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[Critique] NieR Automata World Guide – Kurokawa

Caractéristiques

  • Auteur : Collectif
  • Editeur : Kurokawa
  • Collection : Kuropop
  • Date de sortie en librairies : 15 novembre 2018
  • Format numérique disponible : Non
  • Nombre de pages : 192
  • Prix : 19,90€
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 8/10

Le plus bel artbook de cette année

NieR : Automata est ce genre de jeu qui restera dans les mémoires. Plus d’un an après sa sortie très remarquée (rappelons qu’il s’agit de notre jeu de l’année 2017), le hit torturé dirigé par Yoko Taro, s’est vendu à plus de trois millions d’exemplaires. Un chiffre assez hallucinant, pour la cinquième itération d’une licence (Drakengard) pas spécialement populaire hors des frontières du Japon. Comme quoi, NieR, au-delà de ses défauts, avait su toucher des joueurs en recherche d’univers certes sombres, mais surtout profondément développés. Parenthèse refermée. Le jeu qui nous intéresse ici rassemble bien des forces. La personnalité de son auteur, la maestria de Keiichi Okabe à la composition, la maitrise de PlatinumGames au développement, et l’immense talent d’Akihiko Yoshida à la conception des personnages, voilà qui en jette. Cette véritable dorimuchimu (dream team, en japonais) a droit à un superbe artbook, paru aux éditions Kurokawa : NieR Automata World Guide.

Il y a deux sortes d’artbook. Ceux qui se contentent d’étaler les artworks, surtout dans un but exhaustif à direction des fans. Et ceux qui vont plus loin, proposent un véritable voyage au cœur même du jeu traité. Les deux ont leurs forces. NieR : Automata World Guide s’inscrit dans la seconde catégorie. Supervisé notamment par Yoko Taro, l’ouvrage prend le temps de plonger le lecteur dans cet univers désespéré, ce monde désormais aux mains de non-humains (mais pas d’inhumains), en proie à cette étrange poésie mélancolique que peuvent aussi provoquer des environnements abandonnés depuis longtemps. Tout commence par un court récit, écrit par Jun Eishima, une auteure que l’on connaît pour son travail sur la série Dragon Quest : les héritiers de l’emblème. Sa présence sur NieR : Automata n’est pas due au hasard, car c’est à elle qu’on doit un roman issu du jeu, mais aussi le manga Drakengard. Ses quelques pages d’ouverture, sous la forme d’un journal de bord de la base spatiale en orbite, replacent le contexte du point de vue des opératrices. On ne vous en dit pas plus.

Par la suite, et après une courte frise chronologique qu’on aurait aimé plus développée, histoire de mieux capter la montée en puissance qui a mené au délabrement le plus total, nous voilà plongés au cœur d’un véritable rapport d’enquête. NierR : Automata World Guide n’a d’autre fonction que d’aborder l’univers du jeu, et l’artbook le fait avec la manière. On a droit à des descriptions de personnages, bien entendu entièrement traduites en français. Signalons, ici, le gros travail effectué par Kurokawa (Traits de familleLa magie du rangement illustrée). La traductrice, Nesrine Mezouane, peut être très fière du boulot effectué. Pour un artbook, cette sortie contient beaucoup de textes, et la tonalité très typique du jeu est respectée. C’était une condition sine qua non à la bonne tenue de l’ensemble, pour ce voyage proposé. Car le lecteur va se déplacer vers les différents environnements, comme l’Usine désaffectée et le Parc d’attractions, et y croiser des points d’intérêt, sur des cartes assez minutieuses.

Un voyage au cœur d’un univers aussi riche que désespéré

NieR : Automata World Guide ne se contente pas de nous enchanter par le biais d’artworks percutants (on a littéralement bloqué sur certains, très contemplatifs, comme celui de la cité en ruines, page 60-61), il apporte aussi quelques détails sur les environnements, sous la forme de mini-rapports. Malin, et efficace. Aussi, on remarque une volonté de cohérence avec la vision du monde insufflée par Yoko Taro. NieR : Automata, tout comme son auteur, cultive le mystère, et pour ce faire elle utilise parfois des moyens formels. Ici, cela se traduit par des images imparfaites, brouillées. Nous adoptons le point de vue d’enquêteurs, donc certaines énigmes restent entière, ou parfois partiellement élucidées. On pourra citer la présence d’un « objet mobile non identifié », en fait un personnage bien connu des fans de la licence. L’effet recherché fonctionnera tout autant chez les joueurs qui ont déjà bouclé le soft, que chez ceux dont l’envie première est de se reconnecter à cet univers. Précisons ici que l’ouvrage ne dévoile en rien les moments-clés de l’histoire, ni les quelques secrets bien gardés.

NieR : Automata World Guide propose aussi des Archives de machines, qui régaleront les fondus de détails. Les concepts sont annotés de partout, les jusqu’au-boutistes ne sauront plus où donner de la tête. C’est aussi l’occasion de vérifier que, dans l’élaboration de ce jeu, rien n’aura été laissé au hasard. Enfin, l’artbook se boucle sur d’autres écrits de Jun Eishima, cette fois-ci centrés sur la cruelle relation entre 2B et 9S. Pour terminer le tour d’horizon de ce voyage de grande qualité, on ne pouvait décemment pas oublier de noter l’excellente qualité d’édition. La couverture souple, la qualité du papier, la définition des images et leur format, tout provoque un beau confort de lecture. Voilà un ouvrage indispensable à tout amateur de la licence dirigée par Yoko Taro, mais aussi pour ceux qui se demandent bien d’où provient cet engouement l’entourant. Une partie de la réponse est là, dans ces pages.

Retrouvez aussi notre critique de L’œuvre Etrange de Taro Yoko. Un livre d’analyse qui, à nos yeux, complète idéalement l’expédition proposée par NieR : Automata World Guide.

MAJ : retrouvez aussi notre critique de Nier Automata Steategy Guide.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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