Caractéristiques
- Auteur : Joris Chamblain & Aurélie Neyret
- Editeur : Soleil
- Collection : Métamorphose
- Date de sortie en librairies : 21 novembre 2018
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 60
- Prix : 14,95€
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- Note : 7/10 par 1 critique
Le spin-off des Carnets de Cerise
Après 5 tomes ayant connu un beau succès en librairie, la malicieuse héroïne de Joris Chamblain et Aurélie Neyret est de retour dans la collection Métamorphose des éditions Soleil (Sacha et Tomcrouz, Dreams Factory tome 1, Nils) avec un spin-off intitulé Les carnets de Cerise et Valentin. En effet, dans le dernier album de la série principale, la maman de Cerise trouvait un nouveau compagnon, père d’un petit garçon nommé Valentin, et le couple décidait de se lancer dans un grand tour du monde avec les enfants.
Cette suite adopte du coup le point de vue des deux enfants, même si c’est toujours Cerise qui raconte l’histoire. Les carnets de Cerise et Valentin commence ainsi sans préambule après les événements du tome 5, alors que la famille commence à se préparer au grand départ.
Notre héroïne et son petit frère par alliance jouent ensemble et s’inventent une mission à bord d’une fusée, où leurs personnages doivent partir à la rencontre d’extraterrestres étrangement humains — histoire qui nous est racontée à travers leurs carnets. Très vite, on devine que les rebondissements de cette « mission » aident Valentin à exprimer ses craintes quant au voyage qui s’annonce. Cerise va donc poursuivre le jeu pour lui permettre de mettre des mots sur ses émotions, et le pousser à en parler à leurs parents.
Tour du monde ou voyage intergalactique ?
Voilà un album sensible et plein de fantaisie ! Que l’on découvre l’univers de Cerise avec cet album (comme c’est d’ailleurs notre cas) ou que l’on en soit déjà familier, Les carnets de Cerise et Valentin devrait conquérir le cœur des lecteurs, petits et grands. Pour ceux qui découvriraient l’univers, le contexte est assez rapidement posé à travers les dialogues pour ne pas qu’on se sente perdu, de sorte qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lu les 5 tomes de la série précédente pour apprécier celui-ci.
Ce qui frappe avant toute chose dans ce joli récit, c’est l’aisance avec laquelle les auteurs se fondent dans l’imaginaire enfantin pour évoquer les rêves et les craintes de leurs jeunes héros. L’histoire que s’inventent les enfants dans leur cabane-fusée est bien trouvée, irrésistiblement drôle et rappellera aux adultes leurs jeux d’antan, tout en parlant aux émotions auxquelles sont confrontées les jeunes lecteurs de manière ludique et pertinente à la fois.
C’est ici le thème du voyage qui se retrouve au centre de l’album. Pour Valentin, qui s’est habitué à son nouveau foyer, partir faire le tour du monde est aussi effrayant que de visiter une autre galaxie pour un jeune extraterrestre fugueur. Et il en est bien sûr de même pour de nombreux enfants : lorsque le voyage excède la durée normale des vacances, comment se préparer et faire face à ses angoisses, ainsi qu’à la perte de repères ?
Un univers plein de fantaisie et de tendresse
Ce premier album des Carnets de Cerise et Valentin aborde cette question avec toute la fantaisie qui caractérise l’univers de Joris Chamblain et Aurélie Neyret, mais aussi beaucoup de sensibilité, en se plaçant (doublement) à hauteur d’enfant. Cerise et son petit frère ont en effet quelques années d’écart, et la complicité qui les unit permettra au jeune garçon de se confier plus naturellement qu’avec ses parents. Surtout, les auteurs mettent l’accent sur la dimension initiatique des voyages, qui permettent de se confronter à soi-même (et à une vaste gamme d’émotions) tout en partant à la rencontre d’autres cultures.
Côté dessin, on retrouve les teintes pastel et le style graphique propre aux Carnets de Cerise pour la trame principale, tandis que la partie carnet s’apparente à des pages de dessins d’enfants colorés et d’annotations prenant vie de manière inventive et attachante. Le lecteur adulte décèlera même ça et là quelques clins d’oeil visuels à des oeuvres comme la série V ou Mon voisin Totoro.
Un premier tome réussi
Ce premier volume des Carnets de Cerise et Valentin est donc une vraie réussite. En adoptant le point de vue des deux enfants, la série jeunesse permet d’aborder les relations frère-soeur et le sujet de la famille recomposée de manière attachante, tout en nous plongeant, encore une fois, dans un imaginaire aussi drôle qu’inventif.
Ce qui force le respect est ainsi de voir comment l’histoire d’extraterrestres qu’imaginent les enfants rejoue sur le mode d’une SF naïve ce qui se passe dans la trame principale du récit. Une BD qui comblera autant les jeunes lecteurs (à partir de 9-10 ans) que les adultes, qui trouveront là matière à communiquer de certains thèmes importants avec leurs enfants… A moins qu’ils ne savourent tout simplement le récit pour se replonger dans cette période où une simple cabane devient une fusée !