Caractéristiques
- Auteur : Catamalou (texte) & Edith (dessin)
- Editeur : Soleil
- Collection : Noctambule
- Date de sortie en librairies : 15 mai 2019
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 104
- Prix : 22,95€
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- Note : 7/10 par 1 critique
Un comic strip centré sur les remarques existentielles d’une petite fille
L’exercice du strip est un art délicat qui nécessite une sacrée dose de talent : il faut après tout condenser une histoire ou un gag en une bande de 4 cases, ni plus ni moins.
Si les références absolues en la matière restent Snoopy et Calvin et Hobbes, plusieurs jeunes auteurs de talent se sont illustrés dans ce domaine ces dernières années. Catmalou (auteure) et Edith (dessinatrice, déjà à l’oeuvre de la très belle BD Emma G. Wildford) en font partie et nous retrouvons leur œuvre dans Mimosa : Les choses changent, c’est énervant…, très beau recueil paru en format à l’italienne dans la collection Noctambule des éditions Soleil.
Dans un ton doux et fantasque qui peut évoquer en partie celui de l’Américaine Sarah Andersen avec Les adultes n’existent pas, les deux auteures nous font part des questionnements et remarques existentielles de Mimosa, une petite fille de 9-10 ans qui n’a pas sa langue dans sa poche et enchaîne les perles comme d’autres les bêtises.
Mimosa, philosophe en herbe
Que ce soit seule dans sa chambre, avec ses parents, son vieux chat Jean-Louis ou bien ses camarades de classe, Mimosa livre des réflexions drôles, étonnantes et franchement impertinentes. Si l’on dit que la vérité sort de la bouche des enfants, Mimosa entend bien ne pas se taire et fait profiter ses proches de sa sagesse sans langue de bois.
Comme souvent avec les enfants de son âge, elle n’est pas tendre avec ses parents et critique volontiers sa mère sur son ménage ou sa cuisine (« Maman, tu as vu comment t’as rangé les quartiers de poires dans ta tarte ? Viens pas me demander de ranger ma chambre après ça ! ») , ou son père sur son manque de « normalité » parce-qu’il porte une casquette et fait de la musique à ses heures perdues.
Surtout, aucun sujet ne lui échappe, et sa répartie, naïve et affutée à la fois, fait presque toujours mouche. Elle demande ainsi à sa mère quand elle doit aller voir la « psychopathe » au lieu de la psychologue (elle estime que c’est la même chose), demande si ses proches lui offrent des cadeaux d’anniversaire pour la consoler à l’idée d’avoir « un an de moins à vivre », ou encore décrète que les mariages d’amour des contes sont de gauche et les mariages d’intérêt de droite.
Une philosophe en herbe, cousine de Calvin et Hobbes
La drôlerie de l’ensemble, outre les excellents textes de Catmalou et les dessins épurés et fantaisistes à la fois d’Edith, qui représente Mimosa comme une petite fille malicieuse mais assez nonchalante, vient du fait que la jeune héroïne possède une vraie clairvoyance.
A cheval entre préoccupations résolument enfantines (qui sera dans sa classe ? Les garçons, les vêtements, ses copines…) et questionnements existentiels qui donnent du fil à retordre aux adultes, Mimosa apparaît comme une philosophe en herbe, lointaine cousine du Calvin de Bill Watterson (Calvin et Hobbes étant tous deux des noms de philosophes, rappelons-le!). Une gamine attachante et une vraie chipie aussi, qui sait appuyer là où ça fait mal face à des parents parfois désarçonnés.
On sent bien entendu le vécu qui se dégage de cet album craquant — Catmalou s’est inspirée des propres répliques de sa fille — aussi inspiré que drôle et attachant. On termine sa lecture le sourire aux lèvres, et on n’hésitera pas, par la suite, à feuilleter de nouveau ce joli volume aux finitions particulièrement soignées (voir la très belle jacquette) à la recherche des réflexions drôles et percutants de Mimosa.