2017, une année en dents de scie
Avec la fin d’année, voilà venu le temps des tops et bilans. Nous nous prêtons à l’exercice, à travers des tops et flops séparés (puisque nous n’avons pas forcément vu les mêmes films), histoire de faire le tour de ce qui nous a marqué, en bien comme en mal. Si 2017 n’est pas le meilleur millésime des années 2010 (chacun de nous ne se fait pas prier pour le dire), certains films nous ont bel et bien fait vibrer. Parmi les films cités plusieurs fois dans ces différents tops, on trouve La La Land, Wind River, Grave ou encore Au revoir là-haut. Quant aux flops, nous vous laissons découvrir…
Et vous, quels ont été vos coups de coeur et coups de gueule de cette année 2017 ? N’hésitez pas à nous le faire savoir !
Mickaël Barbato
Le cinéma, en 2017, c’est dépassé. Derrière cette accroche un peu exagérée, il faut bien écrire que votre humble serviteur n’a que peu été séduit dans les salles obscures. Les bons thrillers se comptent sur les doigt d’une main de yakuza qui aurait enchaîné les erreurs à réparer. Les films d’horreur… laissons tomber. Les supers héros s’imposent encore et toujours, malgré les signes évidents de fatigue. Les films d’auteur sont toujours aussi chiants, les comédies françaises pètent les plombs. Objectivement, il faut pourtant reconnaître que l’ensemble se tient bien. Il est difficile de descendre en flamme un film, de nos jours. Seulement, la blasitude l’emporte sur ce millésime, sans doute trop marqué par une ambiance pesante, qui empêche les sujets de se dépasser. Sur ce, filons regarder les bonnes péloches des décennies précédentes.
Top 5
1. Bodied de Joseph Kahn
Découvert lors du PIFFF 2017, ce film sur le milieu du rap a su dépasser certaines limites, et ce pour démontrer que la puissance des mots ne peut être une frontière à la création. Sachez que les quinze dernières minutes ont provoqué une gigantesque PLS, à l’ensemble de la salle, estomaquée par la montée en puissance du duel final. Grand film.
2. Wind River de Taylor Sheridan
Parce que ce genre de thriller, à l’écriture précise et emballante, se fait très rare de nos jours.
3. Shin Godzilla de Hideaki Anno et Shinji Higuchi
Oui, il est sorti au Japon en 2016. Mais il semble que nous ne sommes pas sur l’Archipel. Le film fut découvert, en France, et de manière légale, lors du PIFFF 2017. Une sacrée baffe, pour le retour du roi.
4. Mutafuckaz de Shōjirō Nishimi et Run
Découvert lors de L’étrange Festival 2017, ce dessin animé galère pour se trouver un distributeur en France et, par la même occasion, un créneau dans nos salles obscures. Une situation totalement surréaliste, alors que ce dessin animé à l’arôme carpenterien a séduit partout où il fut présenté. Monde de merde.
5. Buena Vista Social Club : Adios de Lucy Walker
Le gros coup de blues de l’année. Un adieu déchirant, des images qui resteront à jamais gravées dans les mémoires. Snif.
Flop 5
1. Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve
Imaginez faire la queue à la CAF, pour un simple renseignement. Ou défier la file d’attente interminable d’un manège de parc d’attraction. Pire : engouffrer un jeu dans votre console de jeu, et devoir attendre que cette fichue mise à jour de 35 gigas s’installe. Vous l’avez, la souffrance, celle qui pique ? Très bien, multipliez-la par 10, et vous obtenez ce calvaire signé Denis Villeneuve. Seule satisfaction ? Savoir que le film s’est ramassé en beauté au box-office, ce qui devrait annuler toute volonté de trilogie. Épouvantable.
2. Alien Covenant de Ridley Scott
Le gâteux Ridley Scott, surnommé Papy zinzin, a décidé de s’essuyer les pieds sur le xénomorphe, et tout ce qu’il représente. Comme il le dit lui-même, celui qui a décidé d’effacer numériquement Kevin Spacey de sa dernière daube n’a plus grand chose à dire sur le sujet Alien. Mais il continue de casser les pieds du moindre réalisateur talentueux qui, lui, aurait des idées. Rassurez-vous, avec le rachat de la Fox par Disney, ça va aller beaucoup mieux : Covenant 2 est annulé mais on aura droit à un film tous les ans, des peluches trop mignonnes, et tabula rasa sur l’univers étendu. Quelle année en étron massif.
3. A Ghost Story de David Lowery
Comme vous le lirez dans la critique, si vous cliquez sur le titre, le film a su séduire au sein de la rédaction. On fait face à un film clivant, et votre humble serviteur fait partie de celles et ceux qui ne sont pas du tout rentrés dans le trip. Le fond est traité de manière superficielle, le réalisateur tente de mettre à mal notre patience avec une séquence qui restera dans les mémoires, mais pas pour les bonnes raisons (une tarte, une actrice sous-nourrie, damned). Berk.
4. Star Wars : les derniers Jedi de Rian Johnson
Disney achève sa mission : détruire l’univers de Star Wars. Mais que les fans de la souris aux grandes oreilles soient rassurés : il y a des animaux trop mignons avec des grands yeux, appelés Porg. Ça va en vendre, des figurines. Ah, et la Princesse Leïa en mode Superman dans l’espace, on n’a rien fait d’aussi ridicule depuis… Star Wars : le réveil de la Force.
5. Get Out de Jordan Peele
Il faut savoir que nous avions assisté à la projection presse, organisée par Universal. Pour que vous compreniez bien l’aversion que nous a suscité le film, replaçons le contexte : on se rend dans ces rendez-vous afin de découvrir les films en avance, pour nous faciliter l’écriture des articles. Sauf que la séance fut mise à mal par une bande d’hystériques, des influenceurs venus de Twitter, d’Instagram, qui ont passé leur temps à bouger (à courir dans la salle, parfois), hurler (à chaque personne de couleur blanche tuée), téléphoner (on a dû changer de place quatre fois), et prendre en photo l’écran pour partager sur les réseaux sociaux (on a même eu une cinglée qui s’est positionnée devant l’écran, pour faire un selfie). Bref, tant bien que mal on a essayé de suivre le film, sorte d’épisode de la quatrième dimension, réalisé par un séparatiste. Les blancs sont méchants, les noirs sont des victimes éternelles, vous connaissez la chanson, vous l’appréciez peut-être, tant mieux pour vous. Pour votre humble serviteur, ce fut un long calvaire, déplorable dans le fond, mais plus agréable dans la forme. Bien dans son époque, donc.
Cécile Desbrun
À bien des égards, 2017 aura été une année en demi-teintes pour le cinéma. Après un démarrage en fanfare avec La La Land, les périodes creuses ont été nombreuses, ponctuées de déceptions, demi-réussites et films sympathiques mais un peu ternes… Jusqu’au dernier trimestre, où une bonne partie de mes films coups de cœur se sont succédés. Au-delà de ces 5 films, je rajouterai une mention spéciale à l’excellent Grave de Julia Ducournau, ainsi qu’à Jackie de Pablo Larrain et Mise à mort du cerf sacré de Yórgos Lánthimos, hommage à Kubrick et Hanneke, qui a divisé mais est apparu, à nos yeux, comme un très beau moment de cinéma, viscéral et teinté d’humour noir.
Top 5
1. Le musée des merveilles de Todd Haynes
Cette adaptation d’un roman graphique de Brian Selznick avait tout, sur le papier, pour tomber dans les travers du mélo un brin guimauve. Todd Haynes a su en saisir la subtilité et en fait à la fois un film d’aventures très 80’s, une oeuvre sur la transmission bouleversante et un hommage inspiré au cinéma muet. Le traitement du son, qui nous immerge dans la perception du jeune héros soudainement frappé de surdité, est à tomber.
2. La La Land de Damien Chazelle
Encensé par les uns, démonté par les autres, La La Land ne se démarque pas tant par son aspect novateur comparé à ses aînés, mais fait mouche par sa vision d’un Los Angeles faussement Technicolor et l’émotion à fleur de peau qui s’en dégage, qui n’a rien à envier aux meilleurs films de Jacques Demy.
3. Coco de Lee Unkrich
Voilà quelques années déjà que Pixar ne nous avait pas offert un véritable chef d’oeuvre, mêlant rire, merveilleux, maestria technique et émotion. C’est chose faite avec ce Coco bouleversant autour de la mémoire et la transmission, rendant un hommage vibrant à la culture et l’art mexicains. Pour une fois, les adultes pleurent davantage que les enfants.
4. Au revoir là-haut d’Albert Dupontel
Albert Dupontel, qui rêvait depuis longtemps de réaliser un film sur la Première Guerre Mondiale, nous livre avec Au revoir là-haut une satire grinçante et amère sur cette période aux échos actuels, mais aussi un chef d’oeuvre de poésie et d’émotion, hommage émouvant au cinéma muet.
5. Dans un recoin de ce monde de Sunao Katabuchi
Très justement récompensé à Annecy, ce film d’animation nous plonge quelques semaines avant Hiroshima et nous propose de suivre son héroïne à travers les affres de la guerre. Une oeuvre sans le moindre pathos, remplie d’humour (si si) et d’émotion, avec un sens du détail assez époustouflant.
Flop 5
1. Conspiracy de Michael Apted
Ce thriller d’espionnage sur fond de terrorisme est actuel, mais fort mal mené puisque l’on devine qui est la vilaine taupe au bout de 20 minutes, sans que cela soit volontaire de la part du réalisateur. Aïe ! Et puis, Orlando Bloom en vétéran de la guerre d’Irak reconverti en cambrioleur, c’est non ! Quant à Noomi Rapace, elle méritait mieux que cette espionne au-delà de la naïveté.
2. La Momie d’Alex Kurtzman
Un mauvais démarrage pour le Dark Universe avec ce film qui se laisse regarder d’un oeil avant de sombrer dans l’ennui à mi-parcours. En éclipsant la momie et son histoire (inspirées d’une vraie souveraine égyptienne, qui doit se retourner dans son tombeau) pour se concentrer sur les pitreries de Tom Cruise, le blockbuster nous perd définitivement, malgré une scène de course-poursuite plutôt sympathique.
3. La Belle et la Bête de Bill Condon
Quel besoin y avait-il à adapter en live action un dessin animé de 1991, connu de tous les enfants ? Aucun, mais Disney recyclant ses chefs d’oeuvre, voici donc La Belle et la Bête, calqué sur le dessin animé, avec des numéros musicaux plus longs et Emma Watson dans le rôle de Belle. Hélas ! La magie a tendance à se dissoudre en images réelles (à 1 ou 2 numéros près) et les nouvelles chansons so Broadway ainsi que les nouveaux développements sans intérêt tuent toute émotion. On zappe.
4. Thor : Ragnarok de Taika Waititi
On ne sait pas trop si c’est nous qui sommes devenus trop vieux pour ce genre de conneries ou si c’est la lassitude devant des blockbusters de plus de 2h réalisés platement à la chaîne selon le même code couleur, mais Thor : Ragnarok nous a laissés indifférents et nous a plus ennuyés qu’autre chose — ce qui n’est certes pas le cas de toute la rédaction comme vous pouvez le vérifier dans notre critique. Pire : les vannes lourdes et répétitives peinent à faire sourire, cinq ans après un premier Avengers qui nous paraissait alors rafraîchissant. C’est quand qu’on change de formule ?
5. LEGO Ninjago : Le film de Charlie Bean, Bob Logan et Paul Fisher
D’accord, LEGO Ninjago est avant tout destiné aux enfants et le film possède de sympathiques moments, notamment avec un chat numérique assez bluffant. Mais les réalisateurs avaient-ils besoin de tomber dans l’hystérie dès le début, montage épileptique et insupportables bavardages « djeunes » à l’appui ?
Guillaume Creis
Le moins que l’on puisse écrire est que 2017 n’aura pas été une année cinématographique mémorable, tant peu de films se sont démarqués. Dans ce top nous aurions néanmoins pu rajouter Moonlight, Logan, 120 battements par minute, Grave ou encore Au revoir là-haut. Nous aurions aussi pu parler du nombre de flops au box office de blockbusters, signe d’un certain ras-le-bol…
Top 5
1. La La Land de Damien Chazelle
Une comédie musicale colorée qui nous embarque dans une histoire d’amour durant 4 saisons. Damien Chazelle réalise une œuvre contemporaine sublime et pourtant hors du temps avec une Emma Stone éblouissante.
2. Dunkerque de Christopher Nolan
Nouveau film de Christopher Nolan et nouvelle claque visuelle et sonore. Trois histoires différentes parfaitement orchestrées. Un des meilleurs films de guerre que l’on ait vu depuis bien longtemps.
3. Mother ! de Darren Aronofsky
Darren Aronofsky signe un film métaphorique exceptionnel qui a autant divisé la presse que les spectateurs. Une œuvre à la lecture ouverte. Jennifer Lawrence y est sublime.
4. Coco de Lee Unkrich
Nouveau film de Pixar et nouvelle réussite. Fabuleux, émouvant, une histoire de famille qui fera chavirer les petits comme les grands. Une très belle surprise pour les fêtes de fin d’année.
5. Wind River de Taylor Sheridan
Un thriller glacial au superbes paysages. Taylor Sheridan réalise un film coup de poing avec un très bon Jeremy Renner et une Elizabeth Olsen qui montre de nouveau — après Martha Marcy May Marlene qui l’avait révélée — son talent d’actrice.
Flop 5
1. Justice League de Zack Snyder
Problème durant la post-production. Snyder part, Whedon arrive. Un hybride bâtard qui aurait du être le point culminant de DC. Le flop est à la hauteur de l’attente.
2. Alien : Covenant de Ridley Scott
Ridley Scott s’occupe plus de son anti-héros qu’est David que du xénomorphe qu’il a créé il y a quasiment 40 ans. Il délaisse ses personnages dès la moitié du film pour se concentrer sur l’androïde. Vraiment dommage..
3. Resident Evil : Chapitre final de Paul W. S. Anderson
Encore plus mauvais que Resident Evil : Retribution. Paul W.S Anderson aura réussi à réaliser l’une des pires saga du grand écran, et surtout à la finir tout en se moquant du spectateur. Chapeau !
4. La Tour Sombre de Nikolaj Arcel
Il y avait ici le potentiel de lancer une saga pas comme les autres. Malheureusement, Nikolaj Arcel signe un film fade, dénué d’une esthétique à la hauteur, mais surtout une adaptation de l’œuvre de Stephen King ratée.
5. La Momie d’Alex Kurtzman
Le Dark Universe d’Universal démarre mal, très mal. Entre un Tom Cruise totalement perdu, une réalisation très moyenne, de l’ennui et des scènes d’actions non inspirées. Un comble pour un blockbuster estival.