Caractéristiques
- Traducteur : Basile Béguerie
- Auteur : Collectif
- Editeur : Bragelonne
- Collection : Pop Culture
- Date de sortie en librairies : 29 janvier 2020
- Format numérique disponible : Non
- Nombre de pages : 256
- Prix : 29,90€
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 9/10 par 1 critique
Tout l’Art de Death Stranding nous en met plein la vue
Si la fin d’année 2019 a été particulièrement agitée côté jeux vidéo, les véritables hits, de ceux qui feront date, sont tout de même restés assez rares. Celui qui a raflé notre voix au Game Of The Year, c’est Death Stranding, le soft de Kojima Productions. Une véritable perle vidéoludique. L’expérience fut et restera marquante pour trois raisons. Tout d’abord, il s’agissait du premier titre réalisé par Hideo Kojima depuis son départ mouvementé de chez Konami. Ensuite, il a inventé un genre à lui tout seul, basé sur un système de quêtes que l’on qualifiera de Fedex, baigné d’un scénario qui justifie tout ça. Enfin, l’univers nous a totalement convaincu, non seulement pour sa propension à l’évolution par l’entraide, mais aussi son design. C’est ce dernier point qui est abordé par l’excellent Tout l’Art de Death Stranding, paru aux éditions Bragelonne.
Non, un univers post-apocalyptique n’est pas aisé à imaginer, surtout quand celui-ci se fonde sur une catastrophe pour le moins originale. Le monde de Death Stranding s’inscrit directement dans nos mémoires, car il ne va pas spécialement là où on l’attend, c’est d’ailleurs la même remarque que l’on pouvait formuler pour le fantastique NieR Automata. Le point commun entre ces deux hits ? Ils sont traversés par une vision d’artiste japonais : Akihiko Yoshida pour NA, et Yoji Shinkawa (Metal Gear Solid, Left Alive) chez DS. Ce n’est pas un hasard si ces deux grands illustrateurs surdoués nous viennent tout droit de cette région du monde, dont on sait qu’elle a malheureusement expérimenté, par deux fois, l’attaque nucléaire. On a tous en tête les régions défigurées de Nagasaki et Hiroshima, alors imaginez au Pays du Soleil Levant…
Yoji Shinkawa, artiste surdoué
Un monde post-apocalyptique certes, mais loin d’être vide, contrairement à ce que certaines critiques (de mauvaise foi) ont pu formuler. Death Stranding, au contraire, c’est la vie qui reprend son inexorable souffle, par le biais de la construction du lien entre des âmes parfois torturée. Le message était bien joli, mais aussi accompagné d’une véritable cascade d’éléments visuels à couper le souffle. Tout l’Art de Death Stranding regroupe les oeuvres préparatoires sous deux grandes parties, Personnages et Lieux (avec plus de pages pour la première que pour la seconde), puis développe ces thèmes de manière ultra complète. Vous aurez tout sous vos yeux ébahis, des premières ébauches à des dessins plus définitifs. Et vous découvrirez, sans nul doute, à quel point ce genre de production ne laisse rien au hasard. Par exemple, la double page 116-117 est consacrée… aux crabes échoués. Ces animaux ont fait l’objet de pas mal de recherches, d’essais, et ils sont tous rassemblés ici.
On sort de Tout l’Art de Death Stranding avec plusieurs bonnes sensations. Tout d’abord, on a encore appris pas mal de choses, concernant la méthodologie de Yoji Shinkawa, qui passe décidément par beaucoup de phases, parfois déjà très séduisantes, avant de trouver l’alchimie. C’est un besogneux acharné. Ensuite, il n’est décidément jamais meilleur que quand la mécanique, la technologie, fait son apparition. Là, on tombe encore plus en admiration pour son sens du détail, bien soutenu par l’utilisation de concepts qui nous ont carrément fait tomber à le renverse. Sa vision des éléments de la Première Guerre Mondiale s’avère sidérante. Pour finir, la qualité du contenu, très axé sur la contemplation (peu de textes, mais parfaitement traduits en français par Basile Béguerie), se révèle idéalement soutenu par une édition au top. Bragelonne est à féliciter, c’est du travail de grande qualité formelle.