Caractéristiques
- Auteur : Matt Leone
- Editeur : Third Editions
- Collection : Fina Fantasy
- Date de sortie en librairies : 25 avril 2019
- Format numérique disponible : Non
- Nombre de pages : 231 pages
- Prix : 29,90€
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 9/10 par 1 critique
Un ouvrage indispensable pour tout amateur de jeux vidéo
Quand on y regarde de plus près, c’est presque toujours la grosse actualité pour Final Fantasy. La licence culte de Square Enix est en permanence au cœur des intérêts, des attentes, mais aussi du moment présent. Rendez vous compte : on était entrain de se lancer dans cet article, quand l’éditeur japonais a décidé de lancer une nouvelle bande annonce de gameplay pour son plus que désiré Final Fantasy 7 Remake. Et, avant cela, c’était certains épisodes canoniques, dont FF 7, qui débarquaient sur Nintendo Switch. Un événement important pour l’industrie du jeu vidéo, comme on vous le confiait dans notre édito. Et quand elles ne paraissent pas sur consoles ou PC, les sorties touchent le secteur du manga, du livre, de l’artbook. Ici, c’est le second cas qui nous intéresse, avec Les Mémoires de Final Fantasy 7, un ouvrage de référence édité chez Third Editions.
Vous aimez Final Fantasy ? Vous portez le septième opus dans votre cœur ? Alors stop, arrêtez tout ! Car Les Mémoires de Final Fantasy 7 est certainement l’une des plus grosses sorties de cette année 2019, côté livres consacrés à l’industrie vidéoludique. Le concept est simple : Matt Leone, journaliste et chef de rubrique sur le site Polygon, a pu rencontré toute une galerie de personnes qui ont participé, de près ou de loin, à la production de FF 7. Du coup, l’ouvrage qu’on tient religieusement entre nos mains (on reviendra plus bas sur la qualité de cet écrin) est un exercice d’équilibriste, une sorte d’interview croisée et géante, autour de la conception de l’un des plus grands softs de tous les temps. Il fallait être sacrément costaud pour lui donner une forme satisfaisante, tenter de rapprocher les uns et les autres alors qu’ils n’étaient pas en interview au même moment, et c’est là une première satisfaction.
Car Les Mémoires de Final Fantasy 7 est un bonheur de tous les instants. Du premier de ceux-ci, avec la découverte d’une forme exemplairement maitrisée, à la toute fin. Six grands chapitres (Préface, Prologue, Origines, Le jeu, Suites, Épilogue, Mots de la fin), auxquels viennent s’ajouter Biographies et Index. Difficile de faire plus précis, et ces grandes parties sont habitées de sous-parties. Cette organisation idéale sert évidemment la matière première du bouquin : les différents témoignages, qui s’enchainent tels les répliques d’un scénario haletant. Trente-sept personnalités ont ouvert leurs réminiscences à Matt Leone, ce n’est pas rien. De Shuhei Yoshida à Yoshinori Kitase, ils sont presque tous là. Seul manque à l’appel, Hisaki Suzuki, président de Square en 2001, lequel a décliné les demandes d’interviews de l’auteur. Une absence loin d’être ressentie comme décisive, tant le casting des intervenants est imposant. Pour citer les plus connus : Hironobu Sakaguchi (qui signe aussi la préface), Nobuo Uematsu, Yoshitaka Amano, Tetsuya Nomura, Yoichi Wada. Du témoignage de premier ordre donc, et beaucoup de confidences éclairantes.
Matt Leone se sort indemne de tous les pièges tendus
Bien entendu, Les Mémoires de Final Fantasy 7 est le genre d’ouvrage qui demande, parfois, de lire entre les lignes. Cependant, on a été assez surpris par la relative absence de langue de bois. Si Hironobu Sakaguchi l’utilise parfois (ah, le passage concernant le divorce avec Nintendo !), il est de suite contrebalancé par une intervention plus incisive, voire même des précisions de l’auteur. On avait un peu peur que les anecdotes soient bridées par des contrats de confidentialité, mais on obtient bien notre dose d’informations essentielles. Sans trop en dévoiler, on a particulièrement apprécié le passage concernant les prémices du projet FF 7, de la première version pensée comme une suite directe à FF 6, à la dépense vertigineuse pour acquérir de stations Silicon Graphics. On sent bien que Square connaissait son époque d’or, tout autant financièrement qu’artistiquement. Car l’autre gros morceau, qui transpire de ces pages captivantes, c’est le pouvoir décisionnel de Sakaguchi. Un tel pouvoir, dans l’industrie actuelle, ne pourrait plus s’exercer. D’ailleurs, cela a bien failli coûter la faillite de l’éditeur, alors que le créateur de Final Fantasy s’enfonçait dans la production d’un film qui s’avérera un échec retentissant au box office, au sein de son studio de Honolulu.
Les Mémoires de Final Fantasy 7 aborde tous les sujets, même certains qui ne nous paraissaient pas spécialement importants. Comme les accusations étranges (et venues des États-Unis, ben voyons) de racisme autour du personnage de Barret. Comme quoi, le politiquement correct était déjà à l’œuvre à cette époque. Heureusement, les réseaux sociaux n’existaient pas encore. Bref, Matt Leone nous invite dans tous les recoins de la production, et poursuit le cheminement très loin, jusqu’à l’activité de Mistwalker, studio créé par Hironobu Sakaguchi après son départ de Square. Autre grosse qualité, on sent que l’auteur est motivé par une véritable passion débordante, qui s’exprime dans ce jusqu’au-boutisme des thèmes abordés, mais pas seulement. Ses interventions se font dans une police différenciée, plus imposante, pour ne surtout pas interférer avec les propos des créateurs, véritables stars de l’ouvrages. Pour cela, on l’en remercie, et soulignons que chaque personnalité a droit à sa description dans les biographies de fin de livre.
Enfin, il est impossible de passer à côté du travail de grande qualité effectué par Third Editions (La Saga Legacy of Kain, The Heart of Dead Cells) . L’écrin dans lequel repose Les Mémoires de Final Fantasy 7 est un véritable bonheur de lecteur esthète. L’étui, avec sa forme de découpe qui épouse le « VII » de la couverture, avec son rendu doré, se révèle d’un luxe jouissif. Il suffit de le voir pour avoir envie de plonger dans une lecture compulsive. Le papier, la maquette aérée, tout provoque un confort de lecture saisissant. Notons aussi la présence d’un marque-page sous forme de codebreaker. Car une énigme se cache dans ces pages, et il vous faudra la déchiffrer sans notre aide. On y est parvenu, alors à vous de jouer. Signalons enfin une version First Print (en édition limitée), qui contient aussi trois lithographies, une affiche, le tout reposant dans un coffret avec vernis sélectif. De quoi reposer avec classe sur votre bibliothèque.