna Besson

Le Top de la rédaction

Le Flop de la rédaction

  1. Megalopolis de Francis Ford Coppola (2,17/5 de moyenne sur 3 notes)
  2. Abigail de Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin (2,33/5 sur 3 notes)
  3. Les guetteurs de Ishana Night Shyamalan (2,5 /5 de moyenne sur 3 notes)
  4. The Apprentice de Ali Abbasi (2,67/5 de moyenne sur 3 notes)
  5. Ex-aequo Argylle de Matthew Vaughn, Les intrus de Renny Harlin et Twisters de Lee Isaac Chung (2,83/5 sur 3 notes)

La grille des notes de la rédaction

Découvrez les notes des rédacteurs pour tous les films vus par au moins 2 membres de la rédaction.

grille des notes cinéma 2024 de la rédaction de Culturellement Vôtre

image mark ruffalo pauvres créatures
Copyright Searchlight Pictures

Le Top/Flop de Guillaume Creis

Top sans ordre particulier

Mentions honorables : Le Comte de Monte-Cristo, Deadpool & Wolverine, En Fanfare, Iron Claw, Dune- Deuxième Partie, Black Flies, The Fall Guy, Vice-Versa 2, Kinds of Kindness, Le Royaume, Anora, The Substance et Tatami.

L’heure des tops est toujours une chose difficile. Si certains des films qui sont dans les mentions honorables auraient pu clairement être dans le top, notre choix a été fait. Chaque film de Robert Eggers est un délice visuel mais, avec Nosferatu, le réalisateur nous offre une superbe relecture moderne du classique de Murnau, avec un casting époustouflant. Lily Rose-Depp, magnifique, est la révélation du film. Autre film sorti en fin d’année, Conclave d’Edward Berger est un petit bijou,  autant au niveau du scénario, de la réalisation que de la magnifique prestation de Raph Fiennes. Maîtrisé de bout en bout. Yórgos Lánthimos nous aura offert deux films cette année, mais notre coup de cœur est allé à Pauvres Créatures. Sa version fantasmée, fantaisiste et féministe de Frankenstein est une comédie à l’univers visuel victorien baroque flamboyant et aux répliques et gags qui font mouche. Les chambres rouges de Pascal Plante nous aura séduits, autant par sa réalisation, par la complexité de ses personnages que le traitement de son sujet sur les serial killers.

La Zone d’Intérêt de Jonathan Glazer est un exercice de style qui nous aura marqués en ne montrant jamais l’horreur des camps de concentration, mais en l’entendant, tout en la mêlant au quotidien d’une famille. Glaçant. Sans jamais nous connaître (All of Us Strangers) d’Andrew Haigh aura su nous émouvoir par la relation d’amour entre deux hommes (Andrew Scott et Paul Mescal, magnifiques), mais aussi par le thème du deuil des parents. Un film tout simplement bouleversant. Avec Civil War, Alex Garland nous aura plongés dans l’horreur de la guerre du point de vue de journalistes. Une œuvre puissante, une expérience immersive violente, maîtrisée dans sa narration comme son propos, qui résonne comme une alerte.

Emilia Perez est pour nous le grand gagnant du Festival de Cannes 2024. Même s’il n’a pas eu la Palme D’Or, cette comédie musicale de Jacques Audiard est un petit bijou transcendé par ses actrices (qui ont reçu un prix collectif à Cannes pour leur prestation) et ce n’est pas fini car le film part en grand favori pour les Oscars. Le Robot Sauvage de Chris Sanders est tout simplement le meilleur film d’animation  de Dreamworks depuis la trilogie Dragons. Cette phrase résume tout. Un petit bijou. Enfin, Godzilla Minus One de Takashi Yamazaki prouve qu’avec le budget d’un Qu’est ce qu’on a fait au bon Dieu ? (environ 15 millions d’euros) on peut sortir un blockbuster de qualité, autant dans ce que raconte le film que du côté des effets spéciaux (justement récompensé de ce côté aux Oscars 2024).

Flops sans ordre particulier

On aurait pu mettre plus de films dans cette catégorie, mais cinq suffiront. Madame Web de S J Clarkson est la planche du cercueil du Spiderverse de Sony autant que Kraven The Hunter en est le clou. On ne retiendra rien du film, qui est vide au possible sur tous les plans. Production Blumhouse, Imaginary de Jeff Wadlow est sûrement le pire film d’horreur de l’année. Une histoire pas du tout prenante et un univers imaginaire cheap au possible mais, surtout, un long-métrage qui ne fait pas peur…

Y-avait il besoin de faire un remake au film culte The Crow d’Alex Proyas sorti en 1994 ? Nous pensions que non et cette version de 2024 réalisé par Rupert Sanders nous le confirme. Une histoire qui s’éloigne du comics mais, surtout, qui nous livre une histoire d’amour fade et un univers simplement inintéressant. Projet qui aura mis 40 ans à voir le jour, Megalopolis de Francis Ford Coppola est une fable bouffie. Bouffie de trop d’idées qui partent dans tous les sens. Un opéra qui s’effrite sous nos yeux. Un réel gâchis pour l’œuvre testamentaire d’un grand réalisateur.

Enfin, après le très bon Thanksgiving : la semaine de l’horreur en 2023, nous pensions qu’Eli Roth était de retour, mais que nenni. En 2024, ils nous aura offert l’une des pires adaptations de jeu vidéo avec Borderlands. Avec pourtant un casting de poids lourds, rien ne va dans ce film, que ce soit la réalisation, les effets spéciaux ou l’histoire.

laurie fortin-babin et juliette gariepy dans les chambres rouges de pascal plante
Copyright Nemesis Films inc

Le Top/Flop de Cécile Desbrun

Top sans ordre particulier

  • Nosferatu 
  • Conclave 
  • Pauvres Créatures 
  • Vampire humaniste cherche suicidaire consentant
  • Daaaali de Quentin Dupieux
  • La salle des profs d’İlker Çatak
  • Borgo de Stéphane Demoustier
  • Horizon une saga américaine – chapitre 1
  • The Substance

Mentions honorables : Heretic, Priscilla

Beaucoup de films très différents les uns des autres se détachent de ce top, avec peu de « gros » films cependant. On commence avec un gros coup de cœur pour deux propositions du cinéma indépendant québécois, Les chambres rouges et Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, qui se sont démarquées par leur intelligence, la singularité de leur approche et un jeu d’acteurs de haut niveau. Dérangeant, Les chambres rouges propose une réflexion assez vertigineuse sur notre rapport à la violence et aux crimes, mais aussi sur tout ce que nous pouvons projeter sur des figures « mystérieuses », qu’il s’agisse de tueurs… ou non. Comme la Laura Palmer de Twin Peaks (l’une des références du film de Pascal Plante), le personnage de Kelly-Ann nous hantera longtemps. Quant à Vampire humaniste…, les ados oublieront directement Twilight après l’avoir vu et les adultes, eux, apprécieront une œuvre aussi touchante que mordante sur l’amour et le désir entre deux êtres qui ne rentrent pas dans le moule d’une société violente et déshumanisée.

Également dans une tonalité satirique (cette fois-ci clairement réservée aux adultes), Pauvres créatures de Yorgos Lanthimos offre à Emma Stone le grand rôle qu’elle méritait et s’avère drôle et juste dans son absurdité et le décalage constant de son personnage principal. Une œuvre qui montre par l’humour noir et sur un mode métaphorique et philosophique, si besoin était, que le féminisme a toujours des raisons d’être. Continuons sur l’humour avec Daaaaaali ! de Quentin Dupieux. Une comédie qui, si elle n’a pas entièrement fait l’unanimité au sein de la critique (et au sein même de cette rédaction), m’a emballée, non seulement par son hommage inspiré à Dali, mais aussi par la réflexion qu’elle propose sur l’art, la vocation artistique, l’ego des artistes et le talent.

Parmi les films de genre marquants, le retour d’un Kevin Costner en grande forme derrière et devant la caméra avec la première partie de ce Horizon dont on espère bien voir la suite était une excellente et enthousiasmante nouvelle, avec un vrai sens de la narration et de l’image. Dans un tout autre univers, le thriller psychologique La salle des profs permettait de s’interroger sur le système éducatif et la précarité de son équilibre en plaçant une professeur dans une situation délicate par rapport à un élève… tout en tenant compte de l’ambivalence de son rôle et de sa position (davantage que dans Pas de vagues d’ailleurs, pendant français sorti cette même année), permettant de voir les différents points de vue des personnes impliquées, mais aussi les problématiques sous-jacentes.

Conclave a quant à lui prouvé qu’on pouvait faire un excellent thriller au sein du Vatican autour de thématiques politiques et religieuses contemporaines… sans le moindre meurtre ! En France, Borgo se penchait sur un service de prison ouverte en France et s’intéressait à la personnalité complexe d’une gardienne de prison, pour un polar psychologique de très haut vol passé presque inaperçu en salles de manière injuste.

Enfin, le cinéma fantastique a permis de bien terminer l’année. Coralie Fargeat a confirmé son talent de réalisatrice pop, mordante et engagée avec The Substance, film très cronenbergien (mais pas que) sur le ton d’un cruel et satirique conte de fées autour de l’âgéisme et ses ravages sur les femmes. Nosferatu, quant à lui, réussit le coup de force de ne pas avoir à rougir face à la version de Herzog avec Adjani, tout en se distinguant de ses prédécesseurs. Le film commence de manière douce voire presque tiède, mais lorsqu’il décolle, son imaginaire gothique se déploie avec une force assez impressionnante et nous emporte jusqu’à la toute fin pour nous laisser K.O.

Flops sans ordre particulier

Parce que j’ai vu moins de films cette année, ce flop 2024 est également plus réduit.

La plus grosse déception reste Blink Twice. Sur le papier, le premier long-métrage derrière la caméra de Zoë Kravitz avait tout du concept malin et intelligent : satirique et possédant différents niveaux de lecture (féministe, politique et symbolique). Hélas ! Trop cérébrale, l’idée ne passe pas une fois mise en images. Le soucis principal est que l’on a l’impression que, à force de trop vouloir retourner le male gaze contre un système patriarcal oppresseur, le film n’arrive jamais à choisir entre le rire noir de la satire (quand bien même celui-ci contient beaucoup de désespoir) et le cri de colère et d’indignation sincère. En adoptant pendant une assez longue partie du film le point de vue d’une femme entièrement conditionnée par le système et un agresseur, Blink Twice échoue à nous la rendre sympathique par manque de nuance et, lorsque le voile des illusions se déchire, la violence de la réalité vécue par les personnages ne nous prend jamais aux tripes. Si le discours sous-jacent du film justifie la dimension aseptisée de la première partie du métrage et rend le tout cohérent, le fait que ce sentiment demeure ensuite de manière constante pose un soucis de vraisemblance. Cette frilosité (qu’elle soit due au studio ou à la réalisatrice) nuit à la perception du film et à ce que l’on en retire. Cette première œuvre tend du coup à se retourner contre ses sincères intentions (notamment dans sa fin à froid) et laissera malheureusement de côté au moins une partie du public.

Après un Mad Max : Fury Road visuellement superbe et au rythme enfiévré mais dont l’histoire et la psychologie des personnages tenaient sur un timbre poste, Furiosa, tout en étant narrativement plus développé (et donc abouti malgré des incohérences et aberrations qui laissent quelque peu perplexes), déçoit également au sens où il ne nous apprend rien de véritablement neuf et demeure étrangement assez lisse pour un film de George Miller. Le film se laisse regarder et n’est pas mauvais en soi face au tout-venant du film d’action actuel, mais n’en demeure pas moins très en-deçà du niveau de la saga.

Pour être tout à fait honnête, je ne pense pas que j’étais le public-cible d’Alien Romulus, qui se présente ouvertement comme un reboot condensant les opus de la saga originelle en mode Stranger Things afin d’attirer un public plus jeune ne connaissant pas les films originaux. Malgré quelques jolis plans et moments, ce métrage n’apporte rien de neuf et apparaît bien lisse et fade par rapport aux films de la saga.

image kevin costner chapitre 1 une saga américiane horizon
Copyright Metropolitan FilmExport

Le Top/Flop de Mark Wayne

Tops (sans ordre particulier)

Horizon – chapitre 1

Horizon, la dernière contribution de Kevin Costner au genre, n’est certes pas sans défauts, avec une écriture et un rythme un peu trop « sériel », mais l’ensemble tient néanmoins ses promesses au niveau des personnages et de la réalisation. Si on n’atteint pas l’excellence de Danse avec les loups ou Open Range, également réalisé par Costner, on tient tout de même l’un des meilleurs métrages de 2024 et on espère connaître la suite un jour au cinéma – 3 métrages supplémentaires étaient initialement prévus.

Le Comte de Monte Cristo d’Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte

Malgré déjà bon nombre d’adaptations (dont la plus célèbre demeure celle avec Jean Marais en 1954), Le Comte de Monte Cristo reste l’une des œuvres les plus fascinantes d’Alexandre Dumas (avec Les Trois Mousquetaires) et ne cesse de connaître régulièrement au fil du temps de nouvelles mise à jour.

Pour cette version 2024, les réalisateurs Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte ont décidé d’y mettre les moyens d’une production à l’américaine, et cela se ressent à l’image. Si les fastes visuelles et les reconstitutions nous enchantent la rétine, c’est bien du côté des interprétations que le film emporte notre adhésion, y compris celle de l’interprète principal Pierre Niney, dont le physique trop malingre ne correspondait pas à l’origine au rôle.

Bien que certaines maladresses plombent un peu notre plaisir (une cache au trésor trop visible, un Monte Cristo à peine défiguré par sa longue incarcération, de longs passages du roman éludés…), l’ensemble tient la route, aidé en cela par un rythme narratif très bien équilibré.

Beetlejuice, Beetlejuice de Tim Burton

Peu habitué au concept des séquelles, il aura fallu plus de 35 ans au réalisateur Tim Burton pour nous offrir le retour d’un des personnages phare de sa filmographie.

Grossier, dépravé, obsédé sexuel et pourtant terriblement drôle, le personnage de Beetlejuice, toujours brillamment interprété par Michael Keaton, revient pour notre plus grand plaisir. Pourtant, l’époque ayant changé (et pas forcément en bien), il était normal de craindre que le côté « méchant » de l’œuvre originelle n’ait été édulcoré entre temps. Fort heureusement, Tim Burton parvient à trouver le bon équilibre en ménageant la chèvre et le choux, tout en conservant « l’ADN » de son sujet.

Bien sûr, le métrage n’est pas parfait (comme l’original) et possède des problèmes de rythme dus en partie à des sous intrigues trop nombreuses et pour la plupart inutiles, ainsi que des interprétations parfois trop cabotines (n’est pas Michael Keaton/ Beetlejuice qui veut). Néanmoins, sur l’ensemble, le charme opère, au point de nous faire espérer un troisième volet pour boucler le cycle narratif.

Deadpool et Wolverine de Shawn Levy

Dieu sait que l’auteur de ces lignes, bien que grand amateur de comics, n’est pas un grand fan des adaptations Marvel sous la houlette de Disney.

Néanmoins, il existe, comme souvent, quelques exceptions à cette règle (comme Les Gardiens de la Galaxie ou Iron Man premier du nom) et Deadpool et Wolverine en fait clairement partie. Non pas que le métrage raconte grand chose (en fait, il ne raconte narrativement presque rien) mais, contrairement à beaucoup de ses prédécesseurs, il assume son vide narratif à son avantage en transformant son propos en une série de sketchs oscillant entre le méta, l’hommage et la contrition (le nombre d’allusions aux échecs et incohérences de Marvel et de la Fox avant son rachat sont légion), au point de dégager une sincérité et une honnêteté désarmantes.

A travers les très bonnes interprétations du casting (Ryan Reynolds et Hugh Jackman en tête), un humour omniprésent mais souvent subtil (devenant ainsi l’antithèse de Thor Ragnarok et, surtout, de sa suite Thor: Love and Thunder) et une bonne humeur communicative, le métrage emporte l’adhésion et pourrait servir de bilan à l’ensemble des années Marvel / Fox.
A tel point qu’au vu de la baisse d’intérêt et de fréquentation actuelle pour ce genre de films, il ne serait pas inintéressant de réétudier ce métrage dans quelques années pour vérifier s’ il n’a pas été annonciateur de la fin d’une ère.

Juré n°2 de Clint Eastwood

Chaque nouveau métrage de Clint Eastwood représente un micro événement tant le personnage,  au fil d’une carrière bien remplie, que ce soit en tant qu’acteur ou réalisateur, a acquis le statut de légende vivante du cinéma.

C’est pourtant avec un petit film « mineur » qu’il nous revient en 2024. Mineur, mais dont le fond du propos nous interpelle en questionnant notre propre conscience. En plaçant son sujet via le regard du fameux juré n°2 (impeccable Nicholas Hoult), membre d’un jury qui doit statuer sur le sort d’un accusé que tout désigne alors qu’on se doute qu’il est innocent, Clint Eastwood nous oblige, par le biais d’une ambiguïté constante des personnages et, en particulier, du protagoniste et de la procureure (très bonne composition de Toni Collette), à nous demander comment nous réagirions à leur place.

Découpé en deux parties distinctes avec, d’abord, le procès lui-même, puis les délibérations du jury (cette partie rappelant d’ailleurs beaucoup, sous certains aspects, le cultissime Douze hommes en colère), le métrage maintient la pression jusqu’à une conclusion qui ne satisfera pas tout le monde, mais qui a le mérite de rester cohérente par rapport à l’ensemble de son message.

Nosferatu de Robert Eggers

Nosferatu, le non-mort, une appellation bien connue de la première figure du vampirisme au cinéma via la célèbre adaptation non officielle du roman Dracula par Friedrich Wilhelm Murnau en 1922 suivi par celle de Werner Herzog en 1979.

Deux films qui, bien que traitant du même sujet, possèdent chacun de grandes qualités qui les rendent toujours aussi fascinants. La mission de Robert Eggers était donc particulièrement délicate et pourtant, il s’en sort avec les honneurs en parvenant à imposer son univers tout en respectant le matériel d’origine. Plus encore, il parvient à composer dans ses inspirations un mixte entre les deux précédentes versions, ainsi qu’avec le roman d’origine.

Malgré quelques menus défauts scénaristiques (quelques longueurs, des problèmes de temporalité, des ajouts dispensables….) l’ensemble se tient grâce à la reconstitution pointue de l’époque, la magnifique photographie, ainsi que des interprétations au cordeau. Tout au plus peut-on regretter celle de Bill Skarsgård pour Nosferatu lui-même car, si elle ne démérite pas, elle fait davantage du personnage un boogeyman sans ambiguïté – contrairement aux précédentes versions.

Late Night with the Devil de Cameron et Colin Cairnes

Late Night with the Devil fait partie de ces petits films discrets à leur sortie dont on n’attend souvent pas grand chose, mais qui piquent notre curiosité par leur sujet.

Dans le cas présent, c’est une bonne surprise à laquelle nous avons affaire tant le métrage, malgré le classicisme de son sujet, parvient à nous tenir en haleine.

Prenant place en 1977 lors d’un talk-show américain dont la diffusion, durant un soir d’Halloween, a abouti à des phénomènes paranormaux meurtriers, le métrage entretient l’ambiguïté pendant un long moment sur les événements qui se déroulent sous nos yeux et, par le biais de plusieurs flashbacks, sème de nombreuses pistes – dont certaines resteront sans réponses concrètes.

Porté par un David Dastmalchian impérial (l’un des acteurs contemporains les plus sous-estimés de sa génération), l’histoire déroule son sujet pour aboutir à une conclusion peut-être trop démonstrative, mais qui a le mérite d’étaler une cruauté sans équivoque. A réserver aux amateurs de films de genre, qui ne seront certainement pas déçus.

Flops (sans ordre particulier)

SOS Fantômes : La menace de glace de Gil Kenan

Lorsque le remake SOS Fantômes : l’Héritage en 2021 est sorti au cinéma, il y avait clairement tout à craindre tant les réadaptations modernes des classiques des années 80 ont tendance à terminer leurs carrières au fond des poubelles de l’histoire. Si le métrage tombait à peu près dans tous les pièges (jeunisme, nostalgie bon marché, gags répétitifs..) il possédait tout de même un semblant d’âme et utilisait l’ancienne garde avec respect, ce qui le laissait à la croisée des chemins pour une suite.

Las, ladite suite a emprunté le mauvais et tous les défauts du précédent sont désormais exacerbés avec, en prime, des nouveaux personnages définitivement sans relief, voire carrément saoûlants à la longue.

L’intrigue, elle, ressemble à un copier-coller de ce qui a déjà été fait maintes et maintes fois (en moins bien) et l’ancien casting ne semble plus là que pour toucher son chèque (mention spéciale à Bill Murray, dont l’apparition soudaine relève du cynisme absolu).

SOS Fantômes : La menace de glace confirme donc une fois de plus que certaines icônes d’antan feraient mieux d’être laissées tranquilles si c’est pour les sortir du placard animé d’intentions mercantiles mais sans talent ni ambitions artistiques.

Blink Twice

Première réalisation de l’actrice Zoë Kravitz, Blink Twice est un thriller ressemblant à un épisode allongé de La quatrième dimension, saupoudré des thématiques désormais bien usées du féminisme et de la toxicité masculine.

Non pas que le propos ne soit pas basé sur certains faits ancrés dans la réalité, mais le scénario enfonce le clou de manière extrêmement maladroite, que ce soit via le traitement de ses personnages ou sa narration trop longue. Le tout jusqu’à une conclusion aussi invraisemblable que totalement à contre courant du message que la réalisatrice cherche à faire passer…ou pas mais, dans ce cas, c’est encore pire et confirmerait les dires de beaucoup qui pensent que les bobos d’Hollywood devraient s’abstenir de parler de sujets de société qui les dépassent totalement.

Reste tout de même de bonnes interprétations, comme celle de Channing Tatum, et cela malgré des personnages la plupart extrêmement unidimensionnels, ainsi qu’une intéressante aura de mystère qui tient la route pendant la première moitié du métrage.

C’est peu et pas très encourageant pour la suite de la carrière de Zoë Kravitz derrière la caméra.

Salem de Gary Dauberman

Malgré une carrière d’écrivain plutôt très bien remplie, il existe certains romans de Stephen King qui se détachent de la norme par leurs qualités d’écriture et le rythme implacable de leur narration.

Jerusalem’s Lot fait partie de ceux là et les studios ne s’y sont pas trompé en ayant déjà tenté de l’adapter via une mini série de 184 minutes réalisée par Tobe Hooper en 1979 (suivi d’une séquelle en 1987) et une autre en 2004, réalisée par Mikael Salomon.

Si ces deux adaptations pouvaient respectivement comporter de menus défauts, elles étaient globalement très efficaces car très respectueuses du matériel d’origine, en affichant pour cela des durées suffisantes pour poser subtilement les enjeux narratifs avant de faire monter crescendo la tension et le suspense. Pour une adaptation directement au cinéma, le risque qu’il aurait fallu prendre aurait été de proposer un métrage d’au moins trois heures pour avoir une chance de rendre grâce au roman.

Cette cuvée 2024 ne faisant qu’à peine 1h45, tout le château de cartes s’écroule presque d’entrée de jeu et on se demande bien pourquoi un studio a pu s’embarquer dans une entreprise aussi bancale. Les interprétations ne sont pas toutes au diapason (la faute aussi à un scénario qui ne leur laisse pas le temps d’exister) et ressemblent à un cahier des charges paritaire réalisé dans un but plus commercial qu’artistique.

Le seul point à sauver serait une scène d’enlèvement dans les bois qui, filmée dans un clair obscur magnifique, rappelle (modestement) La nuit du chasseur de Charles Laughton.

Cette séquence nous évoque un court instant ce que le métrage aurait pu être s’ il n’avait pas été dénué d’ambition.

Alien Romulus

Certainement le rendez vous manqué de 2024 (même si la saga Alien s’est déjà perdue depuis bien longtemps) car, sur le papier, il subsistait un espoir pour, qu’à défaut d’égaler les premiers opus (un objectif qui ne cesse de s’éloigner), cette nouvelle itération 2024 puisse revenir aux sources grâce à une histoire indépendante – c’est comme ça que le film a été vendu.

Malheureusement, passé une première partie qui semble tenir ses promesses mais qui nous permet également de découvrir une distribution totalement dénuée de charisme, les problèmes n’auront de cesse de s’accumuler par la suite. Déjà, comme nous l’avons dit, le casting ne fait pas rêver mais, en plus, les interprétations sont très plates, à l’exception de celle de David Johnson dans celui de l’androïde Andy, qui a le mérite d’essayer.

Ensuite, nous arrivons au second (gros) point noir du film : il ne s’agit pas d’une histoire nouvelle, ni même d’une tentative de raconter quelque chose, mais juste un pompage éhonté des opus 1 et surtout 2. Un pompage assumé par le réalisateur qui ne se limite pas à ramener un personnage ou deux, ni même à réutiliser certains décors des originaux – là, on pourrait encore qualifier cela d’hommage pour s’en sortir – mais carrément des scènes copiées collées (en moins bien) et des lignes de dialogues cultes entièrement reprises et réutilisées, d’une façon si artificielle que cela en est pathétique. Ajoutons à tout cela que le suspense est nul et qu’on se fiche totalement du destin des personnages, et on ne pourra garder de cet Alien Romulus que quelques beaux décors.

Une suite étant néanmoins prévue avec quasiment la même équipe, on peut dire sans se tromper que cette fois encore, personne ne vous a entendu crier.

The Crow

Sans doute le plantage n°1 de 2024 (pourtant il avait de sérieux rivaux). Nouvelle adaptation cinématographique de la série de comics du même nom après l’excellente version de 1994 d’Alex Proyas et le regretté Brandon Lee dans le rôle-titre.

Ce métrage devenu culte au fil des ans n’avait certainement pas besoin d’un remake tant son univers clipesque et sombre demeurait une découverte toujours d’actualité.

Mais les studios en ont décidé autrement pour aboutir à un massacre en règle du projet, alors que les trois suites du métrage d’origine avaient déjà réussi à égratigner le mythe, mais sans jamais oser tomber dans une telle nullité. En fait c’est simple : il n’y a strictement rien à sauver dans le traitement de ce The Crow 2024. Les acteurs sont mauvais, que ce soit Bill Skarsgård (pas dénué de talent au demeurant, mais clairement surcoté), FKA Twigs (aussi touchante et sensuelle qu’une brique) et le d’habitude très bon Danny Huston, manifestement juste là pour toucher son chèque tant sa menace n’arrive pas à la cheville de celle de Michael Wincott, l’antagoniste du premier opus. L’autre égaré du casting, c’est le pauvre Sami Bouajila dans le rôle d’un mentor parfaitement inutile à l’histoire.

C’est d’ailleurs l’un des points les plus choquants de ce métrage : l’ajout de scènes et d’une narration sans doute pensée pour étoffer le mythe, mais qui s’avèrent toutes inutiles, maladroites ou le plus souvent mauvaises. L’histoire d’amour (aucunement touchante) tire en longueur et les enjeux sont totalement absents car le réalisateur n’a pas su apporter à l’invincibilité de son personnage d’autres ennemis que lui-même, ce qui rend les scènes d’action profondément ennuyeuses. L’ajout des décors du purgatoire ressemble à celle d’un direct-to-video fauché et les idées de réalisation sont aux abonnées absentes.

Bref, revoyez la version de 1994 – vous pouvez même essayer les suites, aussi mauvaises soient-elles, vous les revaloriserez par rapport à celle ci – et épargnez-vous ce navet indigne.

Civil War d’Alex Garland

Les tensions politiques aux Etats-Unis durant les récentes élections américaines ont dévoilé un profond clivage au sein de la population, au point que la possibilité d’une nouvelle guerre civile a fait son chemin dans l’esprit de certains – et en particulier des scénaristes d’Hollywood.

Scénaristiquement justement, le problème tient au fait que le traitement possède un parti pris pas totalement assumé, avec un président totalitaire faisant apparemment écho à Donald Trump (vu qu’il a malgré tout été élu, on peut douter de l’objectivité du film vis-à-vis du ressenti populaire), mais que le métrage dresse en parallèle un certains nombre de factions – certaines ridicules, comme une alliance entre la Californie et le Texas brisant naïvement les fondements des clivages du monde réel – dont on ignore les buts, les motivations et les éventuels désaccords, comme pour soigneusement éviter de vexer qui que ce soit.

C’est dommage, car l’idée en soi n’était pas mauvaise et moins invraisemblable que l’excellent L’aube rouge de John Milius (une invasion sur le sol américain par la Russie et ses alliés) qui, en définissant clairement les forces en présence, gagnait en efficacité.

On se retrouve donc sans réels enjeux, car on ne comprend pas vraiment ce qui se passe au pays de l’oncle Sam, même si on imagine que le message pourrait être que la guerre n’a pas de sens ou de visage (ce qui est faux dans la pratique).
Malgré de solides interprétations, la caractérisation des personnages manque également de profondeur et d’empathie (en particulier sur la fin) et enfonce le clou d’un métrage manquant clairement d’ambition ou de jusqu’au boutisme vis-à -vis de son engagement pourtant visible.

image lily rose depp nosferatu
Copyright 2023 FOCUS FEATURES LLC. ALL RIGHTS RESERVED.

Le Top/Flop de Lucie Lesourd

Top (sans ordre particulier)

          • Les Chambres rouges
          • Emilia Perez
          • Nosferatu
          • Juliette au printemps de Blandine Lenoir
          • Il reste encore demain de Paola Cortellesi

Si 2024 compte bon nombre de coups de cœur, parmi lesquels le brillant et féministe film italien Il reste encore demain, de Paola Cortellesi, l’épique Le Comte de Monte Cristo, le lumineux et émouvant Juliette au printemps ou encore la glaçante Zone d’intérêt, mon top 3 se démarque assez vite, tant ces longs-métrages m’ont à la fois bouleversée et marquée, se hissant immédiatement au palmarès de mes films préférés de tous les temps.

Énorme claque, d’une richesse et d’une profondeur incroyables, Les Chambres rouges est le genre de films qui ne laisse personne indifférent, et qui suscite immédiatement la réflexion et le débat. Dérangeant, viscéral et intrigant, formidablement interprété par une Juliette Gariepy au sommet de son art, le long-métrage de Pascal Plante questionne le rapport à l’image, la fascination pour l’horreur et le voyeurisme avec une mise en scène glaçante et magistrale.

Beaucoup plus coloré et exubérant, mais tout aussi intelligent, Emilia Perez est une comédie musicale au pitch étonnant, qui révolutionne le film de cartel pour donner lieu à une œuvre dense et complexe, aux confins de différents genres. Porté par des actrices flamboyantes, pour qui le Prix d’interprétation à Cannes est amplement mérité, une superbe bande originale et la mise en scène virtuose de Jacques Audiard, Emilia Perez est une œuvre importante, tant par le message de tolérance et de liberté qu’il délivre que par sa maestria technique et artistique.

Le dernier film de ce top s’y glisse in extremis, à la toute fin du mois de décembre, comme l’avait fait Vermines pour l’année 2023. Il s’agit de l’incroyable Nosferatu de Robert Eggers, à l’atmosphère macabre et délicieusement gothique. S’il semblait impossible de renouveler le film de vampires, Eggers a plutôt choisi de le sublimer, avec un magnifique hommage à l’original de Murnau, dans ses couleurs fanées à la limite du noir et blanc, avec un casting très incarné et une mise en scène somptueuse et picturale. A ne surtout pas manquer dans cette période bien chargée des fêtes de Noël !

Flop (sans ordre particulier)

          • Challengers
          • Megalopolis
          • Le Successeur
          • Abigail
          • Les Guetteurs

Ce constat des plus positifs aurait pu suffire, mais puisqu’il est de mise de parler des déceptions, voici mes flops de 2024. Parlons tout d’abord des films pour lesquels je n’avais aucune attente, et qui n’ont donc fait que confirmer ma méfiance initiale : il y eut par exemple Abigail, comédie horrifique totalement ennuyeuse au scénario paresseux, ne procurant pas plus de rires que de frissons, ou encore Les Guetteurs, d’Ishana Night Shyamalan, dont le pitch alléchant n’a malheureusement pas tenu ses promesses et s’est révélé totalement dispensable.

L’enjeu n’était pas le même pour Challengers, de Luca Guadagnino, dont j’avais adoré l’excellent et immersif Call Me by Your Name, ou pour Megalopolis de Francis Ford Coppola, dont la renommée parle d’elle-même. Ces deux films, pour des raisons très différentes, n’ont clairement pas comblé mes attentes, qu’il s’agisse d’un manque total d’émotions pour le premier, ou d’une incompréhension totale doublée d’un ennui poli pour le second. Et que dire, enfin, du Successeur de Xavier Legrand, qui m’a totalement perdue avec son scénario peu crédible, à la limite du grotesque, n’en rendant que plus amère ma déception face à un film, par ailleurs, superbement mis en scène et remarquablement interprété. Trois grosses déceptions qui auront marqué une année par ailleurs très variée et agréablement prolifique, avec cependant un léger manque de films fantastiques ou de blockbusters séduisants.

demi moore au moment de la transformation dans le film the substance de coralie fargeat

Le Top/Flop de Théo Porez

Top

  • Napoléon vu par Abel Gance
  • No Other Land de Basel Adra
  • The Substance
  • Le Robot Sauvage de Chris Sanders
  • Leni Riefenstahl, la lumière et les ombres d’Andres Veiel
  • Les Graines du Figuier Sauvage de Mohammad Rasoulof
  • City of Darkness de Soi Cheang
  • Love Lies Bleeding
  • Dune – Deuxième Partie de Denis Villeneuve
  • Anora

Une année 2024 forte en émotions – la meilleure pour le cinéma depuis 2019 sur le territoire français. Nous ne pouvons ici que nous en réjouir, apprécier le nombre d’entrées, autant que la pluralité de propositions toujours vivaces sur notre territoire. Ayant passé la majeure partie de 2024 aux États-Unis, revenir au pays en fin d’année m’a permis de constater que le cinéma français et les programmateurs courageux proposent des choses que, parfois, le cinéma américain ne propose pas. La première place de ce top, fruit de l’expérience de la Cinémathèque Française et d’un travail de reconstruction exigeant, est indéniablement une réussite Made in Hexagone. La diffusion des documentaires comme No Other Land (toujours pas disponible aux USA légalement) et Leni Riefenstahl : La lumière et les ombres, terriblement actuelle, semble manquer au pays de L’oncle Sam. Espérons que le 1er pays exportateur de cinéma mondial arrive à se relever d’une année plutôt médiocre en termes de blockbusters et continue à soutenir et produire quand même des films plus indépendants et courageux dont l’Amérique semble avoir besoin plus que jamais.

Napoléon vu par Abel Gance (2024)

Cette restauration titanesque du film de 1927 entreprise il y a plusieurs années par la Cinémathèque Française a enfin été diffusée l’année dernière. Dans cette nouvelle restauration, plusieurs minutes cruciales sont ajoutées au film, en changeant, de fait, le sens profond. J’avais déjà vu le film dans sa version restaurée par la BNF, mais le voir au cinéma dans sa version définitive a été une toute autre expérience. On passe d’un film entièrement bonapartiste à un portrait beaucoup plus nuancé. Le métrage est toujours d’une modernité frappante grâce à sa mise en scène et à son montage qui illustre magistralement ce qui se passe dans l’esprit de Napoléon et ce qu’il représente pour les Français de l’époque. Le film critiquera cette figure tout en l’iconisant grandement à certains moments pour mieux nous prévenir des dangers d’un leader charismatique et tout puissant. Dommage que Gance n’ait jamais pu achever les autres films de sa saga sur l’une des figures les plus polarisantes de l’histoire de France.

No Other Land

Un documentaire qui prend aux tripes, racontant la colonisation en Cisjordanie de l’armée israélienne. Le film se déroule du point de vue d’une famille qui va devoir lutter pour garder sa terre. Ils seront aidés par un journaliste israélien qui va répertorier et filmer leur souffrance. Ce qui rend ce film intéressant, c’est ce récit qui se déroule à l’intérieur d’une famille. Ils sont notre ancrage émotionnel pendant la durée du film, nous partageons leurs vies. La caméra étant à la première personne, nous sommes donc immergés dans les événements en temps réel. Les deux personnages principaux, issus chacun d’une communauté différente, offrent des dialogues percutants sur la nature de la relation colons/colonisés, sur l’utilisation de la violence ou encore sur le droit journalistique. On ressort de ces deux heures avec un grand sentiment d’injustice et l’envie de faire avancer les choses à notre niveau en sensibilisant d’autres personnes aux problèmes pressants que rencontre la population palestinienne.

The Substance

Réalisé par la Française Coralie Fargeat, ce second film ravira les amateurs de body horror. Nous sommes plongés dans un star system impitoyable, forçant les femmes à l’injonction masculine de ce qui est perçu comme la vision de la beauté et de la perfection. Ici, la réalisatrice critique fortement ce système en utilisant le cinéma de genre. On montre que ce mode de pensée pèse lourd sur les femmes, les amenant à se détester elles-mêmes. La substance éponyme, sorte de fontaine de jouvence des temps modernes, permet de jouer avec les corps, de faire ressortir la brutalité d’un corps maltraité qu’on force à ne jamais changer. Les maquillages sont sublimes, les actrices offrent de superbes scènes de malaise, et le message lie parfaitement le tout au genre du film. Un des grands films féminins de l’année.

Le Robot Sauvage

Un des bijoux d’animation du studio DreamWorks. Après le très médiocre Kung Fu Panda 4 qui n’était bon qu’à recycler d’anciennes formules, ici le studio ose créer une nouvelle forme, une nouvelle franchise, abordant excellemment bien les thèmes de la maternité et du deuil, ainsi que de la force du collectif. Porté par une animation digne du Chat Potté 2 et une musique très émouvante avec des thèmes qui resteront en tête, c’est indéniablement une réussite. Impossible de ne pas pleurer.

Leni Riefenstahl, la lumière et les ombres

Film documentaire d’Andres Veiel sur la célèbre propagandiste du Reich qui a passé l’après-guerre sur les plateaux TV. Riefenstahl revient sur des questionnements fondamentaux entre l’art et la politique :

– Est-il possible de séparer les deux ?

– Peut-on seulement faire des films comme Le triomphe de la volonté sans adhérer à l’idéologie raciste et xénophobe du fascisme ?

La réponse du film est claire : Non !

Le réalisateur, à l’aide des archives disponibles, va prouver méthodiquement que Leni Riefenstahl était une Nazie convaincue qui a esthétisé et donné une représentation du régime nazi qui nous poursuit encore aujourd’hui quand nous pensons à ce qu’était ce mouvement. Ce qui fait particulièrement froid dans le dos, c’est de voir la contradiction entre ses apparitions télévisées où elle joue à l’ingénue et les conversations téléphoniques qu’elle entretient avec Albert Speer ou avec ses fans néonazis. C’est le genre de documentaire dont nous avons besoin pour nous rappeler que ces formes de haine ne sont jamais entièrement vaincues et qu’un travail de tous les jours est nécessaire pour empêcher la peste de revenir contaminer les esprits.

Flop

Alienoid – L’Affrontement

Un film médiocre, suite d’un pourtant bon premier film. Si le précédent était un « chouette nanard » ici, c’est clairement juste un mauvais film. Les promesses du premier opus sont gâchées, les personnages n’évoluent pas, les twists sont téléphonés et les combats beaucoup moins créatifs et plus répétitifs. Une énorme déception.

Godzilla x Kong : Le Nouvel Empire

Il faut demander aux Américains d’arrêter de torturer les deux personnages les plus iconiques du cinéma de monstres dans des blockbusters moches et mal mis en scène. Le film est long, sans intérêt, à peine divertissant. Pire que le premier qui pouvait être drôle ici, on souffle, on dort et on est plus passionnés par le fond du pot de popcorn à l’effigie du personnage que par la monstruosité des effets spéciaux et des blagues qu’on a à l’écran. Comprendre pourquoi les gens ont applaudi dans la salle Imax où j’étais reste le plus grand mystère de 2024.

Kung Fu Panda 4

Si Le Robot Sauvage était le renouveau de DreamWorks, la formule des suites à outrance touche indéniablement à sa fin. La magie n’est plus là, les personnages sont lourds, le scénario est un enchaînement de clichés… En espérant qu’il s’agisse du dernier opus de cette saga, qui avait pourtant été l’une des meilleures du studio.

Piece By Piece

Si ce n’était pas fait en Lego, j’aurais quitté la salle.

Civil War

Ayant rattrapé ce film chez moi, je n’ai sans doute pas pu bénéficier de l’immersion de la salle de cinéma. J’ai trouvé le film basique. La mise en scène est pauvre, sans grande fulgurance. Quelques scènes sortent du lot. Mais les personnages ne sont pas suffisamment développés pour être attachants. Le sujet est intéressant, mais pas suffisamment approfondi. Un film pour lequel j’avais beaucoup d’attentes, ce qui a sans doute joué dans la déception.

Et maintenant, on fait quoi ?

L'équipe de Culturellement Vôtre vous remercie pour vos visites toujours plus nombreuses, votre lecture attentive, vos encouragements, vos commentaires (en hausses) et vos remarques toujours bienvenues. Si vous aimez le site, vous pouvez nous suivre et contribuer : Culturellement Vôtre serait resté un simple blog personnel sans vous ! Alors, pourquoi en rester là ?

+1 On partage, on commente

Et pour les commentaires, c'est en bas que ça se passe !

+2 On lit d'autres articles

Vous pouvez lire aussi d'autres articles de , , , , et .

+3 On rejoint la communauté

Vous pouvez suivre Culturellement Vôtre sur Facebook et Twitter (on n'a pas payé 8 euros par mois pour être certifiés, mais c'est bien nous).

+4 On contribue en faisant un don, ou par son talent

Culturellement Vôtre existe grâce à vos lectures et à l'investissement des membres de l'association à but non lucratif loi 1901 qui porte ce projet. Faites un don sur Tipeee pour que continue l'aventure d'un site culturel gratuit de qualité. Vous pouvez aussi proposer des articles ou contribuer au développement du site par d'autres talents.

S’abonner
Notification pour

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x