Caractéristiques
- Editeur : Solar
- Date de sortie en librairies : 24 mai 2017
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 160
- Prix : 14,90€
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 6/10 par 1 critique
Un témoignage important pour le sport sur petit écran
Le sport, c’est évidemment affaire de sportifs… mais pas que. Depuis que le progrès a su déplacer les compétitions jusque dans le salon des supporters, via la télévision, il n’est pas rare que certains journalistes aient aussi atteint une certaine notoriété. On pense évidemment à Nelson Monfort, Thierry Gilardi, Thierry Roland, Georges Eddy, Patrick Montel, ces voix sont telles qu’elles ne peuvent qu’être associées aux sports commentés. Et Pierre Fulla fait indéniablement partie de ces personnalités, ce que le livre Ici à Nagano, sorti chez Solar (OM : enquête sur le club qui rend fou, Je lâche mes coups) souligne bien.
Ici à Nagano est, à bien des égards, un livre d’intérêt. Sa première force est, évidemment, de graver noir sur blanc la carrière de Pierre Fulla, commentateur dont le timbre de voix nous revient vite en mémoire, sans doute plus rapidement que le nom par ailleurs. Si vous avez plus de vingt ans, il est probable que vous ayez connu la bonne époque des Guignols de l’info, en plein 1998. Pas seulement un grand millésime footballistique, non, cette année fut aussi celle des Jeux Olympiques de Nagano. Et Pierre Fulla en est devenu la voix officielle, grâce (ou à cause) du show de Canal +, qui en fera une véritable star pendant deux semaines.
Mais au-delà de cette notoriété soudaine, qui est Pierre Fulla ? Ici à Nagano répond à cette question, en replaçant le contexte patiemment. En effet, on prend le temps de s’intéresser au cheminement de cet homme, depuis son enfance à Casablanca, jusqu’à sa retraite (très active) de Saint-Maur. Et entre ces deux instants, une vie palpitante. Pierre Fulla (avec la collaboration de Hugues Berthon) la raconte en évitant en partie l’aspect chronologique, au profit d’une construction moins narrative. Bien entendu, chacun des chapitres avancent dans le temps, mais le but est moins de raconter son histoire que de témoigner de son vécu. Une décision bien sentie, qui accouche d’une forme agréable à lire. D’autant plus que le rythme est bon, et la substantifique moelle bien condensée dans les 160 pages de l’ouvrage
Une bonne construction pour une autobiographie intéressante
Ici à Nagano, ce n’est pas spécialement un livre qui se voudrait explosif, encore que le chapitre sur le dopage est assez terrible, notamment pour l’haltérophilie (ah, l’équipe nationale bulgare…). Mais tout de même, on se régale de certains témoignages, notamment dans le septième chapitre (À l’ombre des géants de la télé), qui nous procure une description peu reluisante de Léon Zitrone, du moins hors du monde professionnel. Sa description de Thierry Roland vaut aussi le détour, et confirme que ce journaliste était bien plus que le footeux limité qu’on a bien voulu nous raconter. On pensera aussi à ce chapitre qui nous éclaire sur certaines des disciplines les plus étranges commentées par Pierre Fulla (le trampoline par exemple), ou celui qui nous présente quelques champions qu’il a rencontré, comme Michel Platini et Fabrice Bénichou. L’auteur ne risque aucun procès avec ce qu’il lâche, certes, mais les anecdotes ont tout de même de quoi retenir l’attention.
Ici à Nagano est un ouvrage doublement utile donc, qui présente plus en profondeur une voix du sport bien connue, tout en opérant un focus sur une profession un peu mal menée actuellement. Sachez, enfin, que Michel Drucker ouvre le livre par une préface qui a le mérite de bien poser l’homme Pierre Fulla, bien plus qu’un simple one shot sur les JO de 1998. On remarque, enfin, une certaine nostalgie, peut-être même une pointe de regret quand, pris par une réflexion sur lui-même, l’auteur confie qu’il « brassait du vent ». Certainement que la période post-Nagano, difficile dans le relationnel avec les dirigeants de Stade 2, a pas mal pesé sur ses épaules. On sera tout de même beaucoup moins sévère que lui, en lui signifiant que son ouvrage démontre justement le contraire…