[Cinéma] Top 2018 : Top 5 et Flop 5 de la rédaction

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2018, une année qui ne restera pas dans les mémoires

Le crépuscule de 2018 est plus qu’entamé ! Il est grand temps de se lancer dans nos tops, ici dédiés au cinéma. Soyons clairs, cette année ce fut plus aisé de rassembler les flops, que les films qui nous ont marqué. D’ailleurs, on remarquera que seule ne déception se répète chez plusieurs rédacteurs : l’ignoble The Predator. Du coup, il est aussi le long métrage mis en avant, afin de bien souligner le caractère décevant de ce millésime, surtout dans le domaine du cinéma de divertissement. Espérons que les choses s’arrangeront en 2019, en attendant voilà les résultats…

Cécile Desbrun

Une nouvelle année cinématographique s’achève avec, à la clé, à peu près le même constat que l’an dernier : 2018 a été une année « tranquille », avec trop peu de belles surprises. Malgré tout, au-delà de l’enchaînement désormais habituel de blockbusters, plusieurs grands cinéastes ont fait leur retour (Lars von Trier, P.T. Anderson, Wes Anderson…) et livré des œuvres véritablement marquantes, tandis que la « jeune » garde (David Robert Mitchell, Yann Gonzalez, Romain Gavras) est venue dynamiter les choses avec des longs-métrages audacieux. De ce côté-là, 2018 a plutôt été une bonne année pour le cinéma indépendant. Nous aurions d’ailleurs pu également citer les excellents How to Talk to Girls at Parties de John Cameron Mitchell et Hostiles de Scott Cooper, superbe western crépusculaire qui nous a collé de beaux frissons. Enfin, dans la catégorie films familiaux, saluons le retour de Brad Bird avec Les Indestructibles 2 (notre film de super-héros préféré de l’année) et Le retour de Mary Poppins par Rob Marshall, qui nous auront permis de retrouver notre âme d’enfant.

Top 5

1. Under the Silver Lake

Ironiquement, mon film préféré de l’année est un film dont nous n’avons pas (encore) fait la critique. Troisième long de son réalisateur, Under the Silver Lake est une ode désenchantée à Hollywood et la pop culture, où le moindre objet, la moindre image a valeur de signe et de référence. Sauf que loin des Easter Eggs de tonton Spielberg avec Ready Player One, Mitchell n’a que faire d’assurer un quelconque fan service et explore ses obsessions sans compromis. Il en résulte une œuvre kaléidoscopique étrange, baroque, où l’on en vient à avoir du mal à distinguer les époques tant chaque lieu recycle les précédentes décennies. Quelque part entre le Lynch de Mulholland Drive et le Richard Kelly de Southland Tales (en moins complaisant), Mitchell livre un film à la fois drôle et assez mélancolique dans le fond, sans céder pour autant à la nostalgie.

2. The House that Jack Built

Le nouveau Lars von Trier était attendu au tournant, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on en aura eu pour notre argent ! Le cinéaste danois règle ses comptes avec les médias qui se sont ligués en masse contre lui au moment du scandale cannois de 2011, et de manière générale avec l’ensemble de ses détracteurs, notamment ceux qui voient dans ses films l’œuvre d’un misogyne — ce qui est sans doute le plus grand malentendu le concernant. Cela aurait pu donner un film vain mais au lieu de ça, von Trier se lâche avec les aventures aussi cruelles que jubilatoires de ce serial killer atteint de TOC. Maniant la farce et la fable philosophique aux accents métaphysiques, le réalisateur signe une métaphore étonnante de la vie d’un artiste incompris et foncièrement angoissé. Sans les quelques longueurs (volontaires) de la fin qui testent notre patience, on aurait eu là le film de l’année.

3. Un couteau dans le cœur

Il fallait oser imaginer Vanessa Paradis en productrice de pornos gays lesbienne, Yann Gonzalez l’a fait ! Poème horrifique d’une beauté confondante rendant hommage à l’horreur des années 70, ce film aux accents fantastiques joue ouvertement avec le kitsch (pour un résultat très drôle) mais sait également émouvoir avec l’interprétation sur le fil de Paradis. Baroque et résolument clivant (vous aimerez ou détesterez), voilà un film singulier et audacieux comme on aimerait en voir davantage.

4. Phantom Thread

Avec une esthétique plus classique qu’à l’accoutumée mais d’une rigueur de chaque instant, P.T. Anderson revient en beauté après un Inherent Vice en dents de scie. Il s’intéresse ici au fonctionnement du couple à travers le personnage, tour à tour odieux et pathétique, d’un grand couturier de mode dans le Londres des années 50 qui a un léger soucis avec les femmes. Le secret de l’héroïne pour le garder, parfaitement amené, révèle des trésors de cruauté et de cynisme sur les relations humaines. Et Daniel Day-Lewis trouve un nouveau grand rôle, accessoirement.

5. Le monde est à toi

Avec son style clinquant qui lui fait mettre du Laurent Voulzy sur des images de dealers posant près d’une voiture au milieu d’une cité HLM, Romain Gavras pourrait passer pour un petit malin. Ce serait pourtant passer à côté de la poésie de ses trouvailles, et de la profonde mélancolie qui nourrit cette singulière comédie de casse où le rire vire souvent au jaune ou au noir. Si l’on ajoute à ça qu’Isabelle Adjani trouve là l’un de ses personnages les plus hilarants (un registre pour lequel elle n’est pas forcément connue comparé à ses rôles tragiques) avec des punchlines imparables, on tient là l’une des meilleures surprises que nous ait réservé le cinéma français cette année.

Flop 5

 

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1. La prophétie de l’horloge

Eli Roth à la tête d’un film d’Halloween pour enfants, voilà qui avait de quoi attiser notre curiosité… Hélas ! Malgré des décors intriguants et une belle entrée en matière dans la maison (personnage à part entière du film), le réalisateur se vautre dans la facilité avec des scènes sans relief et un humour pipi-caca bas du front. A déconseiller aux plus de 8-9 ans.

2. Amalia

Même si cela nous embête étant donné les qualités formelles indéniables du dernier bébé de Rodriguez-Lopez, son Amalia est un sacré ratage, qui hésite et n’arrive jamais à trancher entre tranche de vie d’un groupe de jeunes mexicains à la dérive et trip fantastique psychologique et halluciné. De fait, il échoue sur les deux plans et fait preuve d’un symbolisme lourdingue autour de la folie qui ne convainc jamais. Trop cérébral et pas assez viscéral.

3. Les veuves

Là encore, des qualités indéniables, autant dans la réalisation brute, la photo que l’interprétation de certains acteurs, qui donne lieu à quelques scènes mémorables. Mais il manque un souffle véritable à cette histoire de casse au féminin à la dimension intimiste, qui se vautre par ailleurs avec un twist raté qui ne fait ni chaud ni froid. Un film qui manque de chair.

4. Red Sparrow

Jennifer Lawrence en espionne du KGB donnant de son corps, faux accent russe inclus ? Que dire de plus ? On s’ennuie ferme et on ne frémit pas la moindre seconde, malgré une réalisation plutôt élégante…

5. Ocean’s 8

2018 n’aura décidément pas été une bonne année pour les casses au féminin… Nous n’attendions pas grand chose de cette mouture 100% féminine d’Oceans Eleven, mais pourquoi des voleuses devraient automatiquement subtiliser des bijoux lors d’un gala de mode ? Et (grande question !) pourquoi Rihanna fait tout le temps la gueule en marmonnant quelques mots ? On reste néanmoins jusqu’au bout grâce à Anne Hathaway, hilarante en garce égocentrique.

Mickaël Barbato

Depuis quelques millésimes, le constat revient comme une ritournelle. Chaque année, je me dis que ça ira mieux. Et, chaque année, le résultat me laisse perplexe. Pour les fans de divertissements (comme votre humble serviteur), de films de genre, il n’y a que peu à attendre d’une industrie en terrifiante chute qualitative. Les exécutifs visent les millenials, avec des produits inoffensifs au possible. Ou les geeks nostalgiques des années 1980, d’affreux radoteurs engoncés dans leur imaginaire d’adolescent. Entre les deux, point ou peu de salut mon capitaine ! Cette année est aussi l’occasion d’une constatation : ma plus grande claque vient de Netflix. Et de films croisés en festival. Il va falloir que les distributeurs se bougent un peu le derche, car plus grand chose me pousse dans les salles obscures…

Top 5

1. The Night Comes For Us

La voilà, la grosse mandale de forain signée 2018. Ou, plutôt, réalisé par Timo Tjahjanto… sur Netflix. Spectacle rythmé, jouissif, décérébré et gore, le résultat s’approche de mon idéal filmique. Certes, le scénario confine au ridicule, mais on en sort sur les rotules. Bon sang, que c’était bon !

2. Upgrade

Découvert lors de l’Étrange Festival 2018, le film m’a surpris de par son côté jusqu’au-boutiste. Entre Robocop et Le Justicier de Minuit, on a droit à quelques passages bien fous, énergiques au possible. Et la toute fin parvient même à nous étonner. Voilà le genre de série B qu’on aimerait voir plus souvent.

3. Sicario : la guerre des gangs

Globalement, le film n’est pas exempt de tous reproches. Le final, par exemple, brise un peu l’univers. Mais j’ai plutôt apprécié ce trip sec comme un saucisson, et habité d’acteurs à la hauteur. Par ailleurs, voilà un nouveau candidat aux listes de suites meilleures que l’original.

4. Mandy

Le trip hallucinatoire et halluciné de l’année. Nicolas Cage en vengeur défoncé, des motards de l’Enfer, du gore, une photographie très Luciano Tovoli, pour un ensemble qui mérite le prix du long métrage le plus dingo de cette année. Une perle uniquement disponible en VOD, car les distributeurs sont plus frileux que des kangourous en plein Alaska. Honte à eux.

5. Violence Voyager

Oui, je galérais un peu pour compléter ce top. Du coup, j’ai opté pour une autre œuvre découverte en festival, et certainement jamais distribué sous nos latitudes. Dommage, car ce film d’animation japonais déploie toute une imagerie très SF 70’s, parfois de mauvais goût, souvent jouissive. Si vous croisez sa route, sur des chemins douteux, n’hésitez pas une seconde.

Flop 5

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1. The Predator

Ouh la grosse daube. La déception interstellaire de l’année, voire même plus, provient du pourtant apprécié Shane Black. Mais alors là, on est dans la catégorie du ratage le plus complet. Punchline foireuse récitées toutes les vingt secondes, casting grotesque, scénario incroyablement générique, et syndrome de la femme forte née d’hier (ici, une prof de SVT devient chasseuse de Predator en l’espace d’un quart d’heure, balèze). Si la licence, tout comme Alien, repose déjà cinq six pieds sous terre, cette déjection pustulente trouve le moyen de creuser encore plus bas. Une honte absolue.

2. Action ou Vérité

Blumhouse fait partie des boîtes de production que je suis de près. Capable du meilleur (Upgrade, cité dans nos favoris de l’année)… mais aussi du pire. American Nightmare 4 aurait pu se joindre aussi à ces flops, mais Action ou Vérité le dépasse largement. C’est abominablement idiot, aussi mal joué que réalisé, et pas du tout écrit. Au secours !

3. En eaux troubles

Des années d’attente pour cette daube. D’ailleurs, je n’ai même pas eu la force d’en écrire un article. Un jour, peut-être. En attendant, je dois vivre avec le souvenir d’un truc odieux, genre Jason Statham qui fout une patate à un mégalodon de trente mètres. Insondable de débilité.

4. Climax

Film sponsorisé par Vice International. Mais si, vous savez, ce média qui se complaît dans du putaclic inconcevable. Du coup, cette chose signée Gaspar Noé est certes visuellement éclatante, mais fondamentalement débile au possible. Berk.

5. Overlord

Il y a eu pire cette année, mais il me fallait citer Overlord. Car ce genre de long métrage, dont la hype se révèle née de manière incompréhensible, est entrain de bouffer du terrain. Derrière la rumeur, qui en faisait une sorte de révolution du film d’horreur, se cache une boursoufflure sans la moindre trace de génie. D’ailleurs, on rétorquera aux faiseurs de modes que, dans le même sujet, Frakenstein’s Army faisait bien  mieux. Avec moins de soutien des influenceurs crétinoïdes, et moins de thunes. ‘Nuff said.

Guillaume Creis

Encore une année cinématographique qui vient de s’écouler. Et, s’il y a eu du mieux par rapport à 2017, on ne peut pas dire que cela aura été un bon millésime. Outre ce top 5, je pourrais ajouter La Mort de Staline, Hostiles, Sicario 2 : La guerre des Cartels, Ready Player One, Mission : Impossible – Fallout (le meilleur blockbuster de cette année de notre point de vue) ou encore Le Grand Bain (meilleur film français de 2018, d’assez loin). Mais à l’heure des choix…

Top 5

1. 3 Billboards : les panneaux de la vengeance

Une comédie dramatique qui allie parfaitement la comédie noire à l’émotion, avec une Frances McDormand époustouflante (récompensée aux Oscars pour la meilleur Actrice), et des seconds rôles de hautes volées (Sam Rockwell a reçu l’Oscar du meilleur second rôle masculin). Une comédie grinçante qui fait mouche à chaque répliques.

2. La Forme de l’eau

Une histoire d’amour entre un monstre et une femme muette. Un récit comme seul Guillermo Del Toro peut nous livrer, visuellement et en terme de narration. Avec, aussi, une superbe composition musicale d’Alexandre Desplat. Grand gagnant des Oscars 2018, qui mérite sa place dans ce top.

3. Call Me By Your Name

Sublime œuvre initiatique sensorielle, Calle Me By Your Name est un amour d’été qui se vit pleinement, mené par un Thimotée Chalamet flamboyant et un Armie Hammer excellent. Luca Guadagnino nous offre tout simplement l’un des plus beaux films de l’année.

4. First Man

Un film qui nous plonge aux cœur de la conquête spatiale, mais surtout dans la vie Neil Arsmtrong. Un excellent long métrage, et une belle expérience vécue en salles. Damien Chazelle récidive après La La Land, et se place encore une fois comme l’un des favoris pour les Oscars 2019.

5. A Star is Born

Même si la première réalisation de Bradley Cooper est en dent de scie, on ne peut qu’admettre que A Star is Born est un très bon film. Bradely Cooper en vieux chanteur alcoolique, plus vraiment au sommet de sa carrière, et une Lady Gaga qui montre de réels talents de comédienne. Une star du cinéma est née, et c’est bien elle. Un film qui aura surement son mot à dire lors des Oscars 2019.

Flop 5

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1. The Predator

Insulte à la saga, The Predator est tout sauf bon. Shane Black enchaîne des scènes sans âmes, habitées d’un humour gênant. Le comble restant le personnage de la scientifique, qui maitrise des armes de guerre au bout de dix minutes de métrage. Rien ne va, et cet échec devrait couper court au projet de suite, laissée comme un cheveu sur la soupe pendant l’improbable final. Du moins, on l’espère.

2. Taxi 5

Il ne fallait pas faire revivre cette saga déjà morte et enterrée. Onze année après le dernier film, Franck Gastambide, dont on avait apprécié Les Kaïras et Pattaya, n’arrive jamais à atteindre un résultat convenable. Les différents gags tournent en eau de boudin, ne faisant acte de présence que pour masquer le vide intersidérale du scénario. Il n’y a rien à sauver. On espère cette fois que la série repose six pieds sous terre.

3. Pacific Rim : Uprising

Suite du très bon film de Guillermo Del Toro, celle-ci n’arrive pas à la cheville du premier. Développement des personnages inexistants, un humour navrant, des acteurs à côté de la plaque… En plus, cette chose va jusqu’à plagier Evangélion. Sacrilège. Alors que le premier opus était un hommage aux genres Kaiju et Mecha, celui-ci ne va pas plus loin que le un blockbuster classique et sans intérêt.

4. Ant-Man et la Guêpe

Qu’il est dur de passer après Avengers : Infinity WarAnt-Man et la Guêpe a beaucoup de défauts. Trop. Un récit sans saveur, avec des sous intrigues qui ne servent à rien. Une méchante intéressante mais sous exploitée. On en attendait un peu plus, on a été déçu.

 

5. Solo : A Star Wars Story

Réalisateurs virés en plein tournage, Ron Howard qui prend le relais. Ça sentait déjà pas bon. Le résultat n’est pas la catastrophe annoncée mais le film n’est tout simplement pas à la hauteur des attentes initiales. Alden Ehrenreich n’est absolument pas Han Solo. On pensait admirer une plongée dans le monde du crime de la saga Star Wars, mais nous n’obtenons qu’une course au carburant. Si le long métrage fait le job sur les scènes d’action, le tout semble être ici qu’un immense fan service.

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